mardi 29 septembre 2009

éloge du bavardage

Je suis un écrivain qui lit beaucoup ! Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Marc Pautrel ; et ça me fait tout drôle (et plaisir aussi bien sûr, mais tout drôle quand même), pas seulement de me retrouver carrément aux côtés de Claro et de François Bon, mais aussi parce que, je dois le confesser, ça n’a pas toujours été le cas. Il y a eu une longue période où, après avoir lu surtout de la science-fiction, après avoir lu surtout des classiques, après avoir lu surtout Beckett, je n’ai plus rien lu du tout. Sauf un peu de zoologie et de botanique. Et de mycologie aussi. (J’en garde encore des traces. Le dipneuste africain et le clitopile petite prune me sont plus familiers que Deleuze et Derrida. Aucun jugement de valeur là-dedans bien sûr, c’est juste comme ça.) Mais ça ne compte pas : je n’étais pas encore « écrivain » (ou plutôt pas officiellement, puisque pas publié, lu juste par moi et… par moi). En revanche, des écrivains qui lisent leurs contemporains, en plus de ceux précités et de Marc lui-même, je ne connais presque que ça ! N’en déplaise à Wrath, puisque c’est ce blog qui a suscité la réaction de Marc. (Je ne le connais pas vraiment, ce blog, mais il doit être forcément très bien : je crois bien que c’est là que j’ai appris que j’étais un mythe ! Le « mythe du manuscrit envoyé par la poste », paraît-il. Je crois que nous sommes quelques-uns encore, d’ailleurs, quelques mythes à hanter le vaste monde ; ça fait plaisir de le savoir. Quand on se rencontre, on bavarde, comme ça, entre mythes ; c’est chouette.) Cela dit, il reste encore, j’ai plaisir à le dire, quelques personnes qui ne sont pas du tout des écrivains, n’ont aucune ambition ni aucun intérêt professionnel dans ce domaine, et qui lisent ! Ne me regardez pas avec ces yeux-là ; je le sais, j’en ai rencontré, en chair et en os ! Il y en a aussi que l’on n’a pas rencontré dans la vraie vie, mais simplement par leurs commentaires sur les blogs, ces commentaires que je vois volontiers comme un espace de bavardage, pour reprendre l’expression de Sébastien Smirou, où hélas l’impénitent bavard n’a pas toujours assez le temps d’aller bavarder. Car enfin, si j’ai eu le bonheur de rappeler Pierre Bettencourt à la mémoire de Marc et de quelques autres, c’est tout bonnement (comme disait ma grand-mère) grâce à l’espace commentaires de ces Hublots. Ne rendons pas à César ce qui est à Depluloin (qui n’a pas de blog, donc pas de lien, mais que tout le monde connaît déjà). Merci à lui.


Commentaires

Depluloin... comme Depluloin? Mais je ne vais plus savoir où me mettre! Naguère j'aurais dit : Oh ben ça! Oh ben ça! Mais à partir d'aujourd'hui je dois tenir mon nouveau rang et tourner mes phrases. (Bettencourt, après ce que je vous en ai dit!)
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 29/09/2009 à 10h38
C'est sûr, maintenant faut assumer !
Commentaire n°2 posté par PhA le 29/09/2009 à 10h44
C'est bien ce qui m'inquiète : je ne peux plus reculer.
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 29/09/2009 à 13h10
Franchement, je suis sans doute mal lunée (faut dire que j'essaie d'arrêter de fumer en ce moment, ça doit influencer mon grrgnonggrrr) mais je ne trouve pas pourquoi comment et par quel mystère on peut aller re-lire wrath (je veux dire après y être allé la première fois).  Une fois qu'on a saisi sa mécanique, bon. C'est comme aller vérifier qu'un métronome fait clac ou surveiller un boulier dans l'espoir qu'il se transforme en lampadaire, non ? :-)
Commentaire n°4 posté par cjeanney le 29/09/2009 à 13h35
Je ne connais pas vraiment ce blog mais c'est vrai qu'on comprend vite à quoi on a affaire. (Cela dit, il est humain - même si parfois peut-être un peu pathologique, je vous l'accorde -, de vérifier qu'un métronome fait clac.)
Commentaire n°5 posté par PhA le 29/09/2009 à 14h14
ou clic (luttons contre l'exclusion des métronomes qui font clic et qui sont des êtres humains comme les autres, au fond)
Commentaire n°6 posté par cjeanney le 29/09/2009 à 17h06
Vous avez raison. Bon courage pour votre défi atmosphérique !
Commentaire n°7 posté par PhA le 29/09/2009 à 17h26
Bon, je lis, j'écris, ce n'est pas ma profession, je n'ai pas de blog (enfin sous cette appellation) je n'ai pas envie de (me faire) publier aujourd'hui, peut-être ou alors demain, j'ai envoyé des manuscrits par la poste, ils ne me sont jamais revenus, j'ai reçu des lettres type et puis j'ai continué à écrire, mettre des actes en mots, c'est peut-être mieux que les commettre me disais-je, et puis voilà que j'écris ce commentaire. La vie est pleine de surprises.
Commentaire n°8 posté par PdB le 29/09/2009 à 23h51
Puisque tout le monde parle de soi ici, moi aussi, je voudrais dire que je suis une grande lectrice (1,74m quand même!)
Commentaire n°9 posté par tor-ups le 30/09/2009 à 09h34
Et moi aussi, j'ai été publiée par la poste!
Commentaire n°10 posté par tor-ups le 30/09/2009 à 09h34
Et je ne compte même plus les lectures (notamment ci-contre) que je vous dois, grande Madame Tor-Ups ! (Voilà à propos de quoi, entre autres, nous bavardons, nous autres mythes.)
Commentaire n°11 posté par PhA le 30/09/2009 à 10h35
Eh oui Madame Grand Tor-Ups, c'est ainsi et cela prouve s'il en était besoin que les postiers sont des hommes de lettres (pardon). Et je m'étonne de l'absence de commentaires de votre part sur ce gros plan de ma bouche qui prend cette forme délicate dès que je parle de moi.
Commentaire n°12 posté par Depluloin le 30/09/2009 à 11h07
Pha est un malin, il a mis cette photo de votre bouche pour attirer les amateurs de champignons et booster la fréquentation de son blog.
Commentaire n°13 posté par tor-ups le 30/09/2009 à 11h12
Oooooooooh!! Allez, je ne suis pas méchant, je vous prête mon rouge à lèvres.
Commentaire n°14 posté par Depluloin le 30/09/2009 à 11h46
Ah! C'est là que vous étiez cachez aujourd'hui Depluloin ! Cependant que je vous attendais bêtement chez Madame Tor-Ups.
Une fois de plus Monsieur Depluloin se laisse féliciter et congratuler ! Mais il cache son jeu, messieurs, mesdames! Car contrairement à ce qu'il a fait croire dans je ne sais quel savant grattement de gorge à Monsieur Pha, Monsieur Depluloin écrit lui aussi! Et pas qu'à la Poste!
Mais tout cela est une longue histoire d'avant le temps des blogs...
Par contre moi, je n'écris pas ! Authentique ! D'ailleurs je suis une souris.
Bien le bonsoir chez vous Monsieur Pha et attention ! Monsieur Tchin erre tout nu dans la blogosphère. Il faudrait prévoir des habits car la nuit tombe. Et à cette saison, il fait froid le soir.
Commentaire n°15 posté par Souricette le 30/09/2009 à 19h57
Vous faites bien de me mettre en garde, chère Souricette ; je trouvais bien aussi que Monsieur Depluloin avait la plume alerte.
Commentaire n°16 posté par PhA le 30/09/2009 à 20h51
N'a-t-il que la plume, alerte ... ?
Commentaire n°17 posté par Pascale le 02/10/2009 à 19h12

lundi 28 septembre 2009

un penchant coupable pour l’oryctérope et pour le pangolin


Drôle d’impression, à y repenser, que le souvenir de ces deux couvertures jumelles pour des livres qui n’ont sans doute rien en commun. On en a rêvé tout gamin, pourtant, de ces couvertures prestigieuses, et l’on regardait de haut (de sa hauteur d’auteur qui ne croyait pas l’être) les couvertures illustrées qui donnent à une bibliographie des allures criardes de perroquets en volière. C’est vrai qu’un éditeur a besoin d’un visuel (c’est comme ça qu’on dit ?) pour incarner son identité. Le sens de son travail. L’identité éditoriale, c’est  quelque chose qui me parle d’autant plus que c’est assez souvent l’un des critères qui président à mes choix de lecture. Encore faut-il que cette identité existe – encore. Certaines de ces vieilles couvertures ont perdu de leur sens. Gare aux mythes comme aux mites. On trouve parfois là-dessous à peu près tout et n’importe quoi. Ou bien il n’en reste plus qu’un cadre frileux dont surtout il ne faudrait pas sortir. « Dans ce cadre-là, on fait du qui-raconte. » (Surtout.) (Et encore, du qui-raconte pour Pierre, Paul et Bernadette dont, paraît-il, on connaît les attentes.) « Dans celui-ci (mais alors, tout petit petit), de la poésie. » Etc. Hors de ces cadres commence l’inconfort. Ce n’est pas le grand admirateur de Linné (il a sa rue dans Liquide) que je suis qui va nier la pertinence de toute tentative de classification ; mais enfin, ce qu’il y a de beau là-dedans, zoologie ou littérature, c’est quand même bien d’arriver là où la classification devient impossible ou presque, non ? Ce que j’aime, moi, c’est que chaque texte édicte ses propres règles, son propre art poétique, soit la matrice de son propre genre – dont il sera aussi le terme. (Avec, je le confesse, un penchant coupable pour  l’oryctérope et pour le pangolin. Mais je ne crache pas non plus sur le tupaye, le daman et le galéopithèque.)
Au fond, il n’y a rien de bien original ni de très révolutionnaire là-dedans. Ma culture classique n’est pas immense, mais j’ai tout de même lu un peu ; et somme toute, est-ce que – pour tout ce qui compte encore – ça n’a pas toujours été ainsi ?
(Alors finalement, une couverture par livre, ce n’est pas mal non plus.)
 

dimanche 27 septembre 2009

pourquoi

Pourquoi, sans rien derrière, c’est le premier livre, tout petit, de Pascale Arguedas, tout petit car plein de silence. Celui d’un adolescent, celui d’un vieil homme. Celui de la mémoire. Il vaut mieux n’en rien dire de peur d’en dire trop – et d’ailleurs si je recommande la lecture de ces quelques pages j’assortis mon conseil d’éviter ce geste trop automatique : le livre à l’envers lire en premier lieu la quatrième de couverture, qui a peut-être ce tort à mes yeux. Laissons résonner le silence après la dernière phrase. Et ce Pourquoi, c’est aussi l’occasion de découvrir un nouvel éditeur, l’Alphabet de l’Espace, chez qui Pascale est déjà en belle compagnie.


Commentaires

Je vois qu'on bichonne sa collection, c'est bien. Si un jour je suis publié, je change de prénom; faut savoir jouer des coudes!
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 27/09/2009 à 16h32
Merci Philippe, tu lis pendant que je bricole, chacun son rôle!

En rentrant, une note, que je t'offre :
Suite à un incendie (et non un incident) informatique, les caisses ne prennent plus les cartes, merci de prévoir du liquide pour réduire le temps d’attente, annonce une voix affolée à Castorama. Une autre, calme, derrière moi : Et si j’accouche ici, aurais-je un bon d’achat à vie ? Je me retourne, lui souris, propose : peut-être devriez-vous accoucher en avion, le bricolage c'est au début, le voyage…
Commentaire n°2 posté par Pascale le 27/09/2009 à 18h49
Je vais définitivement passer pour un fétichiste du nom, moi qui ai précisément tant de mal avec les noms.
Commentaire n°3 posté par PhA le 27/09/2009 à 18h50
Tiens ! Nous nous sommes croisés sans nous voir ! (Heureusement que toi, tu ne lis pas seulement quand moi, je bricole...) (Mais elle avait raison, cette voix affolée : il faut toujours prévoir du Liquide... pour alimenter les incendies informatiques !)
Commentaire n°4 posté par PhA le 27/09/2009 à 18h55
C'était fort drôle car oui, je suis déformée, et pensais à quelque auteur "Liquide"... Je rentre et je lis chez toi ; m'en faut pas plus pour sourire (et merci, superbe ton petit cadeau : "Petit livre plein de silence").

Depluloin va peut-être faire une allusion à Pascale Petit, puisqu'il est des mots qui s'entremêlent dans nos inconscients. Je le vois en relisant "petit livre..." et c'est un maître de la folie douce...
Commentaire n°5 posté par Pascale le 27/09/2009 à 19h17

samedi 26 septembre 2009

étrange nouvelle

Des deux poulains de l’écurie du Seuil pour la rentrée 2001, tout encadrés de rouge avec leurs yeux pour bandeau, j’apprends que la belle a succombé à une blessure que j’imagine ancienne – quant au bête il y a longtemps qu’il est retourné à l’état sauvage.


Commentaires

Bravo! (et aussi pour cette bibliographie qui présente tout de même l'inconvénient du choix et empêche toute excuse du style "comme c'est idiot, ce titre m'avait échappé"). Vous aviez raison : à la vitesse où je lis, 2010 n'est pas si loin...
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 26/09/2009 à 10h30
Je ne connais pas ses textes. Le meurtre de soi est toujours stupéfiant pour ceux qui restent.
(Les éditeurs sont vraiment casse-couettes avec ces photos d'écrivains sur les couv.)
Commentaire n°2 posté par Anna de Sandre le 26/09/2009 à 10h33
@ Depluloin : Mais je n'y suis pour rien ! Vous allez me faire soupçonner par la police canadienne !
@ Anna : En fait, je ne l'ai pas lue non plus, pour toutes sortes de raisons, dont la plus avouable est que j'étais, à ce moment-là, à peu près incapable de toute lecture. (A ce propos, votre précédente incarnation est désormais immortalisée malgré vous, par une expression idiomatique dont je n'approuve pas la crudité (que vous voudrez bien me pardonner), mais qui s'est néanmoins glissée sous ma plume lors d'une récente épitaphe, bien moins tragique heureusement que celle d'aujourd'hui.) Oui, ces photos, c'est assez ridicule, même si la mienne, par un heureux hasard, tombait assez en accord avec le titre (que je regrette amèrement, par ailleurs). Enfin, il est clair que la bobine de l'écrivain, ça fait partie du marketing, hélas.
Commentaire n°3 posté par PhA le 26/09/2009 à 10h49
Allons, allons! Chacun sait qu'un seul de vos regards peut tordre une petite cuillère aussi bien qu'un cœur outre-atlantiquien (?).
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 26/09/2009 à 11h24
Un seul de mes regards... mais de quel oeil ?
Commentaire n°5 posté par PhA le 26/09/2009 à 14h42
Philippe, votre habileté à manier le "lien" est digne du divin marquis. Et quel plaisir en effet! (Et bientôt je vais me prendre pour une sorte de Tarzan sautant de liane en liane...)
Commentaire n°6 posté par Depluloin le 26/09/2009 à 16h54
De quelle expression idiomatique parlez-vous ? J'avoue ne pas avoir compris votre parenthèse, ne sachant pas de quoi (ou sur quel  blog ?) il retourne.
Commentaire n°7 posté par Anna de Sandre le 26/09/2009 à 20h57
C'est dans le blues de Couperin, quelques étages en-dessous.
Commentaire n°8 posté par PhA le 26/09/2009 à 21h23
Il croit pouvoir s'échapper mais nous le tenons par son piano droit - et Couperin. Croyez-moi, il nous reviendrat, roide, cambré sur son piano droit. Sinon foutez-lui la paix.
Commentaire n°9 posté par Depluloin le 27/09/2009 à 01h45
Je voulais dire : Oh l'ortographe!! Mais j'ai plusieurs vies, plusieurs siècles...
Commentaire n°10 posté par Depluloin le 27/09/2009 à 01h51
Les yeux de l'une ont disparu, les yeux de l'autres sont des hublots : liquide effaceur, la vie.
Commentaire n°11 posté par Dominique Hasselmann le 27/09/2009 à 09h39
Quel designer proposera un jour un bandeau sur les yeux des auteurs ?
Commentaire n°12 posté par PhA le 27/09/2009 à 10h29
... le jour où leur nom sera "anonymé" sur la couverture !
Commentaire n°13 posté par Dominique Hasselmann le 27/09/2009 à 10h33
J'en ai souvent rêvé !
Commentaire n°14 posté par PhA le 27/09/2009 à 11h19

mardi 22 septembre 2009

Couperin me flanque le blues

Couperin me flanque le blues aujourd’hui quand je l’écoute jouer par un petit garçon quasi sépia qui vient de tirer sa révérence de blogueur jusque là quotidien ou presque, quotidienne ou presque aussi ma lecture matinale depuis le début de ces Idées heureuses. Bien sûr, même si le projet et les raisons sont tout autres, cet arrêt fait écho pour moi à celui tout récent de Zazieweb. Et il y a eu des précédents récents comme celui de Sébastien Smirou chez qui j’allais aussi assez souvent, avec l’impression de voir ce qu’il voulait dire. Par superstition je ne nommerai pas d’autres blogs qui me sont chers et dont le ralentissement m’inquiète. Chez Didier, je suis allé manifester, tambouriner contre la porte en pure perte, mais c’était surtout par goût du scandale. Car au fond, je le comprends parfaitement. Le blog, et ce qu’il y a autour, prend un temps considérable, surtout pour ceux qui n’en ont pas. D’ailleurs, si j’en tiens un, c’est aussi pour m’empêcher d’avoir le temps d’écrire, en écrivant quand même (c’est un peu long à expliquer pour aujourd’hui). Il arrivera un jour où j’aurai envie de reprendre ce temps, à ce moment-là il faudra bien au moins ralentir les Hublots, voire… Mais pour le moment, égoïstement, les Idées heureuses vont vraiment me manquer. Tiens, coïncidence : le livre que je suis en train de lire, qui traîne un peu par manque de temps justement mais ce n’est pas plus mal – ça fait durer le cauchemar –, c’est là que j’avais trouvé l’idée de sa lecture. On a, pour alimenter ses lectures, besoin d’un réseau d’informateurs, on se le fait petit à petit, ça prend du temps mais ça marche. Si mes lectures actuelles sont beaucoup moins souvent décevantes qu’il y a sept ou huit ans, c’est juste pour ça. Si tout le monde s’arrête (j’allais dire « me lâche »), j’aurai moi-même beaucoup de mal à emmerder Loïs (connaissez-vous cette expression locale et pittoresque qui signifie : « susciter des envies (de lecture, s’entend) difficiles à réprimer » ?). Et puis on va vraiment se sentir tout seul. Car, pour revenir à l’hécatombe, François (M) le disait hier chez François (B), ça ressemble à une épidémie. Mettez vos masques avant d’aller surfer.
Enfin, si c’est pour donner un petit frère à Hoffmann à Tôkyô et à Treize mille jours moins un, ça vaut quand même la peine que les Idées heureuses s’arrêtent. Qui les lira ne saurait en douter. Le blogueur, en tout cas celui-là, est aussi un écrivain.


Commentaires

Oui, toujours dommage de voir un jardin se fermer, de ne plus pouvoir déambuler dans ses allées à loisir. Donc vous au moins Philippe, continuez les portes ouvertes siouplait
Commentaire n°1 posté par cecile portier le 22/09/2009 à 10h38
D'accord mais alors vous aussi, Cécile !
Commentaire n°2 posté par PhA le 22/09/2009 à 10h50
J'aimerais revenir sur Zazieweb et mon commentaire d'une limpidité confondante - n'est-ce pas Pascale? Bien sûr que ce site jouait un rôle de premier plan, même si j'y allais rarement. Ce que je voulais dire au sujet des blogs littéraires en général, et je parle en tant que lecteur asséché de longue date, c'est qu'il ne suffit pas de parler d'un livre que l'on a aimé, encore faut-il en parler avec cette sorte de grâce, de légèreté, de passion et de pudeur mêlées. Peut-être faut-il être écrivain? Je visite souvent certains blogs d'une tenue, d'une érudition, d'une élégance très plaisantes, vraiment, mais qui ne possèdent pas cette grâce. Pastel cruel est (était) de ces rares blogs "gratuits" qui font renaître la passion de lire. Donc oui, gare à l'éidémie!
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 22/09/2009 à 12h54
Merci Philippe, c'est trop gentil ! (Tous ces témoignages de sympathie, c'est comme d'assister à son propre enterrement en mieux.)
Faut pas croire, moi aussi ça va me manquer - même si pour l'instant, je dois l'avouer, je ressens surtout du soulagement, quelque chose de très joyeux. Enfin libre !
Libre de squatter les zones de commentaire des Hublots, par exemple.
(Le livre, ce ne serait pas Épépé ?)
Commentaire n°4 posté par Didier da le 22/09/2009 à 13h37
Je comprends parfaitement ton allégresse, Didier ; mais tu sais que tu as intérêt à bien employer ta liberté, autrement dit à la sacrifier illico à un projet qui l'anéantira complètement, fera de nous des lecteurs heureux, et te donnera la nostalgie des Idées heureuses, finalement ce n'était pas vraiment les galères, plutôt du pédalo.
(Et tu as bien deviné : c'est Epépé, c'est pour moi et je t'en remercie ! J'en dirai sûrement un mot bientôt, si je trouve le temps, et si Overblog veut bien me laisser accéder à mon admistration : voilà deux heures qu'on me dit que mon navigateur n'acceptant pas les cookies, patati patata, alors que je n'ai rien changé du tout. C'est sûrement ta faute !)
Commentaire n°5 posté par PhA le 22/09/2009 à 14h05
Sois content, le sacrifice a commencé ce matin à cinq heures. Mais en fait je ne sacrifie rien ; écrire c'est plutôt exercer sa liberté, non ? Lui dire deux mots entre quatre yeux, à l'abri des regards, et plus si affinités. En espérant que plus ou moins neuf mois plus tard...
Commentaire n°6 posté par Didier da le 22/09/2009 à 14h14
Ah, et moi aussi j'aime beaucoup Punch-Drunk Love !
Commentaire n°7 posté par Didier da le 22/09/2009 à 14h17
Voilà ! ça, c'est une bonne nouvelle. Allez, ne traîne pas donc pas sur Internet, au boulot !
Commentaire n°8 posté par PhA le 22/09/2009 à 14h18
Mais c'est que j'ai fini ma journée, moi monsieur. Midi passé je ne suis plus bon à rien.
Commentaire n°9 posté par Didier da le 22/09/2009 à 14h20
Bonne sieste, alors !
Commentaire n°10 posté par PhA le 22/09/2009 à 14h23
@Depluloin: vous êtes en effet clair comme de l'eau de source. Et oui, c'est drôlement plus agréable et moins astreignant d'aller butiner de belles fleurs, que de se fatiguer à en être une...
Commentaire n°11 posté par Lapoulette le 22/09/2009 à 18h40
@ Lapoulette : Mais je suis une belle fleur et ça ne me fatigue pas du tout! ("Lapoulette" parce native de l'Ile aux Poules?) Et ne voyez-vous pas que nous sommes en plein deuil?! Respectez nos chagrins allons!
Commentaire n°12 posté par Depluloin le 22/09/2009 à 19h00
Si je voyais votre binette je vous dirais si vous êtes une belle fleur! Quant au deuil, je le refuse, je souhaite "tout le bonheur du monde" à Didier Da Silva qui va retrouver le temps d'écrire pour lui, le temps de vivre enfin soulagé d'un poids en moins, celui de gérer son blog au quotidien, même s'il éprouvait un vif plaisir qui au fil du temps s'amenuise. Arrive un moment ou le "deuil" est renaissance et cela me semble être son cas. Hauts les cœurs les pleureuses ! Entonnons pour lui un chant de joie ! Cessez cet égoïsme, voyons !
Commentaire n°13 posté par Lapoulette le 22/09/2009 à 19h11
Allons, allons, c'est l'heure de l'apéro sur Tor-Ups! Vous verrez que l'on s'y réjouit. (Quand à Didier da, il se prépare avec un sérieux dont beaucoup devrait s'inspirer : je l'ai surpris sur nombre de blogs, ici commentant une recette de cuisine, là donnant son avis sur la taille des rosiers... Il se détend, faites-en de même!)
Commentaire n°14 posté par Depluloin le 22/09/2009 à 19h28
Il a raison de faire comme vous et ne vous inquiétez pas pour moi, je suis détendue, rarement sur la toile il est vrai - car pour cela il faut avoir du temps que vous semblez largement possédez, heureux Depluloin, combien je vous envie! Profitez!
Commentaire n°15 posté par Lapoulette le 22/09/2009 à 23h38
Mon enfant,
Vous n'avez pas saisi. Nous sommes des professionels. Le blog entier se lamente. Mais nous, nous connaissons la bête. Nous ne pleurnichons point. Nous sommes des guerriers. Une de mes équipes est déjà sur place. La suite demain. (Ou sur...)
Commentaire n°16 posté par Depluloin le 23/09/2009 à 00h59
Arrivant un peu tard, je ne dirai rien, sinon que Depluloin, une fois de plus, est parvenu à me faire rire (belle prouesse), en écrivant "(Quand à Didier da, il se prépare avec un sérieux dont beaucoup devrait s'inspirer : je l'ai surpris sur nombre de blogs, ici commentant une recette de cuisine, là donnant son avis sur la taille des rosiers... Il se détend, faites-en de même!)"
Commentaire n°17 posté par François Matton le 23/09/2009 à 21h00
En quelques mots, voilà une bien belle définition de ce qui m'attire tant dans l'écriture blog : "c’est aussi pour m’empêcher d’avoir le temps d’écrire, en écrivant quand même." C'est très juste...
Commentaire n°18 posté par P.M. le 25/09/2009 à 15h58
Oui, la contradiction intérieure est un merveilleux moteur !
Commentaire n°19 posté par PhA le 25/09/2009 à 17h50
Ca alors ! J'avais lu cet article et manqué le passage avec cette belle expression (j'adore).
Ce devait être une lecture tôt le matin ou tard le soir pour avoir sauté cette ligne.
Commentaire n°20 posté par Anna de Sandre le 26/09/2009 à 22h41
(Désolé pour Anna, ça sonne mieux avec Loïs !)
Commentaire n°21 posté par PhA le 26/09/2009 à 23h06
Voui, je confirme.
Commentaire n°22 posté par Anna de Sandre le 27/09/2009 à 07h40

samedi 19 septembre 2009

« Zazieweb va donc s’arrêter pour une durée indéterminée. »

  Il y a dans le paysage quotidien de beaux édifices que l’on visite souvent, ou devant lesquels on se contente de passer en levant un regard curieux. Tout le monde les connaît. Quand ils ont atteint un âge vénérable on les croit éternels, refusant de savoir que parfois ils reposent sur la volonté d’un(e) seul(e). Et quand ils ferment – bien sûr on espère que ce sera momentané –, mais ça fait une drôle d’impression, désagréable, comme un symptôme.

Commentaires

Il faut alerter la communauté littéraire du web. La décision de suspendre le site, Isabelle ne l'a prise que contrainte et forcée par une somme de frustrations récurrentes. par l'inertie de ceux qui pourraient mais ne veulent pas.
Une bien triste annonce pour tous ceux pour qui le zazieweb constituait, au-delà d'une référence en matière de littérature (au sens large), un rendez-vous quotidien amical et érudit avec les mots et avec ceux qui les font.
Commentaire n°1 posté par pascale le 20/09/2009 à 10h18
On s'y emploie (Francois Bon et bien d'autres) tout en espérant que ce sera qu'une pause
Commentaire n°2 posté par PCH le 20/09/2009 à 16h38
Bien sûr que c'est regrettable et autant je comprends qu'elle arrête autant je suis convaincue qu'elle ne reprendra pas en l'état car elle a prouvé à la communauté littéraire que pendant 13 ans et sans un sou elle y est arrivée, seule. Chacun s'y est habitué, a trouvé ça génial, sans se poser de question sur le fonctionnement. J'ai appris une chose dans mon septennat internautique, c'est rentré dans les mentalités : le NET, c'est GRATUIT. Si ça devient payant, tout le monde fout le camp. Les condoléances vont pleuvoir et je serais la plus heureuse de voir que les aides (techniques et financières) pleuvront aussi, mais je n'y crois pas une seconde. Travailler en littérature c'est libre et passionnel donc non rémunéré, voilà un slogan qui EST loi. Ainsi va le monde...
Commentaire n°3 posté par Pascale le 20/09/2009 à 17h46
Les bases de discussion ne sont pas saines : la gratuité, tout le monde sait qu'elle coûte à tous quelque chose (voyez vos impôts locaux si vous vivez à Paris, et comprenez la nuit blanche et Paris Plage) : voyez l'ouverture des musées et l'étendue de la propagation de cette entrée gratuite aux classes laborieuses (dangereuses) : un quart de point : c'est mieux que rien, certes, mais est-ce justifié ? On sait bien  que l'accès à l'Internet n'est pas (n'a jamais été) gratuit et que c'est juste un fantasme (regardez l'hadopi dans le fond des yeux et les tenants de cette nouvelle autorité) : votre appareil, votre modem, votre connexion, vos logiciels, votre temps, votre lieu de consultation, rien de tout ça n'est "gratuit". Personne n'est dupe : ce n'est pas ici que se joue ce jeu (je veux dire Zazieweb), mais plus dans l'interconnaissance, le soutient à la médiation de ceux que nous (vous) élisons (élisez), et que nous poussons à vouloir sauver/aider de telles initiatives. Il est certain qu'en regardant ce type d'exaction comme une loi, les bras en vont tomber : qu'en sera-t-il ? Rien. Ce n'en est pas une (de loi) et il nous appartient de nous mobiliser.
Commentaire n°4 posté par PCH le 20/09/2009 à 18h11
Mobilisez-vous, moi ça fait 7 ans que je me bats et je plie aussi boutique. Je n'y crois plus (la solidarité sur le net c'est du blabla, hélas) et je suis épuisée de donner et me battre pour les autres. Ou alors faut être rentier ou à la retraite sans avoir à compter ce qu'on met dans le caddye pour pouvoir continuer.
Commentaire n°5 posté par Pascale le 20/09/2009 à 18h17
Moi, ce que je dis toujours : fallait pas perdre la guerre! Nous payons, enfin vous payez. Et je suis assez heureux de ce désarroi - sauf à éviter le cynisme et espérer que Zazie reprenne le combat. Si tant est qu'il s'agisse d'un combat. Nous sommes contre le mur du réel et il est solide.
Vous êtes des enfants gâtés : moi-même, avant de découvrir ce blog et certains autres, j'ignorais qu'il restait de l'espoir, que, bénie soit la blogosphère, il pouvait exister des rencontres - littéraires, poétiques, philosophiques (voir mon discours). Donc.
Donc, mettez-vous au travail, paresseuses!! de suite!!
Commentaire n°6 posté par Depluloin le 21/09/2009 à 01h04
@ PCH : Oui, nous méfions de la gratuité - à raison. Mon commentaire voulait rendre hommage aux blogueurs qui ne se posent plus la question. C'est d'autant plus sincère que je n'en "possède" pas la queue d'un. Raison de plus pour défendre ceux qui existent - même si certains sont d'humeur capricieuse. (Je connais des blogs où l'argent trébuchant sera toujours accepté.)
Commentaire n°7 posté par Depluloin le 21/09/2009 à 02h07
J'éprouve très exactement cette impression cafardeuse, non pour ZazieWeb où je n'allais jamais, mais pour Les Idées heureuses...
Commentaire n°8 posté par François Matton le 21/09/2009 à 09h31
Le réel, Depluloin, c'est que tant qu'il s'agit d'offrir son travail amateur à quelqu'un qui s'occupe d'un site tel que Zazieweb, tout le monde répond présent mais quand il s'agit de prendre les vrais problèmes à bras le corps et de relever le défi communautaire (aide technique et financière pour que l'aventure littéraire perdure) les rats quittent le navire et se croient quittes en adressant des adieux larmoyants, quelle belle jambe ça doit lui faire! S'occuper d'un site pareil génère le travail d'au moins une personne à temps plein, qui ne fait évidemment pas 40h/semaine, mais plutôt 70. Alors le baratin révolutionnaire des gens de bonne intention, c'est gentillet et complètement dépassé, la réalité c'est tout autre chose. Le mécénat, zéro, les subventions, des clopinettes, donc adieu, logique, car où trouver ne serait-ce que le temps de s'en occuper ?
Quant aux blogs récréatifs ils ne jouent pas le même rôle, on y va pour se détendre, s'amuser, et c'est bien qu'ils existent mais ils ne sont pas tournés vers les autres, ou très peu, ils sont très souvent à l'initiative d'auteurs qui parlent de leur travail, ouvertement ou de façon détournée.
Commentaire n°9 posté par Pascale le 21/09/2009 à 10h04
J'allais beaucoup moins sur Zazieweb ces derniers temps ; n'empêche, j'aimais savoir que je pouvais y retourner quand je voulais, que ça continuait. Avec Les idées heureuses, ça me fiche un deuxième coup de blues en trois jours. (Bon, en même temps, c'est vrai que le blog, ça empêche un peu d'écrire (d'écrire un livre, s'entend) - c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles j'en tiens un. Pour Didier, ce sera pour la bonne cause. Il a intérêt : de toutes façons on l'attend à la sortie !)
Commentaire n°10 posté par PhA le 21/09/2009 à 10h11
Je répondais à François.
Bien sûr, Pascale ; les blogs ne jouent pas du tout le même rôle qu'un site comme Zazieweb, ou différemment comme le tien ; surtout le blog d'auteur qui, si ouvert qu'il soit parfois, est un genre autarcique (et l'assume).
Commentaire n°11 posté par PhA le 21/09/2009 à 10h19
 

seins en bleu

Dans mon pays, les poètes sont les seuls à avoir couramment du lait. Des fonctionnaires attitrés vien­nent les traire tous les matins. On leur laisse juste ce qu’il faut pour nourrir leur femme, s’ils en ont une. La mienne avait horreur du mien, elle le trouvait trop salé. Mais là où je me suis moqué d’elle, c’est quand j’ai appris que son pâtissier était justement celui qui se réservait toute ma production. Je croyais la convaincre ainsi. Non, elle a changé de pâtissier. C’est donc moi qui la dégoûte.
Une idée m’est venue. Je viens de me peindre les seins en bleu. Je prends mon bain de soleil sur la terrasse. Elle arrive :
– Qu’est-ce que tu as ?
– Mais rien, dis-je.
– Regarde tes seins.
Je baisse la tête. « Tiens, dis-je, ils sont bleus ! »
– Ô mon chéri, dit-elle. Et la voilà sur moi, qui tète comme un petit veau.
 
Pierre Bettencourt, Histoires à prendre ou à laisser, Lettres vives, 2002.
 
A lire, parmi beaucoup d’autres choses : un bel article du Matricule des Anges, déjà ancien (1997 !), par Eric Naulleau, ainsi que, dans le même numéro, une interview, par Eric Dussert et Eric Naulleau. 




Commentaires

Les seins sont des sortes de hublots : qu'ils soient bleus et masculins m'a fait penser un instant qu'il s'agissait des vôtres.

Mais vous n'avez pas cette impudeur : les horizons marins traversent votre peau sans esclandre sans secousse.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 16/09/2009 à 16h28
Naissance d'un écrivain. De mémoire, fichu désordre, fichu mémoire, lu il y a longtemps dans un texte de P. Bettencourt évoquant son enfance et ses vacances normandes : "... nous allions nous faire traire par les fermières alentour..."
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 16/09/2009 à 16h59
@ DH : (Pour les miens, nul besoin de les peindre...)
@ Depluloin : "... nous allions nous faire traire par les fermières alentour..."C'est quand même beau, les souvenirs d'enfance !
Commentaire n°3 posté par PhA le 16/09/2009 à 17h14
Les souvenirs d'enfance sont transmis d'enfances en enfances; il y a comme un réseau, c'est qu'ils s'organisent ce petits enfoirés.
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 17/09/2009 à 02h39
Sur la photo, il me fait penser à Baptiste soupirant après Garance...
Commentaire n°5 posté par Anna de Sandre le 17/09/2009 à 23h00

lundi 14 septembre 2009

Vie des hauts plateaux (arbitrairement 58)

Pour descendre au fond du lac, je mets mes semelles de plomb. C’est parce que, tout au fond du lac, il y a un temple. Un tunnel, sous la surface du fond, mène dans ce temple. Et voici  que si, par distraction, je retire mes semelles de plomb, mon corps immatériel traverse la roche où le tunnel est creusé, pour remonter jusqu’à l’air libre.

Commentaires

Le rêve éveillé dirigé (RED)
La méthode
Le patient, en état de relaxation alpha, pénètre dans son monde intérieur. Le RED est à la fois une expérience et un mode d'expression. Chaque rêve-éveillé se présente comme une métaphore de la vie du rêveur, avec les désirs, les peurs, les attentes, les ambivalences, les espoirs… qui constituent son quotidien. Par le biais des images la personne remonte à la source de ses émotions et met en évidence ses modes de fonctionnement habituels.
Commentaire n°1 posté par François Matton le 14/09/2009 à 22h34
Figure-toi qu'en composant celui-là (ou plutôt en le copiant sous la dictée des règles hasardeuses que je me suis imposées pour régir à ma place cette Vie des hauts plateaux), j'ai pensé à François Matton.
Commentaire n°2 posté par PhA le 14/09/2009 à 22h40
Je vois que définitivement vous préférez Rimbaud à Lamartine, et je m'en réjouis (comme disent les politiques).
Commentaire n°3 posté par Chr.Borhen le 15/09/2009 à 08h58
!
Commentaire n°4 posté par François Matton le 15/09/2009 à 17h53
 

vendredi 11 septembre 2009

c'est pas du tout ça un raciste

Tout le monde l'a vu et surtout entendu (mais si, quand même, il faut voir ça, les bonnes tapes dans le dos, j'en rougis encore pour ce malheureux alibi, pardon, je veux dire ce malheureux garçon), mais quand même. Apprécions le "prototype", le "c'est pas du tout ça un Arabe" et encore plus le "il en faut toujours un", tout ça bien franchouille, bien rigolard, bien cynique ; on aurait presque pu essayer de faire passer ça pour de l'humour au ixième degré mais, ouf pour nous, on n'est pas pas si malin, on prétend avoir parlé des Auvergnats (sic) ! - et ça c'est un bel aveu quand même.
 
 
 

Commentaires

Moi ce qui me fait mal aux dents, c'est qu'on lui reproche sa remarque raciste mais qu'on trouve normal qu'il en ait expulsé autant, enfants et bébés y compris. Je ne parle même pas des centres de rétention, celui de Cornebarrieu est une honte qui ne s'effacera jamais.
Commentaire n°1 posté par Anna de Sandre le 11/09/2009 à 22h36
Au moins on ne peut pas lui reprocher son manque de cohérence : puisque plus d'un c'est trop, il faut bien expulser les autres. C'est un homme logique.
Commentaire n°2 posté par PhA le 11/09/2009 à 22h48
Et moi qui suis née à Clermont Ferrand, je dois me porter partie civile ?
Commentaire n°3 posté par Frédérique M le 12/09/2009 à 00h42
Ciel ! Une Auvergnate ! J'espère que vous êtes toute seule !
Commentaire n°4 posté par PhA le 12/09/2009 à 08h12
Ben oui, à part mon père, ma mère, mes frères et mes soeurs, ohohoh....
Commentaire n°5 posté par Frédérique M le 12/09/2009 à 10h17
Et elle avoue en plus!! Allez hop les bougnats! pas d'histoires! on grimpe dans l'avion!! ... Plus vite!! ... Non, pas de bagges!!
(On oublie, du moins il peut nous arriver de baisser la garde, et sans l'indispensable piqure de rappel... Je me souviens d'avoir assisté, de loin, à une sorte de banquet du FN, dans une brasserie à choucroute. Je ne pouvais m'empêcher de penser à certaines tablées des années trente en Allemagne. De quoi se priver de dessert et demander l'addition.)
Commentaire n°6 posté par Depluloin le 12/09/2009 à 11h32
Frédérique, vous et les vôtres êtes libres! (la reine vient de nous piquer une de ces colères!) Pour le tampon sur vos épaules, nous sommes navrés nous ne pouvons rien faire. Peut-être la chirurgie?
Commentaire n°7 posté par Depluloin le 12/09/2009 à 13h01
Un tatoueur de talent, aux frais de la princesse... sinon je crée un méga buzz autour de mon auvergnateté.
Commentaire n°8 posté par Frédérique M le 12/09/2009 à 13h28
Frédérique, enfin! Je ne parlais pas des auvergnats mais des ara... mince! ... des prototypes en général!
Commentaire n°9 posté par Depluloin le 12/09/2009 à 14h17
Et les chinois auvergnats (le Monde d'aujourd'hui) on n'en parle pas de ces auvergnats-là!!
(Ph., mon taxi personnel, en qui j'avais pourtant toute confiance, n'a pas trouvé la Ferme du Buisson. En revanche il connaissait tous les bistros de la Marne. Atavisme? Bref, je vais me coucher tard, ça n'est pas mon genre pourtant.)
Commentaire n°10 posté par Depluloin le 12/09/2009 à 22h48
Cher Philippe, je viens de lire votre billet et, pour tout vous dire, je pense que le ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités locales, sauf le respect que je dois à sa fonction, et, accessoirement, passant outre ma bonne éducation, est un con.
Commentaire n°11 posté par Chr.Borhen le 13/09/2009 à 06h57
CF Marie Cosnay son dernier livre paru : Entre chagrin et néant : audiences d'étrangers devant la juge des libertés et de la détention, mai-septembre 2008
Commentaire n°12 posté par ? le 13/09/2009 à 09h46
- Vous coucher tôt, cher Depluloin ? Je n'en doute pas.
- En tout cas, Christophe, dans ce rôle, il est très con-vaincant.
- Qui est ce "?" qui cherche à me culpabiliser en évoquant le seul parmi les quatre ou cinq derniers livres de Marie Cosnay que je n'ai pas lu ?
Commentaire n°13 posté par PhA le 13/09/2009 à 21h40

mardi 8 septembre 2009

belle effraction

  XXXVI
 
 
Au cocktail rouge (un Campari ?) que bran­dit une main anonyme au premier plan, sur l’annulaire de laquelle luit une chevalière, aux ombres basses, vous devinez qu’on est en fin d’après-midi. Juchée sur la chaise de l’arbitre, Aurore domine le court de tennis.
La caméra descend lentement sur ses jambes, qu’elle croise dans un mouvement qui remonte sa mini-jupe blanche plissée. A ses bras et ses cuisses nus bronzés, vous constatez qu’Aurore a grossi. Les derniers rayons du soleil derrière la caméra projettent l’ombre du filmeur sur le corps découvert d’Aurore.
Lorsque son ombre recouvre entièrement son corps, la jeune fille détourne le visage du geste qui vous est devenu familier.
 
XXXVII
 
 
Rêve d’Innsbruck.
Dans une zone aux abords de la frontière autri­chienne, il est impossible de savoir où on est. Les forêts de séquoias sont un nid d’espions. Les agents abandonnent les documents secrets dérobés à l’ad­ministration sur le siège du téléphérique. Un jeune apprenti qui fait la vaisselle dans les cuisines d’un restaurant sert de passeur, une fois son service de nuit achevé.
 
Depuis sa rencontre avec Sabrina, A. redoute parfois de devenir invisible. Aussi transparente que ses incursions mentales demeurent inaudibles, elle surprendra les rendez-vous d’amour et de trahison durant lesquels les amants et les espions, dans les arrière-salles d’hôtels des villages frontaliers, échangent ser­ments, promesses, illusions et secrets. Ce jour­-là, de la surface de la terre et de la vie des hommes, A. aura disparu.
 
Hélène Frappat, Par effraction, Allia, 2009, p. 82-83.
 
Les livres d’Hélène Frappat sont des puzzles dont on n’est pas sûr d’avoir toutes les pièces, et de ce doute naît une histoire. Dans Par effraction, se croisent et se tressent trois fils de nature différente. Une bobine de cinéma amateur et muet, acquise par vous aux Puces de Clignancourt, vous donne à voir la vie d’« Aurore », en témoin forcément extérieur de cette vie fragmentée, bourgeoise et opaque, filmée (trop ?) par un œil invisible. En contrepoint le récit la vie d’A., affligée d’un don funeste qui la condamne à la solitude : elle entre par effraction et sans le vouloir dans la pensée d’autrui. Le troisième fil est celui d’un je en italiques qui note ses rêves. On comprendra le prix du silence, où la vie enfin commence, tard.
 
Je suis bien de l’avis d’Alain Nicolas, et ça m’amuse assez aussi de pouvoir écouter et regarder Hélène Frappat interviewée par un Sylvain Bourmeau invisible.
PS : Et tiens, coïncidence (authentique), je vois à l'instant que Bénédicte Heim aime aussi



Commentaires

Que pensez-vous de l'involontaire (?) jeu de mots figurant sur la couverture - Dieu merci, il y a un t final à Frappat... ?
Commentaire n°1 posté par Chr.Borhen le 09/09/2009 à 10h26
Oui, on peut même voir aussi le nom de l'auteur disséminé dans le titre, bien reconnaissable cependant.
Commentaire n°2 posté par PhA le 09/09/2009 à 13h39
Un personnage son nom... si je comprends bien une cousine du frère de Pierre?
Commentaire n°3 posté par Cécile le 09/09/2009 à 14h16
Lapsus ou clavier insoumis, je voulais écrire sans nom, bien sûr.
Commentaire n°4 posté par Cécile le 09/09/2009 à 14h18
En tout cas un livre pour toi, à coup sûr ! (Je ne prends pas de risques en l'affirmant.)
Commentaire n°5 posté par PhA le 09/09/2009 à 14h41
Il y a un côté très "clé de verre" dans les livres d'Hélène Frappat - fascinant.
Commentaire n°6 posté par tor-ups le 09/09/2009 à 14h54
Quelque chose autour de crimes ou délits inévitables, presque naturels.
Commentaire n°7 posté par PhA le 09/09/2009 à 17h03
Encore un livre qu'il va falloir acheter. Je ne vous félicite pas. (Mais certainement je vous remercierai une fois le livre lu)
Commentaire n°8 posté par cecile portier le 09/09/2009 à 17h38
En fait c'est à une autre Cécile, Cécile, qu'il faut vous en prendre (celle ci-dessus) ; c'est par sa faute que j'ai découvert les livres d'Hélène Frappat. (Voyez comme j'esquive habilement les coups !)
Commentaire n°9 posté par PhA le 09/09/2009 à 17h54
A 14h54, le staff Tor-Ups était censé se trouver en pleine partie de jokari. C'est à se demander... (Et c'est la deuxième fois, mais la bonne celle-ci, que je réclame à mon libraire le livre que je lui ai commandé : Hoffmann à Tôkyô de Philippe Annocque. Reprendre mon autoanalyse à zéro?)
Commentaire n°10 posté par Depluloin le 09/09/2009 à 18h58
C'est vrai, je le confesse : je suis en effet l'auteur des livres de Didier da (et j'en suis fier !). Sachez d'ailleurs qu'auparavant, j'ai aussi commis les pièces de Shakespeare, et même l'Iliade et l'Odyssée, ainsi que tout, absolument tout ce qu'on peut lire un peu partout dans les librairies. Mais en ces temps de rentrée littéraire, je préfère ne pas m'en vanter : ma production est un peu inégale.
Commentaire n°11 posté par PhA le 09/09/2009 à 20h37
Le Bescherelle, c'est vous aussi? Car c'est le best seller de cette semaine, bravo!
Commentaire n°12 posté par cecile portier le 09/09/2009 à 21h08
Pourquoi pas, en effet ; après tout c'est une publication dans mes cordes. (D'ailleurs savez-vous que l'actuel responsable du Bescherelle possède aussi une bien belle plume ?)
Commentaire n°13 posté par PhA le 09/09/2009 à 21h36
Pas seulement en librairie, cher Ph.! Depuis quelque temps, chaque matin, je m'étonne de trouver sur mon bureau une dizaines de pages que je ne me souviens pas avoir écrites la veille - sinon dans les grandes lignes. Merci, continuez ainsi. J'aime beaucoup ce que j'écris. (J'ai aussi une amie, plus toute jeune, mère de famille, une femme bien méritante je vous assure, qui aurait bien besoin de vos service. Mais moi d'abord bien sûr.)
Commentaire n°14 posté par Depluloin le 10/09/2009 à 00h14
Cher Ph., cela m'étonne de vous, mais enfin il était tard. Donc "service" au pluriel. Vous êtes tout pardonné.
Commentaire n°15 posté par Depluloin le 10/09/2009 à 10h06
Je viens de l'acheter. Bien sûr, c'est de votre faute. Ma libraire adore votre bouquin au fait, je l'achèterai le mois prochain.
Commentaire n°16 posté par Anna de Sandre le 12/09/2009 à 19h35
Anna de Sandre, doit-on comprendre que vous achetez Hélène Frappat les yeux fermés mais que vous reportez votre achat de Liquide au mois prochain? Attention, Anna... attention.. je peux vous démasquer à tout moment!!
Commentaire n°17 posté par Depluloin le 12/09/2009 à 22h28
C'est à dire que que Liquide n'était plus en stock cher Depluloin.
J'ai cherché à Depluloin également mais n'ai rien trouvé, comment cela est-il possible ?
Commentaire n°18 posté par Anna de Sandre le 13/09/2009 à 06h56
Je suis bien content, Anna. (En fait nous avons une panne de Liquide...)
Commentaire n°19 posté par PhA le 13/09/2009 à 21h29