samedi 12 décembre 2009

j’ai des nègres

Cette pénurie de boudin – créole comme il se doit – de l'autre jour doit évidemment quelque chose à ma créolité délavée (et même à mon picardisme oublié, mon artésianité méconnue). Hier en voiture (ou avant-hier ?) j’écoutais avec envie Jacques Schwarz-Bart, le fils de Simone et d’André, affirmer sa capacité à assumer dans son entier chacun de ses deux héritages. A grandir dans des lieux sans nom on la perd sans doute au moins en partie, cette capacité. C’est juste un constat, je n’ai pas la fibre identitaire, malgré l’« actualité », je ne suis pas du genre à m’encombrer d’un lourd bagage – mais quand même. Toujours un peu d’envie à voir ces gens capables de vous montrer un point sur la carte et de dire : c’est de là que je viens (souvenir notamment de la lecture de Martine Sonnet, et aussi d’une conversation avec Gabriel Bergounioux).
Quelque chose comme une histoire de légitimité. Jamais je n’oserai dire, sans au moins préparer les bémols nécessaires : je suis (ceci ou cela). C’est peut-être pour ça qu’on ne se sent pas un. (Déjà en classe : pas fichu de savoir quel bac passer avant la terminale déjà bien avancée, ni de savoir quelle sera la première langue ; puis de savoir quelles études faire, au point de se retrouver – si vous en connaissez d’autres avertissez-moi, on ouvrira un club – titulaire du Capes avant la licence, de l’agrégation avant la maîtrise.) C’est peut-être pour ça que les livres assument une apparence de surface si disparate. « Parce que j’ai des nègres – entre autres – dans mes ancêtres » en réponse n’est peut-être pas qu’une boutade. C’est peut-être pour ça que Liquide est liquide – j’en profite pour rassurer certains lecteurs, il y en a eu quelques-uns quand même : rien de ce qui y est raconté ne m’est arrivé (ouf ! d’ailleurs), sauf, très métaphoriquement, cette absence d’un point d’ancrage. M’en voici un, désormais : ce nom que j’ai tant de mal à reconnaître sur la couverture. Je suis donc écrivain. Et je suis professeur aussi, tiens. Deux c’est mieux qu’un. (D’où ce même nom sous la couverture.)



Commentaires

Heureusement qu'on ne se sent pas un, même si parfois ça peut être dangereux !
Commentaire n°1 posté par dominique boudou le 12/12/2009 à 18h39
Et à trop se sentir un, on court - voire on cause - peut-être d'autres dangers.
Réponse de PhA le 12/12/2009 à 19h24
"Cette pénurie de boudins", mon pauvre Philippe, vous voici fiché chez les "Chiennes de garde" ou "Ni ceci Ni cela". Adieu la quiétude...
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 12/12/2009 à 18h54
Ouh l'affreux qui glisse un s perfide dans mon innocent billet !
Réponse de PhA le 12/12/2009 à 19h30
Ah bon? ... (innocent) ... Ah bon? Oh eh bien en ce cas veuillez me pardonner...
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 12/12/2009 à 19h38
Si "Deux c'est mieux qu'un" pourquoi pas de pseudonyme alors ?
Commentaire n°4 posté par Chr.Borhen le 13/12/2009 à 16h59
L'idée m'a traversé. Mais prendre des pseudos, même plusieurs, c'est encore nommer. Sans doute ai-je trop lu l'Innommable. (J'ai vraiment beaucoup lu l'Innommable.)
Réponse de PhA le 13/12/2009 à 20h48
Même question que Borhen.
Commentaire n°5 posté par Anna de Sandre le 13/12/2009 à 17h13
Copieuse !
Réponse de PhA le 13/12/2009 à 20h49
bon, j'ai commandé Liquide... mais le manuel de dictées euh j'attendrai la rentrée...
Commentaire n°6 posté par Juliette Mézenc le 15/12/2009 à 13h27
Merci Juliette, mais vous ratez mon best-seller, définitivement épuisé d'ailleurs après la 4e ou 5e réédition (je ne les compte plus) ! Face à l'orthographe, la littérature fait-elle le poids ?
Réponse de PhA le 15/12/2009 à 13h56
je suis KO, moi qui jubilais déjà à l'idée d'offrir votre best-seller à mon grand de bientôt 15 ans pour son anniversaire, va falloir que je trouve autre chose...
Commentaire n°7 posté par Juliette Mézenc le 15/12/2009 à 15h15
Le pauvre ! Comme il va être déçu !
Réponse de PhA le 15/12/2009 à 15h23
vous n'y pensez pas, je ne lui avais rien promis (fine mouche la mère, et de la bouteille surtout), ce genre de fausse joie, à 15 ans, ça vous flingue un môme !
Commentaire n°8 posté par Juliette Mézenc le 15/12/2009 à 15h31

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