dimanche 27 février 2011

écoutons le sage en nous


 
Allons, si tout va mal, au fond c’est que tout va.


Commentaires

Je t'écoute, mille millions de mille milliards de mille sabords !
Commentaire n°1 posté par Moons le 27/02/2011 à 22h22
Qu'est-ce que c'est que ce langage, nom d'un homme !
Réponse de PhA le 28/02/2011 à 19h11
Mi-chanvre, mi-coton, Milou ?
Commentaire n°2 posté par L.....................................uC le 28/02/2011 à 07h50
Je préfère : la laine, ça pique.
Réponse de PhA le 28/02/2011 à 19h12
Une petite gigue ?
Commentaire n°3 posté par Gilbert Pinna le 28/02/2011 à 08h04

Réponse de PhA le 28/02/2011 à 19h15
ce qui compte est donc d'aller? de ne pas y rester?
mais où?
Commentaire n°4 posté par Aléna le 28/02/2011 à 09h49
C'est vrai que rester, parfois, c'est pas mal non plus.
Réponse de PhA le 28/02/2011 à 19h16
Soyez heureux : tout va mal !
comme dit Clément Rosset qui par ailleurs fait référence à Tintin.
Commentaire n°5 posté par albin le 28/02/2011 à 13h39
Je n'ai pas souvent croisé Clément Rosset, mais à chaque fois c'est une rencontre.
Réponse de PhA le 28/02/2011 à 19h19
Je t'écoute, mille millions de mille milliards de mille sabords :
Pardon, Philippe, ces petites bestioles jaunes ont encore dérapé.
Commentaire n°6 posté par Moons le 28/02/2011 à 21h53
Voilà un dessin vraiment animé !
Commentaire n°7 posté par Dominique Hasselmann le 01/03/2011 à 14h36
 

dimanche 20 février 2011

La France se lance dans l’exportation des bonnes manières.

La France se lance dans l’exportation des bonnes manières.

La vidéo a été supprimée, on se demande bien pourquoi.

Commentaires

La diplomatie française est en pleine restructuration, dirait-on. Comment dit-on péronnelle pour un grand garçon au fait ?
Commentaire n°1 posté par ArD le 20/02/2011 à 11h40
Péronneau ? Perroquet ? Pérorateur ?
Réponse de PhA le 20/02/2011 à 20h42
Envoyer un guerrier - ce qu'il est - en Tunisie, après l'Irak, n'était peut-être pas le meilleur signe à donner! 
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 20/02/2011 à 15h30
En l'écoutant, en le regardant joindre le geste à la parole, une image m'a traversé.

Réponse de PhA le 20/02/2011 à 20h37
Ce petit "Sarko boy" s'était déjà illustré, avant d'être bombardé à Tunis, en posant sur Internet en petite tenue.
Sa conférence de presse récente n'aura fait qu'ajouter une touche à ce que "L'Irréductible" nommait le 18 février dernier la "diplomatie foutaise" et que le président de la République actuel peut accrocher à son veston comme une Légion de déshonneur.
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 21/02/2011 à 10h26
Il a de belles tablettes. C'est des vraies ? On peut toucher ? (Pardon pour le niveau du commentaire - qui paraît requis par la photo !)
Réponse de PhA le 21/02/2011 à 15h11
Je n'ai pas l'intention de retourner ma veste ni aujourd'hui ni demain, mais franchement en regardant plusieurs fois cette vidéo on s'aperçoit que cet ambassadeur ne plante pas là les journaliste mais une journaliste, après la conférence de presse donc, avec laquelle il s'entretient en arabe. Qui comprend l'échange? Et la raison de son agacement? Il y a quand même une grande mauvaise foi dans la façon de rapporter l'incident.
Par ailleurs, ce diplomate, hors norme en effet, a été envoyé à ce poste stratégique pour parer ou tenter de parer à la menace islamiste - dont on voit bien maintenant qu'elle est réelle.
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 21/02/2011 à 12h02
Après avoir repoussé le micro il lui juste dit que ses questions étaient débiles, nulles et lamentables (vu sur une autre vidéo plus longue). Il a le droit de le penser, après tout ; mais le dire, et surtout dans ces termes, c'est pour le moins manquer de... diplomatie. Sans parler de son arrogance à table ; il est content de lui, vulgaire et décomplexé, comme son maître.
La menace islamiste en Tunisie ? Je préfère faire confiance aux Tunisiens pour l'endiguer. Nous avons bien notre "menace" FN en France, qu'on nous brandit comme un épouvantail blond à tout bout de champ - et qu'on surestime, à mon avis.
Réponse de PhA le 21/02/2011 à 15h23
Qu'il ait une belle tête à claques, ça c'est certain! Bon... 
Commentaire n°5 posté par Depluloin le 21/02/2011 à 18h50
Comme je suis un peu vieille France, plutôt que la tête j'aurais préféré qu'il se contentât du chapeau.

Réponse de PhA le 21/02/2011 à 23h54
@ Depluloin : si l'on regarde de plus près, la "menace islamiste" (brandie en "une" par des hebdos comme Le Point ou L'Express) est un épouvantail destiné à faire passer au second plan les revendications démocratiques des peuples qui se soulèvent contre les tyrans locaux.
L'ambassadeur Boillon est un séide de Sarkozy : si ce qu'il a dit lors de sa conférence de presse était acceptable, on se demande bien pourquoi il aurait dû aller à la télé, comme à Canossa, pour s'excuser platement.
Commentaire n°6 posté par Dominique Hasselmann le 22/02/2011 à 07h51
@ PhA : pour les "tablettes", je ne suis pas spécialiste en chocolat.
Par contre, pour "notre" nouvel ambassadeur en Tunisie, voici quelques carrés pour compléter le portrait !
Commentaire n°7 posté par Dominique Hasselmann le 22/02/2011 à 08h47
@ Dominique Hasselmann : Oui, j'entends bien ce que vous dites. Et tout va si vite depuis hier lundi! On parle déjà de "mur de Berlin", à raison sans doute? ... Pour notre fameux (!) ambassadeur j'avais entendu dire par des sources disons "privées" combien il avait été remarquable en Irak, sauvant presque la situation (!) de la France là-bas. Ce que semble suggérer l'article du Nouvel Obs que vous avez mis en lien. Autrement, je sais qu'il fait partie de cette nouvelle génération d'ambassadeurs, jeunes, dont certains ont eu ou ont toujours un pied dans la DGSE. On les a vu apparaître après la chute du mur de Berlin justement dans les pays dits fragiles ou difficiles, en guerre larvée ou non, (Croatie, Serbie, etc..) Un des plus remarquable est celui d'Haïti qui, toujours d'après mes sources "privées" a dû faire face à des problèmes dignes de films d'espionnage tout en devant faire face à cette catastrophe humanitaire du tremblement de terre.
Ciel, je me passionne! 
Et la Rollex! ... la Rollex à elle seule viendrait contredire tout ce que je viens de dire! Ha! ha!
Commentaire n°8 posté par Depluloin le 22/02/2011 à 11h47
Depluloin ne nous égarons pas.
Mais comme a dit notre nouveau maître à penser, Boris Boillon, en novembre 2010, "dans sa vie on fait tous des erreurs et on a tous le droit au rachat". Il parlait généreusement de Kadhafi... qui "a peut être été un terroriste," - non pas peut être, c'est certain - "je vous le concède, je ne suis pas avocat".
Oui on dirait plutôt un curé dans un corps de boysband. La sarkozy incarnée. Le Verbe sarkozien s'est fait chair. Qui est avocat déjà?
A moins que Sarkozy ne soit l'esprit de l'époque? Oui, quelque chose comme ça. Il ne s'est pas élu tout seul que je sache. Boris Boillon est le fils de Kadhafi et le clone de Sarkozy. Il ne devrait plus aller très loin maintenant. Heureusemnt qu'on est bien renseigné dans les officines du quartier Latin.
Il faudra réfléchir avant de réélir un avocat d'affaires.
Et pourquoi faut-il sauver la France en Irak ? Depluloin, vous allez dépasser maître Boillon. Je croyais qu'on aidait les irakiens... les marchés de reconstruction qui sont attribués à la France le sont peut-être aussi grâce à la pagaille causée par les américains. Et les mythes se forment si vite avec les kilomètres. Et cette autosatisfaction, en des temps où une forme d'humilité serait plus adaptée, est une signature d'une indécence qui résonne depuis la désormais célèbre "nuit du Fouquet's"... Je la trouve maintenant bien reconnaissable. Rechaussez vos lunettes...
Commentaire n°9 posté par Souricette le 01/03/2011 à 00h09
L'Irak qu'on a privé de sa révolution, d'ailleurs ; sans Bush elle serait peut-être à l'oeuvre à l'heure qu'il est.
Réponse de PhA le 01/03/2011 à 13h58
Mais c'est peut-être aussi parce que les américains se sont gravement enlisés en Irak, Afghanistan, Pakistan et sont en tête à tête glaciaire avec l'Iran, que les autres peuples ne les ont pas eu sur le dos et ont pu faire ce qu'ils ont fait.... Les occidentaux bien occupés dans un fossé de plus en plus profond, voyant tout le monde arabe selon un prisme mi-sérieux mi-délirant... les lunettes de Bush...
Savez vous qu'aujourd'hui l'Amérique met en prison ses écologistes pour "éco-terrorisme" ? (20 ans de réclusion pour l'incendie de 3 camions vides, heureusement le jugement a pu être cassé au bout de 9 ans...) et s'offre un nouveau boulevard de bavures stupéfiantes ? Je pense que Bush, ses conseillers et Kadhafi pourraient s'installer dans le même asile.
Commentaire n°10 posté par Souricette le 01/03/2011 à 20h44

samedi 19 février 2011

des cris en zone étanche

Mardi, quinze heures. Le soleil irradie la place du bourg. Le thermomètre frôle les 35°C. Hommes et femmes regardent, en s’épongeant le front, le fourgon couleur lie-de-vin fendre lentement la foule pour venir se positionner en marche arrière devant la grille, face au porche de l’église. Deux croque-morts ouvrent le hayon pour en extraire le cercueil. La Taille est dedans.
La tête du Capitaine dépasse deux rangées derrière. A son avis, en ce moment, le mort les voit. C’est ce qu’il glisse à l’oreille de Jimmy. Qui ne s’en étonne guère. Sa mère, quand il lui rend visite à l’hôpital, tient à peu près les mêmes propos. Selon elle, père et grand-père zigzaguent toujours, de retour de pêche, sur le chemin de la corniche qui tourne en épingle à cheveux à l’endroit exact où leur voiture quitta le bitume pour disparaître, dix mètres en contrebas, engluée au fond des étangs. Disant cela, elle dodeline de la tête et ajoute qu’elle entend les pneus du véhicule crisser d’effroi certaines nuits dans ses rêves. Alors, elle hurle. Et eux aussi. Mais personne, « pas même l’infirmière », ne les entend. Cela, Jimmy n’a pas de mal à le comprendre. Ces cris venus d’ailleurs circulent en zone étanche. Entre des murs imaginaires, à l’intérieur des têtes. Il les connaît. Il en a tant proféré, jadis, pour rien, en pure perte, pour conjurer ses peurs, pour oublier ses tremblements, pour que son corps existe et crache des invectives au monde entier sans que personne, jamais, ne puisse saisir ces gueulasses lâchées dans les bruines glacées, au cœur des noroîts déchaînés, quand il dérivait en apesanteur, enfermé, trempé, tremblant, claquant des dents dans sa cage de fer et de plexiglas secouée, les jours de gros temps, par des vents violents. Lui aussi implorait alors les morts. Il ne les voyait pas mais supposait que eux, au contraire, avaient pouvoir de le suivre à la trace et d’intercepter ce qu’il ressentait.
 
Jacques Josse, Cloués au port, Quidam, 2011, p. 35-36.
 
http://www.quidamediteur.com/imagenes/portadas/ClouesauPortG.jpg 
Entre la mer où l’on ne vogue plus qu'en rêve et le port où les personnages sont cloués par le sort puis par la canicule, la langue française comme dirait le poète a la mort – à moins que ce ne soit les morts – qui est, qui sont bel et bien le sujet de Cloués au port. Avec un s parce qu’ils sont plusieurs à l’être mais quand même surtout deux, une voix et une oreille, le grand corps sonore du capitaine qui fait bien le double du volume de son auditeur principal, le frêle Jimmy, qu’il occulte au point qu’on manquerait presque de remarquer, surtout au début, combien ce second personnage, effacé et atteint de tremblements nerveux, est peut-être le principal, celui en tout cas qui nous incarne. Mais je vois qu’on a déjà fait le travail pour moi : écoutez donc Nikola Delescluse en parler sur Paludes, et lisez Dominique Dussidour sur remue.net, Paul de Brancion sur Robert le Diable ou Romain Verger sur Membrane.


Commentaires

Merci pour Jacques Josse,une grande voix poétique que j'aime tout particulièrement.
Commentaire n°1 posté par Marie Guegan le 20/02/2011 à 20h10
Très beau livre, Marie ; je vous le recommande.
Réponse de PhA le 20/02/2011 à 20h34

vendredi 18 février 2011

postface posthume

A vouloir raconter une histoire irracontable, lorsqu’on n’est pas soi-même un conteur avéré, on a toute chance de ne pas se faire comprendre. On aura eu beau soin de disséminer des indices, petits cailloux blancs tout au long du texte, cela risque fort d’être inutile.
D’ailleurs, les indices disséminés ne sont jamais relevés par le lecteur, qui les voit, les observe et les rejette comme non pertinents. Aussitôt oubliés. Il n’en veut pas. Et quand vous les lui pointez du doigt, il vous regarde froidement dans les yeux, en silence.
En outre, et tout à fait objectivement, pourquoi avoir donné tant d’importance au personnage féminin, qui en réalité ne joue d’après moi (je peux me tromper) qu’un rôle mineur dans l’histoire, si c’était pour réduire son destin à la fuite furtive de quelques grammes velus ? (Quelques grammes auxquels, j’imagine, se réduisaient nos ancêtres, vers la fin du crétacé.)
Certes, affirmer l’impossibilité de dire, ou tout au moins de se faire entendre ; nier (le monde, soi-même), c’est quand même un plaisir. Coupable ?


Commentaires

Mais depuis quand le lecteur devrait-il tout comprendre?! Est-ce souhaitable d'ailleurs? (Triste destin de l'écrivain qui n'écrit pas ce qu'il veut et lorsqu'il l'écrit rencontre le silence.)
Bon, j'imprime et ajoute cette postface essentielle à mon exemplaire! ;) 
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 19/02/2011 à 18h48
Ah mais j'espère bien qu'il ne va pas tout comprendre, le lecteur ! C'est d'ailleurs pour ça (je me méfie, il y a quand même des petits malins qui seraient capables de comprendre plus qu'il n'est nécessaire) que je n'ai posté que la postface de ce récit inédit, qui ainsi sera autorisé à vivre sous les formes les plus variées dans les imaginations les plus variées.
Réponse de PhA le 19/02/2011 à 19h02
Ou à varier, ou avariées.
Commentaire n°2 posté par Moons le 19/02/2011 à 19h10
Tiens, Moons ! J'ai bien envie de vous asseoir face à votre pupitre et de vous demander de m'imaginer le récit ainsi postfacé. Allez, un peu d'exploitation de texte !
Réponse de PhA le 19/02/2011 à 19h16
mais le lecteur comprend tout; simplement, son privilège de lecteur l'autorise à tout réinterpréter à sa sauce, action qui ne concerne en rien l'auteur (qui, dans l'ensemble, ne comprend que très peu le pourquoi de son écriture^^); donc à chacun sa tasse de thé, le monde est plutôt bien fait, non?^^
Commentaire n°3 posté par gmc le 19/02/2011 à 19h28
D'ailleurs je ne suis pas bien sûr d'être moi-même d'accord avec ce que dit cette postface.
Réponse de PhA le 19/02/2011 à 21h05
c'est tout à fait normal: écrire est un acte, lire, un autre, relire, un troisième; je vous fais confiance, vous trouverez bien un consensus si nécessaire^^
Commentaire n°4 posté par gmc le 19/02/2011 à 22h23
Et je ne crois pas du tout que ce soit indispensable !
Réponse de PhA le 19/02/2011 à 22h47
 

mardi 15 février 2011

il voudrait juste que tout le monde lise les côtés cachés de Pascale Petit

Elle écrit des livres où les femmes s’appellent elles et les hommes ils. Parfois c’est elle et ils, ou même elles et il. Il lit les livres qu’elle écrit et voit qu’on peut écrire de la poésie sans les mots de la poésie, qu’il y a plus de poésie peut-être dans la poésie sans les mots de la poésie, et qu’on parle aussi bien ou même mieux de l’amour sans dire l’amour.
Souvent comme ici il n’y a même pas les vers de la poésie.
Cette fois il y a juste elles ou elle et ils ou il et ils veulent d’elle ou d’elles quelque chose qu’ils n’auront pas, qu’ils n’auront pas même quand ils l’auront, ou qu’ils auront sans savoir qu’ils l’ont. Il y a tant de côtés cachés. Elles ne comprennent pas ce qu’ils veulent, comprennent-ils eux-mêmes ce qu’ils veulent ? On ne sait pas vraiment ce qu’ils pensent encore moins ce qu’elles pensent alors ne parlons pas de ce qu’elles ou ils comprennent. En tout cas ils veulent quelque chose et elles aussi sûrement et on a peur qu’ils lui fassent mal qu’il lui fasse mal à faire comme si elle n’était pas elle, pourquoi aussi se laisse-t-elle faire comme si elle n’était pas elle.
Il y a tant de côtés cachés.
Il voudrait juste que tout le monde lise les livres qu’elle écrit, il ne sait pas bien comment s’y prendre.
Le monde par exemple pourrait commencer par explorer les côtés cachés de Pascale Petit ; c’est en sortant de cette lecture qu’il a eu envie d’écrire ça.
Il se dit aussi qu’il aurait peut-être tout aussi bien pu donner à lire un passage de ce qu’il vient de lire :
 
  
 
Il arrive que tout à fait exceptionnellement quelques-uns réussissent sans difficulté à en faire entrer une complètement dans la malle. La première tentative, parfois, suffit, et les voilà qui portent tous bien haut la malle au bout de leurs bras, en poussant des cris de joie.
 
Très vite, cependant, leur insatisfaction naturelle semble reprendre le dessus : à peine est-elle entrée dans la malle qu’ils veulent déjà la faire ressortir. Pour la faire entrer à nouveau ?
 
Quelle qu’en soit la raison – ne change rien. Elle, ne veut plus sortir et pour gagner sans doute un peu de temps, elle leur jette des choses qu’ils observent minutieusement ou des choses encombrantes qu’ils ont du mal à déplacer.
 
Ils essaient en réalité peu de choses pour la faire sortir : ils pensent en leur for intérieur que forcément, elle finira par vouloir sortir d’elle-même (et certains ont alors très peur qu’une fois dehors, elle ne veuille plus rentrer et que même si elle veut bien tout de même rentrer, elle ne veuille plus encore sortir).
 
Ils ont l’idée de susciter sa curiosité pour l’inciter à sortir et emportent la malle un peu partout avec des cris d’étonnement, mais c’est tout juste si elle soulève un peu le couvercle pour voir où elle est : elle voit qu’ils ont mis leurs plus beaux habits et qu’ils lui indiquent quelque chose d’éloigné.
 
Ils l’emmènent en fait chaque fois près d’un étang différent où rien ne bouge et ils attendent pendant des heures en imaginant que peut-être, elle va sortir en ayant doublé de longueur.
 
Ils se questionnent du regard, puis dissimulent leur regard.
 
Pascale Petit, les côtés cachés, p. 31-32., Action Poétique éditions, 2011, Collection Biennale des Poètes en Val-de-Marne.


Commentaires

Une façon bien à elle de se faire la malle. Oui.
Commentaire n°1 posté par Pascale le 15/02/2011 à 16h37
Toujours quand il a le dos tourné.
Réponse de PhA le 15/02/2011 à 18h39
Pouêt
Commentaire n°2 posté par Moons le 15/02/2011 à 18h20
Pouêt ? ou pouêt ?
Réponse de PhA le 15/02/2011 à 18h37
Pfffff, c'est facile de se moquer des côtés cachés des gens qui savent pas comment, euh bref.
Commentaire n°3 posté par Moons le 15/02/2011 à 22h48
L'URL n'est pas valide et ne peut être chargée.
(En effet !)
Réponse de PhA le 16/02/2011 à 18h33
Comme vous parlez bien de cette auteure (si, le "e" est de rigueur maintenant! un récent décret...) et de son univers impitoyable. On a l'impression de la/le toucher du doigt! 
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 16/02/2011 à 11h25
Cette auteure avec un e ? Où avez-vu ça ? Mais non : on doit écrire cette hauteur, avec un h, évidemment ! (Certains préfèrent "cette altitude" ; ça se discute.)
Réponse de PhA le 16/02/2011 à 18h37
"... de son univers impitoyable." ... "Le nôtre", ai-je oublié d'ajouter. Ça change tout. 
Commentaire n°5 posté par Depluloin le 16/02/2011 à 12h34
Je m'aperçois que je ne vous ai pas félicité sur votre beau chapeau.
Réponse de PhA le 16/02/2011 à 18h40
Ceci n'est pas une URL, c'est un de mes côtés cachés
Commentaire n°6 posté par Moons le 16/02/2011 à 20h24
Je croyais qu'Internet appelait ses côtés cachés "erreurs 404".
Réponse de PhA le 16/02/2011 à 20h33
Non, maintenant, c'est l'erreur 5008 (pour pas cher) !
Commentaire n°7 posté par Moons le 16/02/2011 à 20h42
Vroum.
Réponse de PhA le 17/02/2011 à 15h07
heu, c'est quoi les mots de la poésie? ya un bréviaire spécial, tout n'est pas autorisé?
Commentaire n°8 posté par gmc le 17/02/2011 à 14h48
Il y a des guillemets, évidemment.
Réponse de PhA le 17/02/2011 à 15h06
ha, dsl, pas vu les guillemets;  et si on écrit de la poésie sans ponctuation, genre souffle, on peut s'en servir aussi, des guillemets?
Commentaire n°9 posté par gmc le 17/02/2011 à 15h11
Aucun problème : pas besoin de mettre les guillemets pour qu'ils y soient.
Réponse de PhA le 17/02/2011 à 15h15
bon, j'essaierai de m'en servir comme drapeau par exemple l" ou comme banderole, ça peut être utile par les temps qui courent l"l
Commentaire n°10 posté par gmc le 17/02/2011 à 15h32

samedi 12 février 2011

un air de blouse


Je le reconnais : de temps en temps, j’en ai assez du collège. Enfin, du collège ; je devrai dire : de l’Education nationale. Et de plus en plus souvent depuis les coups de boutoirs qu’elle a reçus de Claude Allègre d’abord, puis et surtout de la clique à Sarkozy. Dans ces moments-là, je me dis : Heureusement qu’il y a les élèves. Et parfois, il y a aussi les témoignages d’anciens, qui font chaud au cœur. C’est dans les commentaires, tout en bas de ce billet de Dominique Hasselmann, vieux de près d’un an et illustré, jolie coïncidence, de la photo qui a servi à mon portrait géant d’hier. (Tiens, ça me rappelle que moi aussi, j’ai eu un professeur d’exception, qui l’est toujours, et dont j’ai le bonheur de pouvoir lire les livres. La transmission, ça n’est pas le domaine réservé des mécaniciens automobile et des télépathes.)

Commentaires

Moi, j'en ai tellement plein le... que je suis arrêté. Mais oui, il y a les témoignages d'anciens élèves, parfois vingt après, qui viennent me voir. L'un d'eux, quasiment célèbre, est venu chez moi avec une documentariste. Il y aun film, diffusé ces jours-ci à l'Unesco, et bientôt sur Arte mais je ne sais pas quand.
Courage, Philippe ! En supposant qu'il s'agisse de courage...
Commentaire n°1 posté par Dominique Boudou le 12/02/2011 à 21h32
C'est bien de savoir qu'on n'a pas oeuvré pour rien.
(Oui, je ne sais pas bien si c'est exactement du courage ou si ça n'est pas plutôt devenu une sorte de seconde nature.)
Réponse de PhA le 12/02/2011 à 22h29
je souscris.
Commentaire n°2 posté par Aléna le 12/02/2011 à 21h43
Tiens, je vais lancer une souscription.
Réponse de PhA le 12/02/2011 à 22h30
Certains miracles d'Internet ne sont pas encore homologués à Lourdes (ou lentes...).
Mais quand ils se produisent, on (se) signe !
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 12/02/2011 à 21h55
Juste un petit moment de grâce.
Réponse de PhA le 12/02/2011 à 22h33

jeudi 10 février 2011

Didier da Silva ou le récit (vraiment) atmosphérique

Si 2009 fut l’année de son automne, 2011 restera l’année de son auteur : à quelques jours d’intervalle, du même – car assurément c’est bien le même – du même disais-je Didier da Silva paraissent Une petite forme (avec François Matton) et l’Automne zéro neuf, son troisième et son quatrième livre, ou son quatrième et son troisième, on ne sait plus trop, le temps a de ces caprices. Le temps aussi d’ailleurs, appréciez la transition, car du temps qu’il fait il est beaucoup, il est presque surtout question, dans l’Automne zéro neuf ; les lecteurs des blogs jumeaux de l’auteur – Les idées heureuses et Halte là, Didier de plus en plus fait tout par deux, s’en rend-il compte ? – ne seront pas surpris : c’est souvent qu’on l’y devine le nez en l’air. C’est présenté sous la forme d’un journal, pour la première fois à la première personne ; plus d’Hoffmann ou de Sam pour prêter sa silhouette au protagoniste ; pourtant c’est bien le même, c’est bien la même vie qui voudrait n’être qu’une promenade et n’y parvient pas toujours – c’est drôle – mais y parvient presque – c’est beau ; c’est bien le même regard qui s’attache à ce qui du spectacle du monde aurait tôt fait de nous échapper, ne voit pas pour autant la mort qui se joue à quelques mètres, il faut dire que souvent les yeux sont levés vers le ciel, quel spectacle, les caprices de la météo sont un beau reflet des mouvements de l’âme sans les grands mots que l’auteur, justement, n’y met pas ; jugez plutôt :
  
 
Angèle est petite, brune, assez jolie. Nous nous quittâmes, elle consolée, moi déprimé. À force de les fixer – le sans fil est juste à côté, enfin, surtout son socle, mais je ne m’en étais, old school, pas éloigné –, je n’ignorais plus rien des moulures de la porte d’entrée. Que j’ai ouverte. L’air était tiède, à tout le moins moins froid que je ne pensais. Le silence de la maison après ces deux grandes heures de bavardage ayant je ne sais quoi d’hostile, d’accusateur et de mesquin, j’ai attrapé ma veste et je suis sorti. Ce que j’avais pu dire comme conneries ! Puisque le carillon de l’église du village sonnait, je me suis dirigé vers lui, vers elle, vers lui. Par le bas. Il n’y avait pas un chat, mais un écureuil, derrière un grillage, qui me regarda (je le regardais). Qu’il me fuît, soudain, je le comprenais. J’appelai à moi de sombres pensées. Elles accoururent. Les arbres bruissaient. J’ai pu marcher un long moment au beau milieu de la grand-route, l’austère théorie des platanes suggérant moins, alors, l’infini que l’éternité ; or une publicité pour un supermarché entrouvrait au contraire, sur un panneau Decaux, à l’orée du village, une très étroite fenêtre temporelle – jusqu’au 8 novembre, Chrysanthèmes pomponettes de cinquante centimètres à cinq euros quatre-vingtquinze le pot (il n’y avait pas une minute à perdre).
 
Didier da Silva, L’Automne Zéro Neuf, LaureLi Léo Scheer, 2011, p. 46-47.


Commentaires

suis dedans, et comme prévu j'aime
Commentaire n°1 posté par brigitte Celerier le 10/02/2011 à 20h53
Régalez-vous. Je crois que je l'ai encore préféré aux deux précédents (sans compter Une petite forme).
Réponse de PhA le 12/02/2011 à 11h16
"les arbres bruissaient" et le ciel et le corps du marcheur, aussi.
Commentaire n°2 posté par Gilbert Pinna le 11/02/2011 à 14h43
Tout à fait : le corps du narrateur de cet Automne zéro neuf connaît aussi quelques caprices que ne renierait pas la météo.
Réponse de PhA le 12/02/2011 à 11h48
Bon... je crois avoir à peu près tout ce qu'il me faut pour mon prochain billet! J'ai failli attendre, Philippe!:)
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 12/02/2011 à 12h25
Trop facile ! Il faut dire tout le contraire et que ce soit vrai aussi - comme le beau temps après la pluie.
Réponse de PhA le 12/02/2011 à 22h27

mercredi 9 février 2011

question d’éthique ou d’étiquette

Jamais ô grand jamais, dans la cour de la communale, Monsieur Le Comte n’aurait emprunté un avion à Labriquette. On ne peut pas en dire autant de Bronchard et Brazzioli, qui mettent un h à étiquette, les cancres.

vendredi 4 février 2011

un nom pour ces rondelles

Je ne dispose pas d’un vocabulaire de gare suffisant. Sortie de mes registres habituels je manque de mots et ceux auxquels, par défaut, je recours ne me satisfont qu’à moitié. Je cherche, par exemple, une expression générique qui voudrait dire mobilier urbain, mais appliqué à la gare et en déclinant toute la typologie spécifique. Recoupant celle du mobilier urbain de la ville dans laquelle la gare est incluse et lui imposant les extensions nécessaires à l’usage ferroviaire de l’enclave. Mobilier urbain ferroviaire de l’intérieur de la gare me semble trop long pour s’imposer dans un langage courant partagé. Je me fais assez aisément comprendre quand je déclare que des bancs publics, des téléphones publics, des boîtes à lettres et des poubelles sont à la disposition des voyageurs dans les halls de la gare, mais je ne saurais rendre compte de la variété des édicules qui hérissent les quais, sans parenté aucune sur les trottoirs parisiens. Je n’en maîtrise pas le lexique ni la nomenclature, je tâtonne, mal à l’aise, avec des mots ressemblant vaguement aux choses que je veux évoquer, sans parfaitement les figurer. Des mots mal ajustés.
Donc je désignerai sous le nom de rondelles, ces disques protecteurs qui vraisemblablement s’appellent, dans leur langue de gare, autrement. Les rondelles s’empilent par cinq quand elles entourent des pieds de potences métalliques remplissant diverses fonctions et sont alors moulées dans une matière caoutchouteuse, noir/gris poussière graisseuse. Mais les rondelles s’empilent par quatre seulement quand elles perdent leur circonférence complète, se réduisent à des trois-quarts, demis, voire quarts de ronds vissés/scellés à la base de piles en béton ou dans leurs encoignures. Découpées à l’emporte pièce dans un métal peint couleur minium écaillé. Troisième type, beaucoup plus rare, la rondelle unique, modèle caoutchouc noir/gris poussière graisseuse, encerclant de massives colonnes de béton en bouts de quais. Si je comprends bien que ces rondelles protègent le mobilier urbain de la gare des heurts violents de tout ce qui roule sur les quais, je ne comprends pas pourquoi les empiler tantôt par cinq, tantôt par quatre, sans parler de la justification des solitaires.
 
Martine Sonnet, Montparnasse Monde, Le temps qu’il fait, 2011.
 
Voir et nommer, c’est un couple. Le nom permet, mieux : autorise à voir la chose qui sans lui restait invisible. Tous les ornithologues vous le diront, les mycologues aussi, ne parlons pas des entomologistes. C’est pareil pour l’Amérique et l’amour, nous disait l’autre jour Albin qui avait ouvert son Larousse à Am-. C’est pourquoi il nous a fallu, il nous faut encore des explorateurs, pour voir avant nous et malgré l’absence de nom ce que grâce à eux enfin nous verrons.
Depuis que je suis Martine Sonnet qui arpente la gare Montparnasse sur son blog puis sur publie.net et enfin au Temps qu’il fait, mon regard d’usager assez fréquent s’égare dans la gare, se heurte et rebondit régulièrement contre ces rondelles caoutchouteuses désormais dites « de Martine » ; les romans de gare décidément ne manquent pas de rebondissements.


Commentaires

Grandeur et misère des solitaires qui n'appellent rien ni personne. Quant à voir, j'en suis juste aujourd'hui à prononcer le mot.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 04/02/2011 à 15h15
Pour voir ces rondelles caoutchouteuses, c'est désormais facile : il suffit de cliquer sur... leur nom.
Réponse de PhA le 04/02/2011 à 15h32
Magique !... cliquer, voir, nommer , c'est tout un.
Commentaire n°2 posté par Gilbert Pinna le 04/02/2011 à 15h34
Nous sommes les dieux du numérique.
Réponse de PhA le 05/02/2011 à 15h46
En réalité, ce sont des butoirs qui permettent d'éviter ça. C'est la vie duraille.
Commentaire n°3 posté par Moons le 04/02/2011 à 15h57
Le temps change une catastrophe en jouet cassé par un enfant brutal.
Réponse de PhA le 05/02/2011 à 15h49
Merci cher Philippe, en nous y mettant tous je pense que nous arriverons à nommer toute chose qui mérite de l'être. Partageons nous équitablement la tâche : je vous laisse les oiseaux, les champignons et les insectes et je prends les rondelles.
Commentaire n°4 posté par L'employée aux écritures le 04/02/2011 à 16h20
En disciple de Linné, j'aurais bien proposé Rondella martinae, mais cela fait-il assez ferroviaire ?
Réponse de PhA le 05/02/2011 à 15h57
On laisse aussi les potamochères et les babiroussas
Commentaire n°5 posté par Moons le 04/02/2011 à 16h25
Sans oublier les hylochères.
Réponse de PhA le 05/02/2011 à 15h57
Un bouquin , une histoire, une auteure débarque dans votre vie sans crier gare. On reste sans voix, manquant de mot pour le dire. En cas de désir libidineux de sauter l'auteure, il est prudent de vérifier l' hauteur sinon plus dure sera la chute. Quand , une locomotive est "à cul" , il y a t-il des rondelles? Soyons optimiste , il vaut mieux posséder l'objet que le mot. C'est un moindre mal . De deux maux, il faut choisir le moindre!
Commentaire n°6 posté par patrick verroust le 04/02/2011 à 16h31
On ne se méfiera jamais assez des mots.
Réponse de PhA le 05/02/2011 à 15h59
Ces rondelles sont comme des soufflets entre les wagons : le caoutchouc avait des débouchés à l'époque des plantations Michelin. Martine aurait pu s'appeler Micheline.
Commentaire n°7 posté par Dominique Hasselmann le 05/02/2011 à 11h48
Celles-ci restent en gare.
Réponse de PhA le 05/02/2011 à 16h07