mardi 27 avril 2010

leurs vies pareilles à des préludes

Résa Weiner habite une grande partie de l’année dans le quartier résidentiel de Lincoln Park, à l’intérieur d’un groupe d’immeubles enchevêtrés, achetés au fur et à mesure de ses cachets, entourant de leurs hauts murs aveugles l’immense patio où a été bâtie sa maison. Les rares loca­taires qui connaissent son nom et son identité ancienne respectent la consigne de ne jamais indiquer sa présence, mais des admirateurs ont fini par déduire que c’était bien elle qui, le jeudi soir, dans cette rue, sortait d’une des portes de garage remontant lentement dans le mur en paupière métallique, au volant d’un vieux cabriolet Mustang Shelby vert foncé, capote blanche piquée de rouille aux armatures, qui laisse entendre au point mort des feux rouges le bruit irrégulier d’un moteur de hors-bord, lorsqu’elle se rend à la sortie ouest de la ville dans les studios de la petite station de radio associative Freaky Wave pour animer une émission de dialogue.
Malgré l’anonymat maintenu, des auditrices et auditeurs ont reconnu la mélodie vocale qui fut longtemps sa signa­ture acoustique, cette façon de remonter deux à trois fois la tonalité des syllabes au commencement d’une phrase pour soudain l’abaisser avec lenteur, dans un étirement semblable à la dernière vague qui s’affale après une inquié­tante retenue, à peine précédé d’une incise de silence.
 
C’est bien elle, répondant point par point à un jeune converti cerné par l’ombre de ses propres majuscules, calmant un junkie égaré dans sa justification d’animal de fourrière échappé dans la ville, ou déliant une femme aux phrases sans cesse repliées, entravée dans l’évocation de son troisième suicide. La nuit, parmi ceux qui savent et n’ont jamais voulu démasquer en direct l’ancienne actrice, certains s’autorisent à laisser sur les essuie-glaces de sa voiture une petite peluche, une fleur ou un dessin, et l’attendent tard, debout, sous les lumières orange des lampadaires du premier grand carrefour de cette banlieue industrielle, pour la saluer de loin en ôtant une casquette ou soulever vers elle un bouquet, un petit enfant endormi, modeste trophée d’amour à quoi elle répond par un appel de phare ou un bref coup de klaxon. D’autres enregistrent sa voix pour en goûter les caractéristiques, écouter au plus près les modulations, les scansions et les rythmes de la parole de cette femme qu’ils vénèrent encore.
 
Denis Decourchelle, La Persistance du froid, Quidam éditeur, 2010.
 
Donner à lire un simple extrait de la Persistance du froid, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire, si l’on souhaite donner une idée un peu juste de ce texte. La beauté de ce récit, en effet, c’est dans sa composition surtout que le lecteur la trouvera – mais pas que, d’où l’entorse. Méticuleux biographe de personnages imaginaires mais qui pourraient être (au point qu’on ferait bien marcher Google pour en savoir un peu plus sur eux) et dont la simple liste constitue une manière de deuxième chapitre après le prélude du premier), Denis Decourchelle croise discrètement leurs destins d’apatrides, leurs vies pareilles à des préludes, justement, dont le souvenir est comme cette sensation durable : la persistance du froid.



Commentaires

Claude Allègre, critique littéraire : "Je ne dis pas le contraire !"
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 27/04/2010 à 08h26
Claude Allègre ne dit pas quelque chose ? C'est très bien, il faut l'encourager.
Réponse de PhA le 27/04/2010 à 09h46
pourtant citer, plaire et intriguer, et faire suivre cela de vos mots c'est assez efficace pour nous donner désir de le lire
Commentaire n°2 posté par brigetoun le 27/04/2010 à 08h34
Eh bien ça fait plaisir (parce que après il y a toujours des "j'aurais dû..." qui me traversent).
Réponse de PhA le 27/04/2010 à 09h42
Un extrait est toujours réducteur mais pas inutile. J'aime les "mots" de celui-ci.
Mais comment faites-vous, tous(tes) pour être si matinaux?
Peut-on lire La persistance du froid après 11h ou faut-il se lever tôt pour bien sentir l'histoire (°_°)?
Commentaire n°3 posté par Ambre le 27/04/2010 à 11h09
Mon secret matinal ? C'est celui de Polichinelle : même les fours et les magnétoscopes ont le même.
Réponse de PhA le 27/04/2010 à 11h18
Un texte original servi par une belle écriture. Je voulais en parler aussi mais, voilà... 
Commentaire n°4 posté par Dominique Boudou le 28/04/2010 à 15h15
Au contraire, il faut le faire ; j'en ai dit si peu moi-même...
Réponse de PhA le 28/04/2010 à 15h35
Oh! Si! Ce que vous promettez et la phrase si bien balancée dans ce court extrait donnent envie d'aller plus loin.
Commentaire n°5 posté par Michèle le 05/12/2012 à 18h22
Ça me donne envie de le relire, tiens.
Réponse de PhA le 06/12/2012 à 21h31

samedi 17 avril 2010

laisser la barre

Une récente lecture sans doute est à l’origine de la remontée dans ma mémoire de ces textes (et particulièrement de celui-ci) grâce auxquels à l’adolescence je suis entré, par une porte que je croyais petite, dans l’œuvre de Kafka.


 
Le pilote
 
– Suis-je ou non le pilote ? criai-je.
– Toi ? répliqua un grand homme sombre en se passant la main sur les yeux comme chassant, de ce geste, un rêve.
Dans la nuit noire, j’avais gouverné sous la faible lueur d’une lanterne au-dessus de ma tête. Alors était venu cet homme qui voulait m’écarter. Comme je résistais, il appliqua son pied sur ma poitrine et me renversa d’une lente poussée. Je m’agrippais toujours aux rayons de la roue à qui, dans ma chute, je fis faire une complète révolution. L’homme s’en saisit et la remit en place tout en me repoussant. Mes esprits rassemblés, je cours à l’écoutille commandant la chambre d’équipage :
– Vite, camarades, marins ! Venez vite ! Un inconnu m’a arraché la barre !...
Ils gravirent lentement l’échelle de coupée, puissantes formes, chancelantes de fatigue.
– N’est-ce pas moi le pilote ? criai-je.
Ils hochèrent la tête, mais ils n’avaient d’yeux que pour l’étranger autour duquel ils se rangeaient en cercle, et lorsqu’il les apostropha rudement :
– Ne me gênez donc pas !
Ils rompirent les rangs, m’adressèrent un signe de tête et redescendirent l’escalier.
Quel est donc ce peuple ? Raisonnent-ils ou ne font-ils que se traîner inconscients par le monde ?
 
Franz Kafka (traduction de Jean Carrive).
 
Si les volcans le veulent bien, je compte moi-même m’effacer quelques jours. Mais je ne vous abandonne pas ; je laisse de bon gré et dès demain les commandes à une silhouette peut-être moins chargée d’autorité – quoique : celle de Monsieur Le Comte.


Commentaires

"Suis-je ou non le pilote ?"... la question est elle-même la réponse.
Dès lors qu'on (se) pose la question, c'est que, pilote, on ne l'est plus.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 17/04/2010 à 13h19
Un accès de conscience - comme un accès de fièvre -, et l'on n'existe plus.
Réponse de PhA le 17/04/2010 à 16h29
Ce n'est pas "Le chateau"... flute! Ah mémoire dis-moi si je suis.. Ah non! Pas Monsieur le Comte!!! Pas lui!
  Commentaire n°2 posté par Depluloin le 17/04/2010 à 14h15
C'est un fragment complet, si j'ose dire. Dans mon édition (Folio), il est regroupé avec la Muraille de Chine. J'ai toujours eu le chic pour commencer la lecture des grands auteurs par leurs oeuvres les moins connues.
(Méfiez-vous : Monsieur Le Comte is watching you.)

Réponse de PhA le 17/04/2010 à 16h27
Je découvre une "SONDE" en bas à gauche de votre blog. Késako?
Vous partez en wacances? Méritées sûr! "ainsi vous allez traîner inconscient dans le monde". Ne lâchez pas la barre.issez Monsieur le comte sur le paletot? Je ne sais pas si vous le trouverez en bon état à votre retour...
  Commentaire n°3 posté par Ambre le 17/04/2010 à 18h30
La sonde, c'est pour fouiller dans les Hublots. En fait maintenant ça fait double emploi avec le "rechercher" de la barre Overblog.
(Hélas, pour les vacances, je crois bien que Vulcain n'est pas d'accord.)
Je ne m'inquiète pas pour Monsieur Le Comte, il a tout du héros.
Réponse de PhA le 17/04/2010 à 18h46
Bizarre, il manque un morceau!
"vous nous laissez... avec Monsieur le comte..."
Commentaire n°4 posté par Ambre le 17/04/2010 à 18h32
La navigation maritime - et sous-marine, pour augmenter les précautions - s'impose ces jours-ci. Les vacances de M. Hublot font des vagues.
Commentaire n°5 posté par Dominique Hasselmann le 18/04/2010 à 08h31
En effet ! On révise ses plans - mais on ne s'avoue pas vaincu.
Réponse de PhA le 18/04/2010 à 13h48

jeudi 15 avril 2010

un léger ralentissement

Si vous avez constaté un léger ralentissement de nos programmes, sachez bien qu'il est indépendant de notre volonté (mais indiscutablement de saison).



Commentaires

J'ai dû, moi aussi, changer la tête de delco de mon ordinateur. Chaque année désormais, il faut consentir à cette petite révision printanière.(Songez également à vérifier les vis platinées.)
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 15/04/2010 à 15h30
Sans parler de la boîte de vitesses !
Réponse de PhA le 15/04/2010 à 18h41
Non je ne le crois pas! Vos ordinateurs sont aussi "balèzes" que votre frigo?
(ce frigo semble avoir carrément explosé... comme mes oeufs durs hier!)
Commentaire n°2 posté par Ambre le 15/04/2010 à 18h23
C'est juste que son propriétaire doit être à peu près aussi doué pour la technique que moi...
Réponse de PhA le 15/04/2010 à 18h42
Oh moi je suis tranquille, je sais qu'un jour je finirai 'tagueur"!! Mais mes feutres toujours à sec?! Ah quel monde!
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 15/04/2010 à 18h50
Vous ici ? Figurez-vous que j'arrive justement de chez vous. Je tenais à vous poser quelques questions essentielles sur la couleur des oiseaux.
Réponse de PhA le 15/04/2010 à 18h54
Oui, mais est-ce une raison, ô Philippe, pour parler de soi à la troisième personne, hein ?
Commentaire n°4 posté par Chr.Borhen le 15/04/2010 à 21h27
Pardon, c'était juste un "nous" de majesté.
Réponse de PhA le 15/04/2010 à 22h59
Cette image est très douloureuse à regarder. Mais aussi vous avez abusé, ça se sent, vous avez voulu y stocker vos steaks hachés, c'était risqué et voilà le résultat. Ne vous plaignez pas si votre police de caractère fait une crise de nerfs.
Commentaire n°5 posté par Zoë le 15/04/2010 à 23h17
Ah bon ? Pour les steaks hâchés, il vaut mieux un disque dur externe ? La prochaine fois, je serai plus prudent.
Réponse de PhA le 16/04/2010 à 07h52
Si ça marche comme ça, je vous embauche illico ...
Commentaire n°6 posté par Saravati le 16/04/2010 à 15h08
Vous n'avez peur de rien.
Réponse de PhA le 16/04/2010 à 16h01
Il faut parfois accepter de vivre dangeureusement !
Et puis, je peux toujours ouvrir un hublot pour prendre un bol d'air frais !
Commentaire n°7 posté par Saravati le 16/04/2010 à 16h16
(fou rire)
Commentaire n°8 posté par Aléna le 16/04/2010 à 21h50
C'est pourtant pas drôle...
Réponse de PhA le 16/04/2010 à 22h16
Je sais : j'ai le même.
Commentaire n°9 posté par Aléna le 16/04/2010 à 22h47

vendredi 9 avril 2010

beaucoup de bruit pour rien


http://www.gala.fr/var/gal/storage/images/media/images/actu/photos_officiel/nicolas_sarkozy_et_carla_bruni_tendres/516942-1-fre-FR/nicolas_sarkozy_et_carla_bruni_tendres_reference.jpg 

C'est le printemps : la saison où tout tombe en panne. En attendant l'ordinateur, qui n'est guère vaillant, c'est le frigo qui s'est mis à souffler la tempête, tandis que le fromage blanc gelait dans ce blizzard. Puis les vents frigorifiques se sont tus, laissant la place à un moteur de hors-bord nettement moins efficace : désormais pour faire la conversation mieux vaut quitter la cuisine - quant à la conservation, ne comptons plus trop sur le frigo : il y fait quinze degrés peut-être, à la rigueur, mais pas moins.
(Je sais : tout le monde s'en f... N'empêche : c'est râlant !)


Commentaires

C'est par cette photo qu'on comprend la différence entre information et illustration (j'aime bien que la 1° dame de France dépasse de deux têtes le premier magistrat d'icelle)(chez le Chasse-Clou, on trouvera une jolie chanson qui décrit leur union délétère :  http://dominiquehasselmann.blog.lemonde.fr/))
Commentaire n°1 posté par PdB le 09/04/2010 à 13h51
L'idée de ce petit billet sur la crise du sujet m'avait traversé l'esprit au petit déjeuner (dans la cuisine) ; puis j'ai vu que le Chasse-clou concluait précisément sur les mots dont je comptais faire un titre (Beaucoup de bruit pour rien, bien sûr ; pas Richard III).
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 17h54
Chez moi aussi les objets se rebellent, ou font grève. Est-ce là une amorce de ce qui est à venir? Pensez-vous?
Commentaire n°2 posté par Aléna le 09/04/2010 à 14h20
Ce que j'en pense ? Aux abris !
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 17h55
Vous pouvez vous la jouer à l'ancienne : tout débrancher et vous faire livrer un pain de glace par jour. Pour ma part, l'été, saison où le mien ne marche pas non plus, j'utilise le congélateur mais cela demande un travail de tous les instants pour éviter que les fruits et légumes ne gèlent. Vous voyez, tout le monde ne s'en f... pas! :)
 
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 09/04/2010 à 14h33
Nous avons bien des préoccupations communes, je le constate ; et elles sont toujours majeures.
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 17h56
n'en ai jamais eu avant d'arriver à Avignon et de tenter de me prendre pour une maîtresse de maison - pour les pains de glace c'était bien quand un bonhomme les livrait mais il semble que ce soit une profession en très très net déclin
Commentaire n°4 posté par brigetoun le 09/04/2010 à 15h11
C'est quand on veut être le maître, ou la maîtresse, que, tout seul face à la machine, on se rend compte à quel point on manque d'autorité.
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 17h58
... ce ronronnement  du moteur dans la cuisine... vous savez, je crois bien, désormais, que les choses ont une âme...
Commentaire n°5 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 09/04/2010 à 16h15
Vous avez raison : ces choses sont des sales bêtes.
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 17h59
Ben là, en cet instant, j'attends mon beauf! Tous mes icônes ont disparu de mon écran! Ouin! mon gentil beauf va sûrement les refaire apparaître parce que la vie sans icônes hein, c'est pas possible çà.
(moi je préfère vos histoires de frigo aux rumeurs dont on s'en fout)
Commentaire n°6 posté par Ambre le 09/04/2010 à 17h36
Autre grand sujet de panique quotidienne : notre vie d'avant l'ordinateur devait être tristement dépourvue d'émotions, en comparaison.
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 18h01
Youpi! Mes icones sont revenus... mon beau-frère est un magicien!
(il paraît que icone sans accent est du genre masculin et avec accent circonflexe du genre féminin)
Re bon WE bordelais....
 
Commentaire n°7 posté par Ambre le 09/04/2010 à 19h32
Vénérez-les.
(Merci.)
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 22h12
Un seul frigo vous manque et tout est dépeuplé. L'étonnant avec les objets c'est cette indifférence d'esclavagistes que nous professons à leur égard. Dès qu'ils résistent, nous sommes humiliés comme des cocus.
Commentaire n°8 posté par Zoë le 09/04/2010 à 22h06
Ben tiens ! C'est quand même pas un frigo qui va faire la loi chez moi ! Qui c'est qui commande, d'abord ?
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 22h12
Donc votre frigo a shakespearé ?
Commentaire n°9 posté par Chr.Borhen le 10/04/2010 à 09h48
C'est d'avoir voulu jouer la Tempête : il n'avait pas la carrure.
Réponse de PhA le 12/04/2010 à 09h12
chez nous, c'est la bouilloire électrique qui est récemment sortie de ses gonds (celle qui a succédé à celle que j'avais, un jour de grande absence, entrepris de faire cuire elle même sur une plaque électrique pour qu'elle nous fasse chauffer de l'eau, ce qui lui avait valu de finir ces jours fondue...)
Commentaire n°10 posté par ms le 10/04/2010 à 13h21
Elle n'était donc pas entièrement responsable. A-t-elle joliment fondu, au moins, qu'on la mette à décorer ?
Réponse de PhA le 12/04/2010 à 09h15
bouilloire fondue
bouilloire borderline
bouillie bordelaise
Commentaire n°11 posté par albin le 11/04/2010 à 16h24
N'ayant pas d'arbres fruitiers au jardin, Bordeaux ne fut pas pour moi une bouillie. (J'aurais bien dit "mais plutôt un bouillon - de culture" - mais elle a déjà été faite.)
Réponse de PhA le 12/04/2010 à 09h18
Ah c'est bien vous le fameux PhA ! je suis bien contente de vous lire,  Liquide est de bonne source...Merci pour la dédicace.
A.
Commentaire n°12 posté par soulef le 12/04/2010 à 02h06
Mais oui, A., et maintenant que je vous "vois" de nouveau sur le Net, je me rends compte que je vous y ai déjà croisée plusieurs fois !
Réponse de PhA le 12/04/2010 à 09h20
Cher PhA on voit bien que vous n'avez jamais été l'heureux propriétaire d'une bouilloire fondue enchaînée à un foyer de votre table de cuisson, parce qu'alors vous sauriez que dans ces circonstances la bouilloire perd tout souci de design, fait ce qu'elle peut, s'affaisse, tend vers la crêpe...
Commentaire n°13 posté par ms le 12/04/2010 à 10h30
En effet, j'avoue être totalement dépourvu d'expérience dans ce domaine. Mais je ne perd pas espoir !
Réponse de PhA le 12/04/2010 à 10h34
"Petit clapotis" a laissé tomber la bouche auguste...
On se demande bien pourquoi la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) a été activée en la circonstance ! Il est vrai que l'épouse chantante a nié qu'une enquête ait eu lieu : ce n'était sans doute qu'une rumeur !
Mais ce qui touche à l'Etat,  devrait-on "s'en foutre" pour autant ?
Il est des symptômes qu'il est parfois utile de repérer. Avant que la gangrène ne s'étende plus avant.
Commentaire n°14 posté par Dominique Hasselmann le 13/04/2010 à 08h39
"La bouche auguste" ou "d'Auguste" ? Attention : la rumeur va dire que tu prends notre président pour un clown ! (Mais tu as raison : il faut observer les symptômes.)
Réponse de PhA le 13/04/2010 à 08h49
 

mardi 6 avril 2010

étude de silhouette : un lecteur (ou deux ?)


Je n’ai pas toujours eu cette puissante musculature de lecteur que vous me voyez et qui force, quelque peu indûment j’en suis conscient, l’admiration de mes pairs. Indûment à deux titres au moins : j’en connais qui lisent plus et mieux et n’en font pas état et surtout, ce n’est chez moi qu’une activité récente et pénitentielle ; j’y expie en effet mes présomptions éhontées de candidat à la lecture par le public, tout en cherchant – comble du vice – mon plaisir dans mon châtiment.
Il y a quelques années seulement, sortant de longue maladie, je n’étais encore qu’un lecteur frêle et velléitaire, arrêté par un rien dans son élan faiblard. Je me souviens par exemple comment, alléché par quelques articles et m’étant lancé plein d’envie dans la lecture d’Apprendre à finir, de Laurent Mauvignier, je m’étais trouvé stoppé net dès la troisième phrase par une anacoluthe discrète mais biscornue, une histoire d’œil à la main, dont mon esprit n’arrivait plus à se dépêtrer.
Une autre fois, ce furent les Ruines-de-Rome de Pierre Senges qui furent victimes de ma lecture pathologique. Ce « roman d’une sédition botanique » pourtant avait tout pour me combler, ceux qui me connaissent n’en douteront pas (je n’en doute toujours pas moi-même, et me le réserve pour un de ces printemps que l’Histoire nous promet). En l’occurrence, c’est contre un des végétaux semés par l’auteur et son jardinier de héros (révolutionnaire) que j’avais buté, une viorne je crois, que je jugeais à tort ou à raison non conforme à la réalité du genre ; vous savez comme parfois les mots se mettent à pousser devant moi, alors quand ils désignent des bêtes ou des plantes n’en parlons plus, c’est vite la jungle sans pitié ; cette viorne dans mon esprit avait pris des proportions vraiment insupportables (il faut dire qu’à la même époque j’étais quelque peu envahi par celle de mon voisin, un Viburnum rhytidophyllum assez terne qui plus est, heureusement remplacé depuis lors par un boule-de-neige – tiens : encore une viorne, Viburnum opulus roseum pour ceux que ça intéresse ; point de salut sans le latin). Bref c’était, j’en conviens volontiers, assez peu rationnel ; vous me direz que la raison a peu à faire dans notre affaire, mais tout de même.
En tout cas je ne suis pas fâché de découvrir aujourd’hui en Pierre Senges lui-même un lecteur singulier et joliment déviant, qui repique des fragments de Kafka (émotion d’en reconnaître certains qui à l’adolescence furent ma propre entrée dans cette œuvre dont, ciel ! je n’ai jamais parlé dans ces Hublots) et les fait pousser à son gré dans ses toutes récentes Etudes de silhouettes, dont un extrait conclura heureusement ce long billet (la main de Kafka est en gras) :
 
Je lui échappai. Je dévalai la pente. L’herbe haute ­m’empêchait de courir. Elle était en haut à côté de l’arbre et me suivait des yeux. Je veux dire : la créa­ture, pas l’herbe : on n’a jamais vu d’herbe du côté ­de l’arbre, seulement le long de la pente – quant à la créature, elle ne m’a jamais empêché de courir, elle se contente depuis toujours de me suivre des yeux, quoi qu’il arrive : elle m’a suivi avant de me connaître, peut-­être même avant de me voir, elle m’a suivi quand j’étais auprès d’elle, elle m’a suivi quand je l’ai adorée, elle ­m’a suivi quand je me suis lassé d’elle, elle m’a suivi du regard dans mes désirs de fuite et chaque fois que je complotais ; elle me suit maintenant alors que je lui échappe, elle me suivra encore des yeux quand je serai ­hors de sa portée – et tandis que j’écris, pas un de ces mots ne lui est mystérieux. (Au lieu de me battre contre l’herbe haute, comme un imbécile, comme un clown chaussé de palmes, avec de hautes enjambées, j’aurais dû y trouver­ refuge : et peut-être, peut-être, devenir invisible – hélas, se contenter de peu ne suffit pas pour son salut.)
 
Pierre Senges, Etudes de silhouettes, Verticales, 2010, p. 118-119.



Commentaires

"Le sifflement est la langue de notre peuple ;  seulement nombre d'entre nous sifflent toute leur vie sans le savoir, tandis qu'ici le sifflement apparaît libéré des chaînes de l'existence quotidienne et nous libère, nous aussi pour un instant. Il nous serait certes cruel d'être privés de ces auditions."
C'est où ?
(P.S. pour Bohren : des couleurs, en veux-tu, en voilà !)
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 06/04/2010 à 09h44
C'est où ?... En tout cas c'est vert.
Réponse de PhA le 06/04/2010 à 11h01
Ainsi de l'écriture comme un art jardinier ambivalent, qui repique pour mieux laisser pousser.
Commentaire n°2 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 06/04/2010 à 10h29
Vous me faites penser que ça fait un bout de temps que je n'ai pas écrit sérieusement mon jardin, moi. Surtout que l'hiver y a fait quelques ratures.
Réponse de PhA le 06/04/2010 à 11h00
En effet, certains textes (mais on ne citera personne !) exigeraient parfois du désherbant.
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 06/04/2010 à 11h06
Et d'autres de l'engrais !
Réponse de PhA le 06/04/2010 à 11h09
L'éditeur idéal : Truffaut !
Commentaire n°4 posté par Dominique Hasselmann le 06/04/2010 à 11h12
Et son guide !
Réponse de PhA le 06/04/2010 à 14h04
Encore faut-il avoir la main verte...
Commentaire n°5 posté par Elise le 06/04/2010 à 13h03
Ne me dites pas que vous ne l'avez pas, je ne vous croirai pas.
Réponse de PhA le 06/04/2010 à 14h05
Puisque j'ai inséré un lien non verbal mais très conscient entre Pierre Senges et Eric Chevillard, je profite de mon propre espace commentaire pour signaler l'article de haut vol que Philippe de Jonkheere a consacré à Choir et que je découvre à l'instant.
Commentaire n°6 posté par PhA le 06/04/2010 à 14h20
Et j'en profite aussi pour "signaler" que Choir fait partie de la sélection pour le prix du Livre Inter 2010!
(j'aime bien l'extrait de Etudes de silhouettes)
(ne jamais "courir dans les herbes hautes jambes nues. C'est mortel! Pire qu'une flagellation)
Commentaire n°7 posté par Ambre le 06/04/2010 à 20h50
On lui souhaite bonne chance ! Il la mérite plus qu'un autre : étymologiquement, la chance, c'est bien le fait de choir.
(Vraiment, je regrette de m'être bêtement privé de Pierre Senges pendant toutes ces années, pour une stupide histoire de viorne. C'est à l'évidence un auteur pour moi, mais j'ai parfois de ces lubies... Après tout, Chevillard fait bien manger du lambi cru aux malheureux survivants de Sans l'orang-outan comme une punition ; je ne lui en ai pas voulu pour autant - alors que le lambi cru, découpé en dés, mariné au citron vert et bien relevé fait une salade à régaler les rois.)
Réponse de PhA le 06/04/2010 à 21h17
Vous devez être un fin cuistot ^^
Commentaire n°8 posté par Ambre le 06/04/2010 à 21h42
Pensez-vous ! C'était au restau. A la maison je suis interdit de cuisine.
Réponse de PhA le 06/04/2010 à 21h47

dimanche 4 avril 2010

un beau manuscrit

Je me suis vu, figurez-vous, propriétaire d’un beau manuscrit, qu’une certitude irrationnelle me fait attribuer à Jacques Roubaud. Il s’agissait d’un cahier grand format, à petits carreaux, entièrement écrit à la main, que j’ai longuement feuilleté avec délice – bien qu’il n’y eût dedans aucune lettre. On pouvait y admirer quantité de divisions savantes. Savantes car il y avait toute sorte de racines carrées, cubiques ou pires encore, au diviseur comme au dividende ; ce qui ne les empêchait pas d’être posées avec la simplicité de nos maîtresses de l’école primaire : les deux traits perpendiculaires tracés avec soin à la règle, et les chiffres notés d’une belle écriture appliquée, presque impossible, bien en colonne, en respectant les carreaux de la page. Bien sûr, quelque chose vous empêche de comprendre la beauté de la chose : vous n’étiez pas dans mon rêve – car probablement c’en était un. En tout cas, c’était beau, au point que j’insistais pour le montrer à mon petit garçon, qu’il en prenne de la graine. Ça m’est revenu d’un coup dans l’escalier, tout à l’heure, en parlant avec M. Quant à Jacques Roubaud, s’il s’est introduit chez moi de la sorte, c’est sans doute parce qu’il était assis à côté, tout près, mercredi dernier.


Commentaires

Un fort joli rêve, en tout ca...
Commentaire n°1 posté par Pierre Durtal le 04/04/2010 à 09h55
Merci. (J'y passe une bonne partie de la vie.)
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 10h10
Il manque, lorsque l'on écrit sur un blog, ce quadrillage de la page - qui encadre fermement et souplement, en même temps, la pensée.
Ce type de logiciel doit sans doute exister sur Internet, non ?
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 04/04/2010 à 10h32
C'est que l'on vit dans l'illusion que la main n'a plus besoin d'être tenue. Mais il existe des quadrillages discrets.
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 10h38
Dans cette guerre éditoriale ouverte, une question : combien de divisions, Monsieur Hublot ?
Commentaire n°3 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 04/04/2010 à 11h11
Ma foi, cette lecture militaire des divisions m'avait échappé (pour la même raison sans doute que je ne parviens pas à me voir d'avant-garde).
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 11h29
Philippe, je ne sais pas ce que vous en pensez mais ce cher Hasselmann est beaucoup plus doué pour incruster des couleurs dans les commentaires que pour manier la calméra au Salon du Livre. (Pardon pour cet aparté.)
Commentaire n°4 posté par Chr.Borhen le 04/04/2010 à 11h21
C'est que pour les couleurs, il s'entraîne tous les jours ! (Quant à manier la caméra, son inconscient a dû m'entendre bafouiller et n'a pas voulu m'enfoncer.)
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 11h34
@ Chr. Bohren : quand elle se calmera, les poules feront des oeufs !
@ Philippe : oui, cet acte manqué, au Salon du Livre de Paris, a évité le naufrage... pourtant imperceptible...
Commentaire n°5 posté par Dominique Hasselmann le 04/04/2010 à 11h37
C'est sans doute mon trac qui a détraqué la machine !
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 12h06
cadre de pensée
pensée de cadre
pense-t-on le cadre et en ce cas d'où avant d'y penser dans ? 
Commentaire n°6 posté par albin le 04/04/2010 à 11h38
Et penser le cadre pour pouvoir penser hors du cadre.
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 12h07
...Avant-garde...me fait glisser vers ... Jeune garde :  "Prenez garde!  Prenez garde! A l'avant garde qui descend sur le pavé..."  (et la suite est assommante).
Commentaire n°7 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 04/04/2010 à 11h45
Mais où donc ai-je bien pu fourrer ma faucille ?
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 20h42
Hors cadre, je peux dire que la voix de PhA est une belle voix, telle que je l'avais "entendue" en lisant ses livres.
Les cahiers quadrillés, à grands carreaux, à petits carreaux... mais, bien sûr qu'on peut "comprendre la beauté de la chose"! Et la langue qu'on tire aussi, en s'appliquant... 
Commentaire n°8 posté par Ambre le 04/04/2010 à 12h43
Et encore, vous ne m'avez pas entendu pousser la chansonnette. (Tous aux abris !)
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 20h43
Ce genre de rêve n'a rien de sybillin : le manuscrit représente l'enfance, Jacques Roubaud la transfiguration d'un impossible carré de verdure, le quadrillage le visage d'une beauté maintes fois esquissé, et le diviseur la balafre, la césure, la censure.
Commentaire n°9 posté par Havelock le 04/04/2010 à 20h08
Pourtant c'était précisément ces divisions qui suscitaient le plus mon admiration.
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 20h45
Justement! à quoi bon avoir inventé la censure si elle ne joue pas son rôle de rabat joie?
Commentaire n°10 posté par Havelock le 04/04/2010 à 20h56
Appelons règles ces censures, et voyons quels beaux traits on trace grâce à elles.
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 21h15
Traits, potrtraits, retraits, esquisses, resquilles, brille? Non, étrille-toi, retire-toi, aussi lointainement qu'à l'équinoxe, reviens-nous, tel que tu sais : évanescant ton je.
Commentaire n°11 posté par Ellis le 04/04/2010 à 21h37
...et retournons lire Parc Sauvage, où deux enfants se perdent dans un jardin, échiquier magique quadrillé de parcours savants où chaque étape est une histoire.
Commentaire n°12 posté par Cécile le 09/04/2010 à 14h02
Parc sauvage, un beau souvenir - devenu le nôtre.
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 16h02

samedi 3 avril 2010

Faut-il donner un nom aux gens qui écrivent ?


Je n’aime pas beaucoup essayer de mettre des mots sur ce que je fais. Encore moins essayer d’en mettre un seul sur ce que je suis par ce que je fais. Ecrivain, j’ai du mal. Romancier ? C’est bien pire. Les poètes, eux, sont poètes ; ce n’est pas plus mal durant une seconde – sûrement parce que je ne suis pas directement concerné : très vite c’est à peine mieux. Auteur, d’accord – mais pas dans le vide, comme ça, en suspens. Non : auteur de, suivi de la liste. Mais je n’y crois pas bien, au fond, à ces listes. Même auteur de, j’ai du mal à y croire. L’auteur est-il vraiment l’auteur de son texte ? Qui me dit que ce n’est pas plutôt le texte qui est l’auteur de l’auteur ?
Quand je pense qu’il y en a qui, non content(e)s de cette croix, veulent la surcharger d’un e. Le jeu de mots de l’écrivain n’était pas assez lourd comme ça, il faut en rajouter. La chance d’être un homme dans cette histoire, c’est bien que le masculin n’existe pas en français. (C’est quoi la marque du masculin en français ? C’est rien. Le masculin, c’est du neutre. Le féminin en revanche, il existe : il y a un e.) Ça donne de l’auteure, de l’écrivaine, de la poétesse-que-c’en-est-une ?, de la romancière-à-la-romance-d’hier… Ça me fait penser aux écrivains francophones, tiens. Espèce de francophone ! (De langue française, je préfère : c’est quand même moins exclusif.) Ou le rayon gay, même combat.
Plus on rajoute du sens, plus on exclut. Non, écrivain, tout court, au fond, ce n’était pas mal. Flaubert est un écrivain, ça va très bien. Kafka, Woolf, Michaux, Beckett, pas de problème. Pas besoin de se demander si c’est du roman ou non, de la poésie ou non. (Il y en a qui se battent encore là-dessus. Alors que la première question, c’est quand même est-ce que ça vaut la peine ? Merci à ceux dont les piles chez Virgin nous mettent tous d’accord.) Comment donc se fait-il que ça devient si lourd à porter ? Le poids de nos aînés ? Ou plutôt l’excessive légèreté de certains de nos contemporains, si légers qu’ils flottent grassement à la surface ?

Commentaires

Entièrement d'accord avec ta critique du mot affreux d'"écrivaine" ou d'"auteure" : comme s'il fallait une catégorie bien définie où enfermer celui ou celle qui écrit.
Le transexuel mettant la main à la plume (si j'ose dire), on le mettra dans quelle boîte ?
Ecrivain, tout simplement, et puis, pour sourire : "littérateur" !
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 03/04/2010 à 10h13
Ecrivain, c'est mieux, mais j'ai quand même du mal. En fait j'ai du mal avec les noms (même le mien !).
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 12h36
Disons alors "chercheur de phrases" (c'était bien "chercher", oui, merci, et non pas "faire" une phrase).
Commentaire n°2 posté par albin le 03/04/2010 à 10h16
"Chercheur de phrases", ça me plait d'autant plus que le chercheur en question en est tout bon ! (aucun mérite, je vous dis : j'avais mes Jumelles sous la main)
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 15h43
Greffier? Greffière? (Le féminin est plus acceptable.) Reste la question des transexuels... Transgreffier?
L'impression de n'avoir rien apporté au débat... Qui reste à quoi ça sert?
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 03/04/2010 à 10h26
Transgreffier, j'aime beaucoup : ça sent la transgression avec un cheveu sur la langue. Pas d'accord pour que les transsexuels se l'accaparent.
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 15h47
Hublotier ? Hublotière ?
Commentaire n°4 posté par Chr.Borhen le 03/04/2010 à 10h50
C'est joli, mais un peu spécialisé tout de même. Certains ont de larges baies vitrées désembuées.
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 15h50
Ce souvenir d'un échange sur le plateau de feu "Apostrophes" au début  des      années 80... Une femme (qui ? je ne sais plus) qui trouvait que le mot "écrivaine" n'était pas bon parce que, disait-elle, "écrivaine, ça fait vaine..." et Benoîte Groult, qui lui faisait face, de répliquer : "Et écrivain, ça ne fait pas vain ?..."... et du coup, j'y pense, "hublotier, ça fait tier..."
Commentaire n°5 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 03/04/2010 à 11h17
Les sonorités, on n'y échappe pas. Que dire des turgescents dramaturge !...
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 15h55
Grefier, fier! Greffière, fière! Nous tenons le bon bout!
Commentaire n°6 posté par Depluloin le 03/04/2010 à 11h25
Oh, la fierté est souvent mal placée. (Je reconnais là ton goût pour les bouts ! )
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 16h01
Moi j'aime dire écrivain surtout pas le féminin, je suis pour conserver le masculin là où on tente de féminiser la langue et je dis, madame le ministre, na!
Le problème c'est que beaucoup "d'écrivaillons" (j'invente) se prennent aujourd'hui pour des écrivains...
(et là, je suis heureuse de voir que Ch. Borhen réapparaît et qu'il est en vie...)
Commentaire n°7 posté par Ambre le 03/04/2010 à 11h38
Je suis complètement d'accord, pour la raison grammaticale évoquée (rapidement, certes) ci-dessus : pourquoi vouloir féminiser des noms qui n'ont pas de masculin ? Qui plus est, si l'égalité doit passer par le langage, à quoi servent ces différenciations ? Déjà que la féminisation réelle ou supposée du lectorat encourage certains éditeurs à viser un public féminin (dérive assez peu dénoncée, d'ailleurs)...
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 16h12
Un écriveur, une écrivette ?(!)
Commentaire n°8 posté par ArD le 03/04/2010 à 12h25
Une écrivette ? Miam ! Où donc ? que je l'épluche et la croque sans tarder !
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 16h13
Ecrivain, poète, oui, c'est lourd à porter. J'aime mieux homme de lettres.
Commentaire n°9 posté par dominique boudou le 03/04/2010 à 16h18
Comme ça ?

Réponse de PhA le 03/04/2010 à 16h20
Lectorat à majorité féminine, certes. Mais il faut savoir que certaines femmes ont des... euh... ouille(s)! sans être trans... (sibériennes, tsss) et en restant féminine. Quant à penser en éditant à un lectorat féminin, je trouve cela choquant, réducteur.
(désolée)
Commentaire n°10 posté par Ambre le 03/04/2010 à 16h36
Je dirai même plus : c'est réducteur et choquant. (Parfois, quand je suis d'accord, je porte melon et moustache.)
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 17h13
Facteur? (homme de lettres...) Pardon!
(Ambre, coucou!)
Commentaire n°11 posté par Depluloin le 03/04/2010 à 16h40
Depluloin, si, au lieu de faire des clins d'oeil aux dames à travers mes hublots, vous étiez venu jusqu'au Salon du Livre (je sais : la distance, pour vous, est considérable), j'aurais pu vous présenter celle-ci !
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 17h18
Cet homme de lettres me plaît car on pourrait voir une femme. Et j'aime son immobilité creusée par le vide.
Commentaire n°12 posté par dominique boudou le 03/04/2010 à 16h41
N'est-ce pas ? (On se voit à l'Escale du Livre ? Nous pourrons comparer comment le vide nous creuse.)
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 17h15
(Coucou Depluloin... j'espérais vous voir chez Quidam et boire un vrai liquide avec vous, tsss, sniff)
Commentaire n°13 posté par Ambre le 03/04/2010 à 17h13
C'est ce que je lui disais à l'instant. J'adore le culpabiliser.
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 17h20
Oui et en plus il aurait pu faire ensuite un billet sur vous, aussi sympathique que celui de D.H.;o)
Commentaire n°14 posté par Ambre le 03/04/2010 à 17h42
C'est vrai, ça ! Allez, Depluloin : un billet ! un gros, avec plein de zéros !
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 17h48
Je connais un féminin qui est très moche au masculin: écritureuse=heureuse en écriture // écritureur= ecriture de malheur. Comment ça c'est moche dans les deux  cas et ça n'existe pas ? On peut plus inventer de néologismes !
Commentaire n°15 posté par Zoë le 03/04/2010 à 18h30
A ne pas confondre avec écritueur et écritueuse !
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 18h54
"Qui me dit que ce n’est pas plutôt le texte qui est l’auteur de l’auteur. " C'est très juste. On se donne de l'épaisseur en écrivant. Pour ce qui est du féminin, lis ce texte — non ma note de lecture mais le texte lui-même —  il est question du féminin dans la langue, dans la dernière section du recueil : http://rverger.com/sophie-loizeau.html
Commentaire n°16 posté par Romain le 03/04/2010 à 21h06
C'est d'ailleurs à un texte dont je t'ai parlé que je pense en écrivant ça.
Belle note de lecture ! (mince ! il ne fallait pas la lire...) En tout cas elle a une belle bibliographie, j'irai y voir de plus près. (J'ai bêtement dévié vers la mise au féminin quand mon propos principal concernait le nom qu'on donne à la personne derrière le texte.)
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 21h38
Oui, mais tu sais bien qu'il ne faut pas compter sur les lecteurs pour retenir ce que l'on a chercher à faire passer. Ils te conduisent toujours ailleurs, et c'est tout l'intérêt.
Commentaire n°17 posté par Romain le 03/04/2010 à 21h47
Comme la plupart du temps je ne suis pas bien sûr moi-même de savoir ce que j'ai cherché à faire passer, sans lecteurs je suis perdu !
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 21h59
infinitif en trop, à effacer. C'est l'effet des épices sur l'orthographe.
Commentaire n°18 posté par Romain le 03/04/2010 à 21h48
Impossible. Je ne peux pas effacer : tu dois assumer. (En revanche je mets à ta disposition une sympathique petite palette d'outils où figure notamment la possibilité d'insérer un lien sans écrire de grossièretés du genre "http...")
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 22h03
Je déteste écrire aux amis en en profitant pour faire de l'autopromotion.
Commentaire n°19 posté par Romain le 03/04/2010 à 22h11
En l'occurrence, c'était la promotion de Sophie Loizeau que tu faisais. (Et hop !)
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 22h31
Seriez vous un écritueur par noyade ?
Commentaire n°20 posté par Zoë le 03/04/2010 à 22h15
Drowning by letters, aurait dit Greenaway. (Mais qui sait ? - surtout le samedi...)
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 22h37
écriteur c'est joli - que le masculin n'existe pas et ne soit que neutre, nous appartienne, c'est ce que je me tue à dire à mes amies féministes
Commentaire n°21 posté par brigetoun le 03/04/2010 à 22h18
C'est que vous êtes meilleure en grammaire qu'elles - vous pouvez leur dire aussi.
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 22h39
D'ailleurs, attends-toi dorénavant à me voir surgir chez toi comme un Jack in the box sous pseudo. Ce sera beaucoup plus amusant, pour toi comme pour moi.
Commentaire n°22 posté par Romain le 03/04/2010 à 22h19
Mais je te débusquerai et ferai vibrer tous les fils de la Toile de ton nom.
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 22h42
@ Zoé : juste noyé dans l'écrit, plus tué que tueur.
Commentaire n°23 posté par Drossart le 03/04/2010 à 22h24
Vu ! (et bien vu aussi...)
Réponse de PhA le 03/04/2010 à 22h42
Mal réveillé (par le Mâtin qui gratte à la porte), j'ai d'abord lu "Mais je te débusquerai et ferai vibrer tous les fils de Troie de ton nom" avant qu'une lecture plus attentive ne me ramène à la réalité rugueuse.
Commentaire n°24 posté par Emma le 04/04/2010 à 06h27
Les métamorphoses jouent sur les perceptions (souvenir d'une lecture récente).
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 09h43
Déjà 24 commentaires... cela vaut-il le coup d'en écrire encore un? Si n'est pas écrivain celui qui écrit, qu'est-ce qu'est celui qui pense écrire et n'écrit jamais? D'acc avec Ambre : écrivain - c'est bien!
Commentaire n°25 posté par Aléna le 05/04/2010 à 23h01
Un sage ? (proposition de réponse à la question n°2)
Réponse de PhA le 06/04/2010 à 09h08