mercredi 15 février 2012

Danse avec Nathan Golshem


http://www.editions-verdier.fr/v3/dyn/oeuvre/danseavecnathangolshem.gif 
Je n’ai pas lu les œuvres complètes d’Antoine Volodine mais j’ai lu celles de Lutz Bassmann. (Lutz Bassmann, pour qui ne le saurait pas encore, est l’un des plus fameux hétéronymes d’Antoine Volodine.) (Antoine Volodine, pour qui ne le saurait pas encore, est l’un des plus beaux auteurs contemporains.) (La littérature contemporaine, pour qui ne le saurait pas encore, est particulièrement vivante et créative – mais elle a de plus en plus de mal à passer le mur du son.)
Depuis Avec les moines-soldats et Haïkus de prison, puis plus récemment avec les Aigles puent, je ne peux m’empêcher de voir en Lutz Bassmann un Volodine atteint – comme d’un mal – d’un excès d’humanité, alors que le nom même d’humanité est retiré à ceux qu’ils nous présentent et dont les noms étranges s’égrènent à la fin du livre dans une table des matières pareille à un monument aux morts qui n’en ont pas. Pas de monument, c’est d’abord le cas pour Nathan Golshem. Sa sépulture, il faut la chercher dans une décharge d’ordures aux confins de nulle part, quelques déchets arbitrairement choisis dissimulés sous une tombe invisible figurant sa dépouille perdue, aux yeux de ceux qui ont voulu lui rendre un dernier hommage après sa disparition définitive.
Définitive ? C’est sans compter sur l’amour de sa compagne Djennifer Goranitzé qui, après un périple de plusieurs mois, par la magie de sa danse et à la faveur de l’obscurité, redonne jour après jour vie à son mari pour se raconter dans la complicité du vieux couple – par quel miracle de l’imagination réuni – les histoires de leurs anciens compagnons, de leur engagement dans un conflit perdu depuis des lustres et auxquels ils ne renoncent pas même par-delà la mort.
La présence de Nathan Golshem, grâce à la danse de Djennifer Goranitzé, grâce à la magie de ces vieux chamans imaginaires nommés Lutz Bassmann ou Antoine Volodine, grâce au ressassement de tous ces noms, on y croit. D’ailleurs il est là, Nathan Golshem, là aussi, où Djennifer Goranitzé malgré sa magie le voit sans le reconnaître.
Ce roman d’amour, car au fond c’en est un – « seuls ceux que j’aime » martelait déjà Lutz Bassmann dans Avec les moines-soldats ; cette Danse avec Nathan Golshem est publiée dans la collection Chaoïd des éditions Verdier. (Verdier, pour qui ne le saurait pas encore, est l’un des éditeurs français les plus dignes de confiance.)


Commentaires

Superbe billet, Philippe! Merci! 
(J'en connais qui vont dire "fayot", je peux donner les noms.)
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 15/02/2012 à 16h15
N'est-ce pas ? Je me suis dit que maintenant que l'engouement pour les blogs littéraires était passé, je pouvais me risquer à faire semblant de faire de la critique littéraire.
Réponse de PhA le 15/02/2012 à 16h43
Tu as raison ;-)
Commentaire n°2 posté par Pascale le 20/02/2012 à 15h42
Merci. D'ailleurs, c'est vrai : j'ai raison, ce livre et ses frères sont une merveille.
Réponse de PhA le 20/02/2012 à 17h34

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