lundi 30 avril 2012

ce que tu cherches tu le connais déjà


Le vénérable soupire, quitte l’antenne de la voiture et va se poser sur une plante minuscule, couverte de poussière, qui végète au pied d’un panneau du rond-point. Le jeune l’y rejoint en veillant à ne pas s’empoussiérer les ailes et fixe son tourmenteur avec des yeux – de luciole morte.
– Quand tu cherches, tu sais ce que tu cherches, sinon tu ne le chercherais pas ? lui demande l’Ancien qui finit par céder.
– Oui.
– Donc, ce que tu cherches tu le connais déjà, tu l’as déjà imaginé, et tu es déjà en train de l’espérer ?
– Oui, possible.
– Dès lors, tu tournes en rond en trouvant ce que tu espères. Il y a là peut-être une reconnaissance, mais en tout cas aucune vraie connaissance.
– Comment cela ?
– La connaissance survient d’abord dans ce que l’on est incapable d’imaginer, et qu’il nous a été impossible jusqu’alors d’espérer.
 
Patrick Chamoiseau, Le papillon et la lumière, éditions Philippe Rey, 2011, p. 76.
http://www.potomitan.info/chamoiseau/images/papillon.jpg
 
Ma lecture est égoïste. Je ne peux m’empêcher de lire ce « ce que tu cherches tu le connais déjà » comme un avertissement au lecteur incurieux (alors que ce n’est pas que cela), de même que je lis Chamoiseau pour redonner des couleurs à la moitié d’Antillais délavé que je suis aussi.


Commentaires

(... dans votre hublot, une lessive qui lave et qui délave)
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 30/04/2012 à 20h13
Vous avez pensé à apporter votre linge ?
Réponse de PhA le 01/05/2012 à 00h19
Vous seriez une moitié d'antillais délavé ? Comme c'est bizarre! j'aurais cru que vous apparteniez à la moitié de français vitaminé.
Commentaire n°2 posté par Zoë Lucider le 30/04/2012 à 21h29
Mais oui. Je raconte un peu ma vie en disant ça et ce n'est pas vraiment intéressant, mais je le dis quand même puisque après tout ceci est un blog : en plus de ce qu'il dit, Chamoiseau toujours me rafraîchit la mémoire - et ici, notamment, la noirceur de la nuit et la taille des papillons de nuit. J'ai l'air blanc, j'ai toujours vécu en métropole et je ne parle pas un mot de créole, et cette identité que je ne peux pas revendiquer n'est sans doute pas indifférente, contrairement à ce que j'ai longtemps pensé, aux questions qui se posent dans mes texte.
Réponse de PhA le 01/05/2012 à 00h19
Pardon, Antillais majuscule, bien-sûr.
Commentaire n°3 posté par Zoë Lucider le 30/04/2012 à 21h30
Majuscule, n'exagérons rien quand même - en ce qui me concerne.
Réponse de PhA le 01/05/2012 à 00h20
Je m'en vais vite voir les papillons rouges voler au-dessus de la Bastille.
Commentaire n°4 posté par Dominique Hasselmann le 01/05/2012 à 15h17
Bon vent !
Réponse de PhA le 01/05/2012 à 20h52

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire