mardi 28 décembre 2010

Ne faites le deuil de rien.


  cabane dans un arbre

On est bien chez soi.
J’entre un œil par là. Comme ça. Hmmmm, les bons neurones du héros. Oh c’est pas la première fois que je vois à l’intérieur de moi en couleur.
Pièce ronde.
On est bien installé, maison-hôpital, studio chambre stérile, machines partout. Et tout ça dans une cabane suspendue dans les arbres. Une tour camouflée par le temps. Avec des meurtrières pour surveiller le paysage. Gallo-romain intemporel. Je veux dire du solide, du costaud. Du moderne dans une vieille enveloppe.
Vivons cachés.
Ouhlà.
Le coup de génie de s’installer un bureau dans la cuisine, ou l’inverse. Le gars peut braiser une poularde en bricolant sa vie. J’ai des machines mixtes. Idéal pour un Moi. Commandes via cerceau, toujours en marche, comme ces cuisinières qui ne s’arrêtent jamais. On glisse la tarte dans le bon four. On n’a plus de thermostat.
Ne faites le deuil de rien.
C’est ce que promet la notice.
Une machine qui garde les qualités principales de toutes les trouvailles qui l’ont précédée. Pas de nostalgie technique : l’objet est en bois et cuivre, avec parties en latex qui imitent parfaitement l’élasticité de la peau et même sa chaleur, mais armées de titane, souffle la notice. Molettes et commandes vocales, un milliard de pixels, petites lampes témoins bleues brûlantes. On garde tout en mémoire : profondeur du négatif, relief de la stéréoscopie, énorme vibration du noir et blanc, sépia et charbon des tirages des anciens morts.
Et l’effet huile des autochromes ?
Absolument, poursuit la notice, vous obtiendrez des couleurs profondes à 100%, des fruits vibrants de lumière, pêche orange dans plat bleu de Chine.
 
Olivier Cadiot, Un mage en été, POL, 2010, p. 21-22.


Commentaires

Le gars peut braiser une poularde en bricolant sa vie : alors, là oui, évidemment. Que rajouter ? Rien.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 28/12/2010 à 14h35
Juste que celle au vin jaune et aux morilles que je viens de terminer n'était pas mal non plus.
Réponse de PhA le 28/12/2010 à 14h53
quel bel œuf! unr petite coquille cependant (juste un éclat minuscule) au §4: «le trouvailles» (mais peut-être certaines licences poétiques m'échappent-elles)
Commentaire n°2 posté par jc le 28/12/2010 à 15h16
Merci jc ! Je corrige.
Réponse de PhA le 28/12/2010 à 15h18
J'adopte la cabane sous l'arbre. Avec la poularde à l'intérieur. je ne renonce à rien, je veux tout!
Commentaire n°3 posté par Zoë le 28/12/2010 à 18h32
Ben tiens !
Réponse de PhA le 29/12/2010 à 11h01
Ah, le Gallo-Romain, ça c'était du solide... pas comme le béton pré-contraint tout ça. (Bel extrait, très amusant !)
Commentaire n°4 posté par Sophie K. le 28/12/2010 à 20h54
Visitant nos ruines les archéologues du futur nous appelleront les laisse-béton.
Réponse de PhA le 29/12/2010 à 11h05

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