dimanche 28 novembre 2010

à signaler ? BS Johnson !

Charles-Edwards.JPGRon LamsonGloria Ridge
 
Bryan Stanley Johnson, R.A.S Infirmière-Chef une comédie gériâtrique, Quidam éditeur, 2003 ; p. 32, 76 et 98.
 
Huit monologues intérieurs simultanés dans un hospice de vieillards imaginé par BS Johnson en 1971. Vingt-et-une page pour chaque personnage, chaque page ayant sa sœur chez chaque personnage (ci-dessus trois pages "2"). Pourquoi n’est-ce pas moi qui l’ai écrit ?
 
(Cliquez sur chaque page pour lire plus facilement.)

au sujet de – Retour aux mots sauvages

Ça y est, j’ai enfin lu le dernier roman de Thierry Beinstingel, Retour aux mots sauvages ; l’histoire d’un homme qu’on défait de son identité et qui tente de s’en reconstruire une. N’est-ce pas le sujet ? Le sujet, n’est-ce pas aussi, dans ce qu’est devenu le monde du travail aujourd’hui, dans une sorte de grand silence feutré, la disparition de l’humanité ? « Il faut remettre de l’humain dans les rouages », la phrase est dite, ressassée par des professionnels sans visage, comme s’il suffisait de dire pour faire. L’humain, le héros anonyme de Retour aux mots sauvages, le pseudonymé Eric parce que c’est la règle quand le métier consiste à répondre au téléphone, ira le chercher hors des rouages, justement ; l’humain, ce sera lui-même, et plutôt que l’huile il est comme un grain de sable dans le rouage de la grande entreprise quand il décide de s’occuper vraiment du client, d’un client – « il faut se mettre à la place du client », répète à l’envi sa collègue Maryse, et cette phrase sincère et toute faite sonne comme une provocation lancée à l’entreprise.
Y a-t-il à la littérature d’autres sujets que la disparition de l’humanité – à l’autre extrémité du spectre de mes goûts littéraires l’expression va aussi bien à Volodine –, d’autres sujets que la défaite de l’identité (et là je ne citerai personne) ? Si j’insiste lourdement sur cette question rebattue du sujet (il m’arrive même d’en faire des blagues), au fond c’est plutôt pour l’évacuer. Retour aux mots sauvages est un livre de Thierry Beinstingel, pas besoin du nom de l’auteur sur la couverture, on n’est pas loin de CV Roman, et même aussi de Bestiaire domestique, et je l’aime à la même hauteur. Haute, la hauteur, si ça n’est pas dit assez clairement. Le livre a eu du succès, il a même fait partie de la sélection du Goncourt, réjouissons-nous. Que penser du fait que le précédent, par exemple, ait eu à l’évidence beaucoup moins d’échos ? Une affaire de circonstances, entre temps l’entreprise en question a fait tristement la une des journaux, on ne parlait plus que de ça, de la mort de ses employés plus que de leur vie. Alors bien sûr ça aussi c’est un sujet, celui dont les journaux s’emparent, et la critique littéraire c’est aussi du journalisme. Il ne faudrait que ce ne soit que ça : oui, Retour aux mots sauvages est un livre fort, il y en a eu d’autres avant, il y en aura d’autres après, « du même auteur » comme on dit.


Commentaires

et oui, je viens aussi de le lire, et oui je l'ai aimé, et oui pas uniquement (un peu aussi) pour le sujet dans l'air du temps auquel je le vois limité dans toutes les critiques lues ensuite. Et je retrouve ici un peu de ma lecture 
Commentaire n°1 posté par brigitte Celerier le 28/11/2010 à 15h04
Ce qui est agaçant, c'est que même dans le succès de très bons livres comme celui-ci, il y a des raisons qui n'ont rien à voir avec la littérature. La critique journalistique reste trop souvent une critique du sujet - il faut dire aussi que le rapport au sujet n'est pas le même en journalisme et en littérature.
Réponse de PhA le 28/11/2010 à 15h38
Le "danger" des livres qui possèdent un vrai sujet - une histoire. J'imagine l'auteur lisant ces critiques. 
"Quand dire, c'est faire", j'ai dû le lire. Un classique il me semble. C'est une névrose connue, qui tend à se répandre en effet dans la classe politique de façon démentielle...
 
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 28/11/2010 à 17h05
En fait il n'y a presque pas d'histoire dans ce livre, ou plutôt une si minuscule que justement elle en mérite d'être dite. ça devrait suffire à ne pas limiter son sujet aux drames chez France Télécom - mais reconnaître le "vrai sujet" d'un livre, pour peu que ça ait un sens, demande d'aller au-delà des évidences. A quoi un bon livre doit-il sa visibilité ? à autre chose que lui-même, et ça c'est quand même dommage.
(A une époque j'ai eu une passion fugace pour la pragmatique linguistique. Il m'en reste quelques traces.)
Réponse de PhA le 28/11/2010 à 18h00
Bon, je demande à Loïs de le noter...
Commentaire n°3 posté par Anna de Sandre le 28/11/2010 à 17h08
Ah ! ça me manquait de ne plus emmerder Loïs !
Réponse de PhA le 28/11/2010 à 18h01
Soupir...
Commentaire n°4 posté par Anna de Sandre le 28/11/2010 à 18h02
J'adore faire soupirer les femmes, enfin, parfois...
Réponse de PhA le 28/11/2010 à 18h11
Les Goncourt avaient sans doute déjà  un coup dans l'aile quand ils ont mis ce livre dans leur sélection : Houellebecq ferait mieux l'affaire, ce n'était pas le sujet, tous ces mots télécommunicants.
Commentaire n°5 posté par Dominique Hasselmann le 29/11/2010 à 07h18
Bah, le Goncourt, même avec un coup dans le nez...
Réponse de PhA le 01/12/2010 à 14h29

vendredi 26 novembre 2010

Harry Potter, ça finit mal.

 

Je ne l’ai pas lu mais on me l’a dit. On connaît l’histoire : c’est celle d’un collège qui a un problème de recrutement. Il y a un poste qui n’est jamais pourvu. Tout de suite, ça m’a intéressé cette histoire ; j’aime bien la littérature du travail, et là bien sûr je me sens concerné. C’est la chaire de DADA, qui est maudite. (DADA : Defence Against the Dark Arts, encore une de ces nouvelles disciplines aux acronymes barbares, je ne sais pas trop en quoi ça consiste ; en plus vous savez, ça se passe en Angleterre, c’est pas comme chez nous.) Bref, impossible de trouver un titulaire qui fasse l’affaire. Tous les ans, l’académie envoie un nouveau : une année, il a un champignon derrière la tête qui lui souffle de mauvaises odeurs et de mauvaises idées dans le cuir chevelu ; l’année suivante c’est un usurpateur de diplômes, en réalité il a jamais eu son CAPES ; le suivant n’était pas mal mais est victime d’un délit de sale gueule (il souffre d’un lupus), dans quel monde vivons-nous ; tout ça pour en embaucher un autre qui se drogue pour avoir plus d’autorité… Bref. Mais il y a le jeune héros, un élève, brillant, qui a toutes les qualités, qu’on voit grandir au fil des épisodes. Justement, il est très fort en DADA. Même qu’il y a un épisode où c’est lui qui donne des cours de rattrapage aux autres élèves (dans la clandestinité, bien sûr, comme il n’a pas encore les diplômes requis). Un espoir pour le collège, à l’évidence. Pendant des milliers de pages (parce que quand même, ce sont des gros livres, il y a pas mal de digressions sans rapport évident avec le sujet principal), on n’attend que ça, qu’il ait l’âge (pour les diplômes on ne s’inquiète pas, c’est la mention assurée). Et puis quand enfin arrive la fin, ben non. Finalement il ne sera pas prof de DADA. Mais que fait le Ministère ? (Il est vrai que le ministre, j’ai oublié de le dire, manque un tantinet de personnalité.) Enfin, c’est peut-être ça, le réalisme.



Commentaires

Enfin! Je peux parler de Harry Potter la tête haute! ... Conversation assurée, auditoire conquis : de la scolarité en milieu difficile je passe à Harry... (Je peux vous citer?)
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 26/11/2010 à 11h09
Absolument, d'ailleurs ce billet est évidemment le prémice à un discours syndical.
Réponse de PhA le 26/11/2010 à 16h24
Il est vrai que François Baroin, ministre du Budget, avait été lassé des comparaisons déplaisantes avec le héros littéraire et cinématogpraphique : il avait donc troqué ses petites lunettes contre une paire de lentilles de contact.
Désormais porte-parole du gouvernement (en plus de ses fonctions à cran de ceinture financière), la tête d'affiche chiraquienne utilisait  sans modération sa voix de basse pour écarter toute confusion avec Harry Potter.
Seul son coup de balai permanent, activé au nom de la Révision Générale des Politiques Publiques, l'apparentait à la caste des escadrilles fictionnelles.
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 26/11/2010 à 11h40
Quant à notre propre ministre reconduit... c'est qui déjà ?
Réponse de PhA le 26/11/2010 à 16h25
Le diaporama en la, Philippe, est sur Halte-là bien-sûr.
Commentaire n°3 posté par Olivier Verley le 26/11/2010 à 22h47
J'y avais précisément fait une halte, mais il n'était pas encore là.
Réponse de PhA le 27/11/2010 à 12h20
Le réalisme ? Dada n'aboutit pas plutôt au surréalisme ?
Commentaire n°4 posté par albin le 27/11/2010 à 10h39
Ah bon, ce n'est pas la même chose ? J'ai toujours cru que le surréalisme c'était de se mettre à dada sur le réalisme.
Réponse de PhA le 27/11/2010 à 12h24
@ Albin : Koon est sans aucun doute le dada du clément Houellebecq.
Commentaire n°5 posté par Dominique Hasselmann le 27/11/2010 à 11h04

lundi 22 novembre 2010

Le monde est plein de quidams.

Monsieur Le Comte est partout, ici et , l’ex-bibliothécaire sans figure fait bonne figure ailleurs encore, et quant à vous, demain soir, vous viendrez avec nous tous écouter Reinhard Jirgl – j’ai commencé son Renégat, ça a l’air grand (et je ne parle pas que de l’épaisseur), d’ailleurs regardez ce qu’en disent Bartleby, Sophie Deltin (dans le Matricule des Anges), le Fric-Frac Club, Olivier Lamm… Ça se passe au Comptoir des mots, 239 rue des Pyrénées dans le 20e, Métro Gambetta.


Commentaires

Je ne sais si je pourrai venir ce soir, mais j'ai une deuxième photo de toi prise dimanche...
Par contre, je ne sais comment la télécharger, il faudrait que je demande à Holbein.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 23/11/2010 à 07h56
Je vais finir par devenir un sujet !
Réponse de PhA le 23/11/2010 à 14h32
j'y serai
Commentaire n°2 posté par la quidam de onze heures 15 le 23/11/2010 à 11h19
Tiens, je vous avais prise pour la quidam de onze heures 19. (Chouette !)
Réponse de PhA le 23/11/2010 à 14h33
Que de quidams à lire!Le premier sera Monsieur Le Comte , il va me falloir un congé sabatique pour tous les autres.
J'ai vu l'oeil de Monsieur LeComte sur la photo.Quel oeil!
Commentaire n°3 posté par marie guegan le 23/11/2010 à 23h30
Le fait est que je suis bien entouré. Merci, Marie !
Réponse de PhA le 24/11/2010 à 14h47
Cher Philippe, je n'ai pas pu venir hier, mais j'ai l'excuse (si c'en est une) d'être très fatiguée en ce moment (mon grand âge, hélas). Il n'empêche que je vais lire ce cher Comte avec délices, et que je vous le ferai signer un jour, caramba. :)
Commentaire n°4 posté par Sophie K. le 24/11/2010 à 14h36
Merci beaucoup Sophie, j'espère bien (vous le signer !).
Réponse de PhA le 24/11/2010 à 14h49
 

samedi 20 novembre 2010

courir ou lire

J’aime marcher. Sur les trajets quotidiens cependant, parfois, marcher ne me suffit pas ; alors il m’arrive de courir (qu’on ne se méprenne pas : rien de sportif là-dedans), ou de lire en marchant. Tout à l’heure, en rentrant de la gare (en rentrant du Marché), je me suis mis à courir. Et puis je me suis arrêté de courir et je me suis mis à lire. J’ai lu : « Il reprend l’habitude de courir. » C’est pas une blague : c’est à la page 75 de Retour aux mots sauvages.


Commentaires

Courir à Minuit, voilà une équipée malaisée...
Commentaire n°1 posté par Moons le 20/11/2010 à 23h23
J'ai de l'entraînement. (Et heureusement il y avait les réverbères !)
Réponse de PhA le 21/11/2010 à 10h22
Mais comment vous faites?
Avec le casque, passe encore, mais à poil et ce bouclier qui a l'air si lourd...
Commentaire n°2 posté par quotiriens le 21/11/2010 à 08h54
On me le demande souvent. Le secret, c'est de ne pas se laisser arrêter par de menus détails matériels.
Réponse de PhA le 21/11/2010 à 10h24
Finalement, le livre de Thierry Beistingel aura eu très peu de retombées médiatiques !
Concernant "Courir", j'en suis resté à sa mise en jeu (ou en joue) par Jean Echenoz.
En Grèce, on connaissait déjà le bouclier fiscal ?
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 21/11/2010 à 10h28
J'ai beau me défendre de courir, de temps en temps ça m'échappe : je crois qu'au fond de moi j'ai l'impression en courant de gagner du temps.
(Il commence très bon, le Beinstingel ; à la hauteur des précédents, avec ou sans médias !)
Réponse de PhA le 21/11/2010 à 10h47
Heureusement qu'il n'était pas écrit : "Il n'eut pas le temps de voir la voiture qui fonçait sur lui."
Commentaire n°4 posté par tor-ups le 21/11/2010 à 10h31
C'était peut-être écrit entre deux réverbères (c'est l'inconvénient quand on lit dehors en marchant et qu'il fait nuit : il faut jouer savamment de l'inclinaison du livre par rapport au réverbère passé et au réverbère à venir), auquel cas la voiture a disparu dans l'intervalle d'obscurité.
Réponse de PhA le 21/11/2010 à 10h50
Courir et lire : les mots sont fort agités.
Commentaire n°5 posté par Gilbert Pinna le 21/11/2010 à 10h52
La littérature, ça remue.
Réponse de PhA le 21/11/2010 à 10h57
Lire ou courir, il faut choisir
Commentaire n°6 posté par Zoë le 21/11/2010 à 15h58
J'ai déjà songé à essayer de faire les deux en même temps, mais j'ai renoncé. C'est un peu comme lire en nageant, ce n'est pas très pratique non plus, même sur le dos.
Réponse de PhA le 21/11/2010 à 21h27
Lisant le plus souvent allongé sur mon canapé, je n'ai pas la tentation de courir avec mes jambes. 
Commentaire n°7 posté par Dominique Boudou le 21/11/2010 à 18h07
Ah bon ? Tu ne cours pas sur ton canapé ? Mais à quoi te sert-il donc ? (N'empêche, il m'a fallu du temps avant de faire comprendre à mon plus jeune fils que le bras du canapé n'était pas à proprement parler un tremplin pour faire ses sauts de l'ange.)
Réponse de PhA le 21/11/2010 à 21h30
Commentaire n°8 posté par L'entrée des Sauvages le 22/11/2010 à 22h57
Et où est le pianiste ?
Réponse de PhA le 23/11/2010 à 14h31
 

dimanche 14 novembre 2010

être au courant de l’actualité, c’est important

Il paraît que François Fillon vient d’être (re)nommé Premier Ministre. Je ne sais pas pourquoi cette nouvelle (?) me fait penser à l’attribution du Prix Goncourt à Michel Houellebecq.
Ce billet est le 602e de ces Hublots. On a l’actualité qu’on peut.


Commentaires

Malgré tout, à choisir, je prendrais Houellebecq. Parce que l'autre, vraiment, si propret.
Commentaire n°1 posté par Dominique Boudou le 14/11/2010 à 15h58
Bien d'accord. C'est plutôt ces annonces, si vides de sens...
Réponse de PhA le 14/11/2010 à 16h15
602è!!! Hum. Oui on  a l'actualité qu'on peut;-)
Ayé j'ai fini Monsieur le Comte. C'est fou, il m'a parfois fait penser à Monsieur Cousin si vous voyez de qui je veux parler. Pardon, je sais que c'est moche de faire des comparaisons mais sachez que j'ai adoré Monsieur Cousin.
Monsieur le Comte joue avec les mots de manière virtuose. Bravo.
Commentaire n°2 posté par Ambre le 14/11/2010 à 16h36
602 ! Ce n'est pas formidable, 602 ? (Remarquez je ne suis même pas sûr que ce soit vraiment 602, il faudrait vérifier.) (Monsieur Le Comte vous embrasse.)
Réponse de PhA le 14/11/2010 à 21h26
L'actualité nous joue de ces tours !... (Pour le Goncourt, j'avais misé sur Paul Guth et pour Matignon, j'attendais Maurice Couve de Murville...)
Commentaire n°3 posté par Gilbert Pinna le 14/11/2010 à 16h52
C'est un concept moderne, ça s'appelle l'actualité par le vide.
Réponse de PhA le 14/11/2010 à 21h32

 
Peut-être qu'il faudrait ignorer ces "non-événements" ? (ça occupe les journalistes)
Commentaire n°4 posté par espace-holbein le 14/11/2010 à 17h54
Tout de même, j'ai de quoi me réjouir. Moi qui ai commis quelques romans dans lesquels il ne se passe rien, je me sens complètement en phase avec l'air du temps.
Réponse de PhA le 14/11/2010 à 21h35
(...) Un train qui roule, La vie s'écoule... vie du rail certes mais pas de fascination on s'allonge pas.
Commentaire n°5 posté par Elise le 14/11/2010 à 18h40
La vie est-elle encore "variable aussi bien que l'Euripe" (disait le même poète) ?
Réponse de PhA le 14/11/2010 à 21h41
Il paraît aussi que Drucker revient le samedi soir. Obscurément, tous ces non-évènements ne sont pas sans rapport.
Commentaire n°6 posté par L'entrée des Sauvages le 14/11/2010 à 20h59
Obscurément, je suis complètement d'accord : du fond de mon esprit embrumé je distingue quand même par instant le sourire narquois de l'anesthésiste.
Réponse de PhA le 14/11/2010 à 21h50
Je ne comprends pas cet acharnement (et ce dessin malodorant) contre l'immense écrivain qu'est Alain Juppé.
Il avait raté de peu le prix Goncourt en 2009 avec son délicieux Je ne mangerai plus de cerises en hiver... (Plon), mais il va pouvoir prendre désormais des notes - tout en exerçant son nouveau job - pour un futur opus qui devrait, cette fois-ci, remporter le prix de l'Académie française en 2011.
D'ailleurs, il a déjà dû commencer à en rédiger une trentaine de pages car il n'a plus le temps, depuis quelques semaines, de mettre son petit blog à jour.
Le titre serait Un noyau en travers de la gorge (Plon, derechef du gouvernement).
Alors, laissez les écrivains écrire et les hommes politiques politiser !
Commentaire n°7 posté par Dominique Hasselmann le 15/11/2010 à 09h16
Je les laisse bien volontiers.
Réponse de PhA le 15/11/2010 à 20h29
ne trouve rien de spirituel à rajouter, me contente de battre des deux mains!
Commentaire n°8 posté par petite racine le 15/11/2010 à 14h14
Qui donc ?
Réponse de PhA le 15/11/2010 à 20h30
moi même, confondue dans ma béate admiration de Monsieur le Comte qu'enfin je dévore!
Commentaire n°9 posté par petite racine le 15/11/2010 à 21h11
Laisse le bout du nez pour l'ex-bibliothécaire !
Réponse de PhA le 16/11/2010 à 07h37
 

vendredi 12 novembre 2010

la mesure de la perte


Planté seul au milieu du trottoir, un petit garçon hurle et réclame sa mère. Quelqu’un s’approche. Un membre de la famille ? Un passant ? Il caresse la tête de l’enfant, se penche, lui parle, parvient à le calmer. A l’incidence, sa mère ne peut pas être très loin et, selon toute vraisemblance, elle cherche aussi son fils. Mais une idée folle surgit dans l’esprit du témoin : et si la terreur du petit garçon était justifiée ? Et si sa mère ne devait plus reparaître ?
Les hurlements et les larmes ont cessé. Le visage de l’enfant n’en reste pas moins ravagé : traits figés, regard fixe, yeux rougis, petits hoquets. L’enfant approuve d’un mouvement de tête tout ce qu’on lui dit mais sans se laisser distraire pour autant : les mots ne sont que de petites bulles. En dépit de leur sens, ils ne disent vraiment que l’absence. On répète à l’enfant que sa mère va revenir, mais il n’a que faire d’une promesse. Ce qu’il veut, c’est sa mère. Malgré tous les réconforts, la terreur de l’enfant s’incruste. Plus l’adulte fait d’efforts pour convaincre, plus l’enfant lutte contre de nouvelles larmes. Faut-il demander à l’adulte de se taire ? Ne comprend-il pas que sa douceur ne fait que donner la mesure de la perte et l’entériner ?
 
Marcel Cohen, Faits, III Suite et fin, XXX, p. 97-98, Gallimard, 2010.
 
Ce trentième ci-dessus est bref mais si l’on faisait une moyenne, les textes qui constituent ce dernier tome des Faits de Marcel Cohen sont plutôt plus longs que les précédents. Ou plutôt : certains sont plus longs, ce qui donne à l’auteur la possibilité de montrer comment, d’un instant à l’autre, quelque chose d’essentiel se passe juste dans l’esprit, comme un nuage passe devant le soleil, quelque chose comme une prise de conscience, pas nécessairement définitive, à la vue d’un reflet dans une toile d’araignée, d’une rue où l’on ne voit les immeubles que par derrière, d’une femme par la fenêtre de sa cuisine, alors que l’esprit devrait être requis par d’autres sujets. Aventure intérieure et minuscule, au sens où pour un peu elle échapperait à l’attention. C’est pour ça sans doute qu’il faut pour la dire cette écriture qui ne cherche pas l’effet, sans fiction ni personnages autres que quelques personnes réelles comme l’anecdote racontée (dont témoignent les notes en fin d’ouvrage), ou ce même « un homme » anonyme que dans les Faits précédents, dont il n’est pas du tout sûr que ce soit toujours le même, peu importe, c’est ce qui parvient à être dit qui importe.
 
Un article de Patrick Kéchichian.


Commentaires

Ce qu'il veut, c'est sa mère. Ce vouloir furieux, cette saignée blanche, sans fond qu'aucun atermoiment ne peut soulager.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 12/11/2010 à 20h01
Il sait d'instinct ce que signifie perdre sa mère. Par la suite il l'oubliera, puis ça lui reviendra.
Réponse de PhA le 12/11/2010 à 22h26
... euh... atermoiement... (il avait glissé).
Commentaire n°2 posté par Gilbert Pinna le 12/11/2010 à 20h08
Voilà qui finit de me convaincre. J'ai bien envie d'appartenir à ce cercle réduit de lecteurs d'un auteur aussi confidentiel (selon P. Kechichian). Cet enfant je l'ai été, mon fils l'é été et j'ai sans doute murmuré à un enfant ou un autre des mots vains, incapapables de faire cela: surgir le miracle du retour de la mère.
Commentaire n°3 posté par Zoë le 12/11/2010 à 21h18
Je ne me rends pas bien compte de la renommée de Marcel Cohen. Je sais juste que ce qu'il écrit me touche, toujours au plus juste. (J'aime aussi sa réponse à mes questions sur le sujet.)
Réponse de PhA le 12/11/2010 à 22h33
perdre quelqu'un, comment être sujet de ça, ils sont partis, impossible arrangements avec le sentiment de l'abandon.
Commentaire n°4 posté par Elise le 13/11/2010 à 12h27
Et la raison
- n'y peut rien.
Réponse de PhA le 13/11/2010 à 13h34
Un auteur confidentiel chez Gallimard... j'aimerais être tout aussi confidentiel! (Mauvais esprit, es-tu là?)
 
Commentaire n°5 posté par Depluloin le 13/11/2010 à 17h37
Oh, je crois qu'on peut être un auteur très confidentiel (encore une fois je ne me rends pas compte de ce qu'il en est pour Marcel Cohen), même dans une grande et prestigieuse maison d'édition ; il y aurait beaucoup à dire là-dessus.
Réponse de PhA le 13/11/2010 à 18h08
Cela peut-être aussi le jeu du fort da cher à Freud, symboliser la disparition l'apparition de l'autre ou l'absence sur fond de présence, il faut du temps pour çà, et nous en pleurons peut-être encore en cachette. 
Commentaire n°6 posté par Marie le 13/11/2010 à 20h30
Non dit : qu'en est-il de la mère - du témoin ?
Réponse de PhA le 13/11/2010 à 22h06
 

lundi 8 novembre 2010

Le Goncourt, c’est utile.

Michel Houellebecq, ou plutôt son dernier livre, vient, viennent donc d’être récompensé(s) par le Prix Goncourt 2010. C’est une information capitale : voici l’indispensable confirmation que ce best-seller – est un best-seller. Il va falloir l’acheter, pour donner son opinion. Parce que c’est très important d’avoir une opinion sur le dernier Houellebecq, et d’avoir une opinion sur le dernier Goncourt. Et c’est mal d’avoir une opinion sur un livre sans l’avoir lu.
Moi j’ai déjà lu deux livres de Houellebecq. C’est énorme, si l’on considère tous les auteurs dont je n’ai rien lu du tout. Et, tiens, si je cherche, je n’ai pas une opinion, mais deux : une pour chacun des deux livres en question. Assez différentes, d’ailleurs. Qui me suffisent, je n’ai pas beaucoup de goûts pour les opinions – ou plutôt : je n’ai guère de goût pour cette idée qu’il faille se faire son opinion. Et puis, je ne peux pas m’empêcher de trouver cette idée de se réunir à plusieurs pour dire quel livre c’est le plus beau, quel livre c’est le meilleur à mettre en grosse pile enrubannée sur les tables des libraires, de trouver cette idée, disais-je, comment dire : un peu cucul. Et même un peu la praline.
Je préfère me réunir avec moi-même, je suis bien assez nombreux comme ça, et vous dire que Faits III, par exemple, (de Marcel Cohen) dans lequel je suis actuellement, eh bien, nous l’aimons, tout simplement.
Aujourd’hui, ce blog a deux ans. En voilà une information importante.



Commentaires

Bon anniversaire à tous : aux hublots, à Monsieur le Comte et sa moitié, à vous et à vous-même, bref, à cette petite assemblée générale, toute en vous réunie.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 08/11/2010 à 15h09
Merci, merci. Demain matin en me réveillant, je pourrai déclarer "la séance est levée".
Réponse de PhA le 08/11/2010 à 22h07
Ainsi vous partîtes seul, vous arrivâtes plusieurs! La troupe s'enrichit de nouvelles recrues à chaque étape... quelle armée! quelle implacable armée!! 
Deux ans, et toutes vos dents! plus quelques autres aiguisées, tranchantes! Sans parler des plumes bien-sûr! 
Le prix Goncourt? Une vieillerie non? Sauf dans le XVI° arrondissement de Paris... peut-être? 
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 08/11/2010 à 15h33
Tiens, le Cid ! Vous l'avez croisée chez Monsieur Le Comte ? (il y est en effet).
Réponse de PhA le 08/11/2010 à 22h11
Houellebecq a le G et sa copine le R. La vie est bien faite.
pendant que j'écris j'entends MH exprimer sa surprise !!!
Je connaissais le linguiste mais pas l'écrivain Cohen
Bon anniversaire aux Hublots, derrière lesquels il fait bon regarder
Commentaire n°3 posté par Zoë le 08/11/2010 à 17h53
Marcel Cohen, c'est grand - et pas assez connu, aussi. Merci !
Réponse de PhA le 08/11/2010 à 22h14
Les yeux mouillés de larmes [salées] et d'écume, à cause des Hublots  (aniv) = je vais le dire à ma mer.
Commentaire n°4 posté par espace-holbein le 08/11/2010 à 18h32
Et entendre ses vagues réponses.
Réponse de PhA le 08/11/2010 à 22h17
Bon anniversaire! M. le comte a tant posté et tant construit derrière les hublots que je le croyais plus vieux que ça...
Commentaire n°5 posté par Romain le 08/11/2010 à 19h17
Merci ! (C'est vrai que Monsieur Le Comte fait beaucoup plus vieux que son âge, le pauvre.)
Réponse de PhA le 08/11/2010 à 22h18
Très très bon anniversaire à vous et aux hublots, du merveilleux, plein les mirettes.
Marie
Commentaire n°6 posté par Marie Guegan le 08/11/2010 à 22h20
Tiens, Marie ! ça faisait longtemps. Merci beaucoup, et pour la visite !
Réponse de PhA le 08/11/2010 à 22h22
Que les artifices fassent feu de tes hublots ! Andiamo et longue vie !
Commentaire n°7 posté par Pascale le 08/11/2010 à 23h17
Merci Pascale ! (Et merci pour samedi !)
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h09
Très bon anniversaire et très longue vie aux hublots !
Commentaire n°8 posté par cgenin le 08/11/2010 à 23h38
Merci Marraine !
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h10
AIGRI ! JALOUX !
(Ne pa se fier aux apparences : en fait, c'est que je me suis dit à moi-même en apprenant qu'on avait épuisé le premier tirage de Monsieur le Comte.)
Bon anniversaire !
Commentaire n°9 posté par Didier da le 09/11/2010 à 08h50
Tiens, le parrain ! Pour les remerciements, Monsieur Le Comte se joint à moi (par la figure).
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h12
C'est CE que. Le dépit m'égare. ^^
Commentaire n°10 posté par Didier da le 09/11/2010 à 08h52
Les errances des égarés dépités font parfois de belles bal(l)ades.
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h14
Deux ans seulement ! On a l'impression que ces Hublots naviguent depuis plus longtemps, ils font partie du paysage marin.
Houellebecq : sa veulerie et son j'enfoutisme (sur France Inter en ce moment) ne poussent pas à acheter sa dernière "production". Il a eu une "crise de masochisme", mais fait preuve, en tout cas, d'un sadisme médiatique assez important.
"La coupe du Monde, sans Thierry Roland, c'est moins bien, c'est pas pareil du tout" : tirez l'échelle (pas celle de Monsieur Le Comte).
Commentaire n°11 posté par Dominique Hasselmann le 09/11/2010 à 08h58
Il faut quand même dire qu'en 2005, je ne connaissais même pas l'existence d'Internet. (Houellebecq, c'est peu comme le Goncourt : un faux sujet. Il faudrait n'en plus parler pour le laisser écrire ; alors, on verrait.)
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h19
Joyeux anniversaire ! C'est important de le fêter. Je vous félicite en plus pour votre bonne mine réjouissante sur les photos.
Si MH est notre Balzac (un critique), alors Balzac est prix Goncourt. La nouvelle devient scoop.
Commentaire n°12 posté par David Marsac le 09/11/2010 à 09h06
N'est-ce pas ? Je comprends que je devienne un objet publicitaire.
Que pense Balzac du Prix Goncourt ?
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h20
En tant qu'exégète (du dimanche), je crois comprendre pourquoi tu t'intéresses tant à Faits...
Commentaire n°13 posté par tor-ups le 09/11/2010 à 09h27
Du dimanche, sans aucun doute - mais extra-lucide.
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h21

Bon anniv et bravo pour la régularité des billets, dont on ne se lasse pas... Ce phénomène des prix est étrange : tout le monde s'en gausse et se plaît à dénoncer les connivences, bien sûr, mais également l'idée qu'un « auguste aréopage », qui n’est en réalité qu’un aréopage d’Augustes, preuve est faite chaque année, puisse sans coup férir ravir notre propre jugement et lui substituer leur médiocre verdict (et je ne parle pas seulement du laurier final, mais des ‘listes’ de présélectionnés forcément limitatives : une évidence, qui frappe au passage de caducité les honteusement prémâchés ‘prix des lecteurs’, façon France Inter, désolé de l’écrire). Et pourtant chaque année, même tintouin, même commentaille, même rangée d’honneur autour des lauréats, mêmes entourloupes médiatiques – j’ai par exemple eu la douleur d’entendre ce matin mon éditrice du Rouergue, Sylvie Gracia, interviewée à propos du Goncourt, sur France Inter. A son corps défendant (on l’interroge sur Claudie Gallay, on coupe ce qui a été dit, on prend ce qui intéresse, on le colle au bon moment et le tour est joué) elle accréditait l’idée stupide, scandaleusement mensongère, formulée dix secondes plus tôt par un journaleux, qu’un best seller est de l’ordre du miracle et non de la préfabrication et qu’un prix peut être attribué à un tout petit éditeur. 
Commentaire n°14 posté par jf paillard le 09/11/2010 à 10h03
Le fond de ma pensée, c'est que le Goncourt et les prix qu'il a générés autour de lui sont devenus une nuisance pour la littérature, et ça concerne aussi très souvent les auteurs primés. On sent jusque dans certaines écritures comme une torsion vers l'éventualité d'un prix, qui passe par un formatage mortifère, encouragé par les éditeurs qui savent pouvoir le décrocher. Bref, c'est assez déprimant.
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h30
...mais oublions cela et réjouissons-nous de l'insolente vitalité de bien d'autres formes de littérature...
Commentaire n°15 posté par jf paillard le 09/11/2010 à 13h37
Tout à fait, Jean-François ; c'est d'ailleurs d'abord pour ces sortes de réjouissances que j'ai ouvert ces Hublots.
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h58
Ils pourraient donner le prix Goncourt à télé 7 jours - ça me ferait le même effet.
Commentaire n°16 posté par tor-ups le 09/11/2010 à 13h49
(Ne le répète pas mais je sais de source sûr que Télé 7 jours sera dans la sélection du Goncourt 2011.)
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 13h59
j'ai jamais lu de H. (j'écris H parce que j'ai peur de faire une faute)... qu'un eptit texte qui n'était pas mal, il y a fort lgtps et que j'ai un peu oublié... mais ma mémoire n'est pas garante de la qualité du texte...
En revanche, je suis sidérée de voir que j'ai mis les presque mêmes bougies sur la page de mon blog pour des raisons presque similaires! (un an seulement, et le 9) Juré, je n'avais pas lu le vôtre avant!!
Alors : bon anniv!
Commentaire n°17 posté par Aléna le 09/11/2010 à 15h13
Mais moi aussi j'ai lu un bon livre de H, et un mauvais. Ce qui m'énerve, c'est l'idée qu'il faille lire tel ou tel. (Ces bougies, ces petits coeurs et ces noeunoeuds, je trouvais que ça allait bien avec l'idée que je me fais du Goncourt, en fait.) Merci !
Réponse de PhA le 09/11/2010 à 16h30
À mon avis, le Goncourt a pour principale fonction de catalyser les contestations et de concentrer contre lui les mécontentements. Dans l'espace littéraire, il est une sorte de paratonnerre à siphonner les énergies. D'où l'importance d'organiser les courts-circuits, les shuntages, les détournements en tous genres, les impasses, les virages dans les décors.
Personnellement, je pense que MH est le plus grand des écrivains français depuis Balzac. J'en parle avec d'autant plus de détachement que je n'ai lu aucun de ces livres. J'ai pourtant la certitude que MH est la réincarnation de Balzac sous le nom de Kol Osher, auteur du best-seller BALZAC REVIENT.
Commentaire n°18 posté par David Marsac le 09/11/2010 à 17h52
Monsieur Le Comte est épuisé???!!! ... Ça se conçoit très bien après tou! Bravo, Philippe!!
Commentaire n°19 posté par Depluloin le 09/11/2010 à 19h56
C'est à l'épuisement qu'on reconnaît le champion.

Réponse de PhA le 09/11/2010 à 20h53
En tapant Afzien, pour vérifier si c'était lui - du coup je ne sais pas, dans Google images, je tombe sur

Commentaire n°20 posté par Pascale le 09/11/2010 à 21h49
(C'est Ferdi Kubler. Il n'a jamais eu le Prix Goncourt - mais il a gagné le Tour de France  !)
Réponse de PhA le 10/11/2010 à 12h03
On ne m'avait jamais dit qu'il "fallait" lire Houellebecq. Ses premiers romans il fallait presque les lire sous le manteau, ceux qui n'avaient jamais rien lu de lui le traitaient de pervers et ne savaient rien de son style, de son écriture et ne parlons pas de ses poèmes.. Des c... si je puis me permettre.  Lire avant de médire. J'aime cet écrivain. Je n'achète jamais un livre parce qu'il a eu le Goncourt. Il se trouve que j'ai lu La carte et le territoire avant qu'il ne l'obtienne et que je l'ai aimé mais il n'avait pas besoin du Goncourt, d'ailleurs ses précédents romans méritaient, s'il le fallait, le prix Goncourt bien plus que ce dernier.
On peut aimer l'écrivain Annocque et l'écrivain Houellebecq
Bon anniversaire Messieurs les Hublots;-)
Commentaire n°21 posté par Ambre le 09/11/2010 à 23h05
Mais oui : moi-même j'ai aimé Extension du domaine de la lutte. Ce que je n'aime pas, c'est ce que représente le Goncourt.
(Merci !)
Réponse de PhA le 10/11/2010 à 12h10
(Mince, l'image a disparu ! C'était un gros monsieur en maillot sur un petit cannot... :http://gewebkijk.punt.nl/?r=1&id=561209)
Commentaire n°22 posté par Pascale le 09/11/2010 à 23h27
Il a disparu même de ton lien, dirait-on.
Réponse de PhA le 10/11/2010 à 16h23
@ David Marsac : vous avez raison, Houellebecq = Jean Mineur publicité, Balzac 001...
Commentaire n°23 posté par Dominique Hasselmann le 10/11/2010 à 12h06
@ Dominique Hasselmann : Dans la famille "Pub mythique". Bonne pioche !
Commentaire n°24 posté par David Marsac le 10/11/2010 à 21h40
@ David Marsac : ce qui est bien, c'est qu'ils ont quand même gardé l'essentiel (malgré la modernisation du film avec ce tapis roulant en forme de travelling) : la musique !
Je remets aussi le numéro en plus lisible - j'avais oublié un zéro, celui destiné à Houellebecq, chantre de Sarkozy :
Balzac 0001
Commentaire n°25 posté par Dominique Hasselmann le 11/11/2010 à 05h54
Bon anniversaire, monsieur Hublots !
Je vous souhaite:
- de rester du bon côté du hublot.
- de ne pas voir celui-ci se voiler, formule empruntée à Sollers, par le conformisme ambiant, et probablement durable, hélas.
- un joyeux et tonitruant onze novembre !
Commentaire n°26 posté par Dominique Autrou le 11/11/2010 à 10h48
Merci pour vos voeux, Dominique ! (Vous avez compris que du conformisme je n'aime ni l'isme ni le con.)
Réponse de PhA le 11/11/2010 à 14h40
OUi le Goncourt c'est utile, comme les Césars, les 7 d'or, les hots d'or, les Molières et autres niaiseries du talent auto proclamé et de l'auto satisfaction des habitués de salons parisiens...
Félicitations pour les 2 ans de ce blog !
Aralf
http://les-jardins-d-aralf.over-blog.fr/
Commentaire n°27 posté par Aralf le 12/11/2010 à 10h39
C'est pour faire plaisir à Michel que vous comparez le Goncourt aux Hots d'or ?
(Merci !)
Réponse de PhA le 12/11/2010 à 11h06
Le livre de Houellebeq ? Je le lirai peut-être dans deux ans ou trois ou pas du tout. Pour le moment je relis Simenon et c'est très bien.
Commentaire n°28 posté par Dominique Boudou le 06/12/2010 à 17h38
Un livre doit résister au passage du temps - et le bruit excessif qui entoure certains est une pollution nuisible à la lecture. Il y a plusieurs auteurs dont j'attends non sans quelque impatience qu'on parle moins afin de pouvoir les lire tranquille.
Réponse de PhA le 06/12/2010 à 21h25
 

lundi 1 novembre 2010

Maryama Adougaï ne crie plus au secours.

Tu es en train de brûler au premier étage du bâtiment Kam Yip. Tout crépite autour de toi. Drogman Baatar est mort. Nous allons tous vers toi. Nous échangeons nos derniers souffles. Mes souvenirs sont les tiens.
 
Tu es en train de brûler au premier étage du bâtiment Kam Yip. Tout crépite autour de toi. Drogman Baatar est mort. Je vais à toi. Nous allons tous vers toi. Nous échangeons nos derniers souffles.
Ta mémoire coule à l’extérieur de tes yeux.
Mes souvenirs sont les tiens.
 
Tu es en train de brûler au premier étage du bâtiment Kam Yip. Tout crépite autour de toi. Drogman Baatar est mort. Elli Zlank brûle lui aussi, quelque part au rez-de-chaussée. Maryama Adougaï ne crie plus au secours.
Les incendies ont fait partie de notre quotidien depuis notre plus tendre enfance. Les immeubles du camp avaient des installations électriques défectueuses. Des courts-circuits se produisaient sans arrêt, souvent bénins, sans conséquence autre que des pannes et la puanteur du plastique en train de fondre, mais parfois graves, et alors nous devions en hâte évacuer les locaux, au milieu des cris, des fumées et de la panique. Il y avait aussi les bombes larguées du ciel par l’ennemi, toujours accompagnées de flammes gigantesques et de malheur.
C’est pourquoi, même pendant les périodes calmes, nous avions l’impression que nous étions à la fois des sous-hommes et des habitants des ruines et du feu.
Je me rappelle les livres que nous lisions, les histoires que les adultes nous racontaient. Notre culture allait dans toutes les directions, mais, dans de nombreux cas, elle reflétait la réalité de notre routine : une fraternité égalitariste que tout mutilait, un paysage de cendres, de barrières, d’enfermement, un ciel lourd, et là-dessus, l’irruption fatale des flammes.
Je vais à toi. En ce moment, nous sommes avec toi. Nous allons tous vers toi. Nous échangeons nos derniers souffles. Ta mémoire coule à l’extérieur de tes yeux.
Mes souvenirs sont les tiens.
 
Tu es en train de brûler au premier étage du bâtiment Kam Yip. Tout crépite autour de toi. Drogman Baatar est mort. Elli Zlank brûle lui aussi, quelque part au rez-de-chaussée. Maryama Adougaï ne crie plus au secours. Elle a peut-être cessé de vivre.
(…)
 
Manuela Draeger, Onze rêves de suie, « La bolcho pride », L’Olivier, 2010, p. 15-16.
 
Je viens juste de finir la lecture de ces Onze rêves de suie et forcément je reviens vers les premières pages, construction en entrevoûtes oblige (même si le genre n’est pas précisé). En lisant ce livre et ses deux consanguins, je retrouve en moi un lecteur d’autrefois, « en prise directe ». Volodine est grand et Manuela Draeger est l’un de ses beaux visages.



Commentaires

Ces flammes, forcément Fahrenheit 451, mangent aussi les livres et "les petits romans" qui s'enfournaient comme l'avalée des avalés, dragées poivrées au souvenir.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 01/11/2010 à 19h37
Pour le traitement de la littérature, il faut lire Ecrivains !
Réponse de PhA le 02/11/2010 à 11h14
C'est beau la lecture d'un livre par celui qui l'a écrit. Et cette histoire de petite fille emportée sur les épaules des grands dans la "bolcho parade" ça m'a évoqué des scènes récentes.
Commentaire n°2 posté par Zoë le 01/11/2010 à 22h17
Ce qu'il reste de l'humanité est beau vu par Manuela Draeger.
Réponse de PhA le 02/11/2010 à 11h22