vendredi 26 octobre 2012

ouvrir la page l’œil neuf

« C’est là qu’il convient d’expliquer que les termes de littérature « expérimentale » ou « exigeante » – en ce qu’ils semblent constituer un pré carré difficile à atteindre –, chers à certains critiques, à certains vendeurs, sont d’une totales absence d’efficience. Lire les Dépôts de savoir & de technique n’est pas compliqué, ne requiert pas de compétence particulière. Peut-être faut-il simplement accepter de se laisser surprendre, ne pas céder à ses réflexes de lectures mais, au contraire, ouvrir la page l’œil neuf, l’esprit disponible. Dans Tout le monde se ressemble, Emmanuel Hocquard explique très bien ce léger déport de la pensée à accomplir, rappelant qu’accéder à l’intention du créateur n’a pas grande importance – et c’est une démarche impossible à accomplir, souvent opaque pour l’auteur lui-même ; c’est l’expérience du lecteur qui compte. La mienne, la vôtre. »
 
Laure Limongi, Indociles, « Denis Roche », éditions Léo Scheer, 2012, p. 27.

Commentaires

Se rendre disponible, oui, ce gros travail.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 27/10/2012 à 08h33
Mine de rien.
Réponse de PhA le 30/10/2012 à 11h31
 

jeudi 25 octobre 2012

des diamants dans le labyrinthe


https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjytHjVVOvNQiJK3el657RX8GzCiqqWe0FGo3eVFldrTBq7eLiI3jw4UwjtkBvGFH46DdsblKNmSmNoY_M4_tYH2-4KLtl3nFSy4OV_dndcdO3QWjVSISs7YtR_-8Dt2S0ChgEWSdO-pT0/s640/CouvDe%25CC%2581fDiamants.jpg 
C’est à 20 heures ce soir à la librairie Labyrinthes de Rambouillet, dans le passage Chasles de la rue Chasles ; Claro vient nous parler de son roman Tous les diamants du ciel paru à la rentrée chez Actes Sud et dont je n’ai pas assez dit ici tout le bien que j’en pensais ; si vous n’êtes pas loin ce serait dommage de manquer ça – en tout cas moi je ne le manquerai pas.

mercredi 24 octobre 2012

hommage à l’indocilité


http://fricfracclub.com/spip/local/cache-vignettes/L485xH355/johnson1-789541-3b019.gif http://www.faz.net/polopoly_fs/1.1716605!/image/1637230745.jpg_gen/derivatives/article_aufmacher_klein/1637230745.jpg
 
« Sont indociles pour moi des artistes qui interrogent la forme, la réinventent. Peuvent requérir une participation active de la part du lecteur. Qui ne se lovent pas dans la facilité de la mode. Qui n’hésitent pas à déjouer les notions de genres, de frontières. Qui sont mus par la nécessité. »
 
Ces quelques mots d’un livre que je n’ai pas encore lu mais qui déjà me parlent. Je les lis dans l’introduction à Indociles, l’essai que Laure Limongi consacre à quatre auteurs qui pourraient être quarante ou quatre cents peut-être, on ne sait pas – mais ce que je sais c’est que parmi ces quatre-là il y en a deux (il y en a seulement deux car je ne suis qu’un petit lecteur) qui pour moi comptent déjà : B.S. Johnson et merci à Pascal Arnaud, Hélène Bessette et merci à Pascale Petit. (Je me dis comme ça que dans cette belle histoire intime et singulière qu’est la lecture chaque livre a son passeur, dont on devrait retenir le nom. Pour Denis Roche et Kathy Acker dans la mienne, ce sera sans doute Laure Limongi.)
C’est aussi qu’hier soir j’étais à la soirée que la librairie le Comptoir des Mots organisait à l’occasion de cette parution, consacrée à des auteurs trop peu connus du public, déjà disparus pour trois d’entre eux, méconnus à cause d’un durable malentendu selon lequel le simple fait de ne pas se conformer docilement à des modèles préexistants suffit à vous faire étiqueter d’avant-garde (mais de quelle armée et pour quelle bataille, le saura-t-on un jour ?) et illisible voire au mieux réservé à quelques intellectuels overlettrés – quand on n’attend rien d’autre du lecteur qu’il accepte de temps en temps de se promener sur des chemins simplement moins balisés que ceux dont il a l’habitude, parce que c’est là sans doute que se joue l’aventure, loin des valeurs supposées sûres et des considérations strictement marchandes qui président aux éphémères succès d’aujourd’hui.
http://image.guardian.co.uk/sys-images/Books/Pix/pictures/2007/12/28/acker460.jpghttp://www.pileface.com/sollers/IMG/jpg/Denis_Roche.jpg

Commentaires

Je suis tombée une fois sur une "mauvaise" passeuse. Avis qui n'engage que moi. Je veux dire que je n'aimais pas du tout son écriture ni sa façon de vouloir voler la vedette à son "sujet" qui était Isabelle Eberhardt. Cependant, celle-ci semblait si étonnante que je suis passée outre la passeuse. Bien m'en a pris. Morte trop tôt, cette Isabelle-là, à 26 ans, emportée par la crue de l'oued auprès duquel elle louait une très humble maison. Dans le fatras retrouvé, parmi les manuscrits effacés, on a pu sauver quelques bribes remarquables....
Commentaire n°1 posté par Michèle le 24/10/2012 à 17h41
Peut-être pas si mauvaise, alors.
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h12
C'est beau ce que vous écrivez là, sur le sujet du "passeur".
(Commentaire bref mais intériorité intense:)).
Commentaire n°2 posté par Ambre le 24/10/2012 à 22h51
Les passeurs sont discrets jusqu'à l'oubli. Rappelons-les-nous de temps en temps.
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h14
Le mot indocile, un manifeste littéraire à lui seul.
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 25/10/2012 à 09h57
Déjà, oui.
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h14
L'avant-garde-robe ou l'art de se vêtir, à ne pas confondre avec l'après-garde-robe-de-chambre (la mort, la littérature actuelle, les rillettes du Mans, etc.).
Commentaire n°4 posté par David Marsac le 26/10/2012 à 09h03
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 16h13

lundi 22 octobre 2012

Il faudra creuser plus profond probablement.


11.09.09
Lorsque je débarque vers midi mon père n’est pas là. Je frappe au volet de la porte plusieurs fois. Je me retourne. A droite, contre le mur, il y a ma chienne morte dans une caisse en polysstyrène, recouverte d’une bâche en plastique. Je frappe encore. A mon avis il dort toujours. Je plaque mon visage contre la fenêtre pour déceler un mouvement dans la maison. Rien. Je tire un pan de la bâche, ma chienne est couverte de vers qui grouillent à travers les déchirures de son pelage. Il fait beau. Je vais m’asseoir un peu plus loin sur une marche en ciment et j’attends mon père au soleil.
 
14.09.09
Au bout d’un moment j’entends du bruit dans la maison. Le loquet tourne sur lui-même mon père apparaît voûté le teint mâché comme un vieux carton par la nuit et les cigarettes, les cheveux sales. La première chose qu’il me dit c’est la chienne est morte et il désigne la caisse. J’ai pas pu l’enterrer. Je lui demande quand est-ce qu’elle est morte ? Je crois me rappeler que mon père n’est pas très précis sur ce point. Il l’a trouvée morte un matin dans sa caisse. Est-ce que ça fait trois jours, une semaine ? Mon père a sorti la caisse de sous la table de la cuisine, son refuge, et il a seulement pu la traîner dehors à côté de la porte et lui mettre la bâche dessus. Je dis bon ben faudrait peut-être l’enterrer. D’autant que le soleil commence à taper.
On décide de l’enterrer juste en face de la maison, pas loin d’un prunier, au début du jardin. Le terrain penche. Il faudra creuser plus profond probablement. On commence à tirer la caisse. Mon père a des haut-le-cœur permanents et ça finit par sortir tout droit. Là, alors que je suis en train de tirer la caisse pour la faire glisser sur les gravillons puis sur l’herbe, attendant que mon père pousse de son côté alors qu’en réalité il est en train de gerber, je crois que je pourrais lui défoncer la gueule à coups de poing. Je me contente de dire laisse je vais finir tout seul.
Une fois que mon père est parti (comme le petit vieux qu’il est devenu, toujours secoué de spasmes qui lui déchirent le corps), je mentalise l’endroit où je vais enterrer ma chienne. Ça dure deux minutes puis je vais chercher une bêche et je commence.
Je revois des images où je la fouette au sang que je chasse assez vite. Je revois des images de Jim, mon autre chien mort il y a longtemps déjà. Je creuse en appuyant de tout mon poids sur le dessus de la bêche pour qu’elle s’enfonce bien dans la terre. J’en ai pour un moment.
 
Manuel Candré, Autour de moi, Joëlle Losfeld, 2012, p. 70-72.
 
Le récit au présent pour dire comme c’est présent encore alors que c’est un passé déjà vieux.
 
Je ne devrais pas faire ça, isoler un passage, ce n’est pas exactement ce que j’ai lu au moment où je l’ai lu parce qu’il y a ce qu’il y a avant, et ce qu’il y a après, qui fait aussi que je n’ai pas envie de mettre mes mots sur les mots déjà écrits – que du coup donne à lire, mais pas assez.
D’autres extraits dans l’Humanité, et les lectures de Claro, Fabrice Colin, Léon-Marc Lévy
http://www.franceculture.fr/sites/default/files/imagecache/ressource_full/2012/07/04/4466937/Manuel%20Candr%C3%A9.gif

Commentaires

C'est assez terrible et je vais attendre d'être sûre que mon petit-déj' reste en place avant de noter les coordonnées du livre...
Commentaire n°1 posté par Françoise le 23/10/2012 à 09h55
Voilà, maintenant que le petit déjeuner est passé, vous pouvez noter.
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h06
Chienne de vie !
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 24/10/2012 à 14h42
C'est peu de le dire.
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h07

jeudi 18 octobre 2012

la lecture, l’écriture, l’œuf, la poule, la charrue et les bœufs


Ça va de soi : ne peut prétendre écrire que celui qui a lu. On a vite fait de reconnaître le maladroit qui voudrait prendre des chemins de traverse et vous faire lire son texte (et surtout aimer son texte) alors qu’avant le bout de la ligne on s’est déjà rendu compte qu’il ne maîtrisait pas même sa langue. Honte à lui. On ne va pas le lui dire en ces termes parce qu’on est un peu délicat mais tout de même : honte à lui qui justement ne connaît pas la honte, encore moins la vergogne.
La plupart des écrivains sérieux le disent à un moment ou un autre : c’est par la lecture qu’ils sont venus à la littérature, puis à l’écriture. Rassurante évidence, hommage à ceux d’avant.
Et puis, dans la petite enfance, l’apprentissage de la lecture ne précède-t-il pas, de peu sans doute mais tout de même, celui de l’écriture ?
Cela dit, c’est quand même l’œuf et la poule, cette histoire. Car après tout, n’est-ce pas la nécessité de l’écriture, ne serait-ce que pour soutenir la mémoire défaillante à compter les bœufs du troupeau déjà nombreux, n’est-ce pas l’écriture qui prime et la lecture son indispensable certes mais simple corollaire ?
Tout ce préambule pour me préparer à un pénible coming-out que l’honnêteté m’impose et que je ne retarderai pas davantage : j’ai écrit avant de lire.
Je ne suis pas un vrai lecteur. (J’ai rencontré quelques vrais lecteurs, dont la fréquentation m’a confirmé dans ma conviction.) Je suis sûrement un vrai écriveur, mais – les apparences notamment sur ce blog sont trompeuses – pas un vrai lecteur.
En fait je lis parce que j’écris. C’est vaguement scandaleux mais c’est comme ça. Je me rappelle parfaitement avoir eu la curiosité de voir ce que d’autres avaient pu écrire avant moi parce que, tiens, en effet d’autres avaient écrit avant moi. Et je me rappelle y avoir pris du plaisir. Je me rappelle n’avoir rêvé que d’écrire, et que ce que j’écrivais n’était pas bien bon – et j’ai tous les jours dans mon cartable matière à comparer. N’empêche : j’écrivais. Dans l’adolescence j’ai dû passer plus de temps à écrire qu’à lire (non que je lusse peu : j’écrivais beaucoup). Ou au moins autant. Ce n’était pas tant le besoin de raconter des histoires (je n’en racontais guère), c’était juste écrire. Comme courent les gens qui courent. Ou escaladent la montagne ceux qui l’escaladent : parce qu’elle est là.
La lecture, c’était pour lire autre chose que ce que j’écrivais, et c’est vite devenu pour lire autre chose que ce que les autres aussi écrivaient parce que les autres c’était moi aussi ; pour voir ce que c’était ce que j’écrivais, pour écrire autre chose que ce que j’écrivais, que ce que nous écrivions ; aimer ce qui était écrit et en même temps vouloir autre chose, autre chose encore, pour que ce soit à chaque fois nouveau, pas nouveau par goût de la nouveauté, mais faire comme si rien jamais n’avait été écrit, comme si à chaque mot on en était encore au premier mot.



 
L’illustration est une animation de mon fils Côme, qui à ses moments perdus s’initie tout seul à la 3D et me fait cette belle surprise.

Commentaires

La lecture : une sorte de main gauche?
Y aurait-il aussi des temps différents? Des temps où l'écriture est impossible, où l'on se "rabat" sur la lecture... Certains écrivains disent être réguliers comme des horloges.
La vidéo de votre fils est très habile, facétieuse et.... appropriée....
Commentaire n°1 posté par Michèle le 18/10/2012 à 22h20
Parfois (pour moi, hein !), j'ai l'impression que lire, c'est encore écrire.
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 18h56
Lire et/ou écrire : le dilemme est bien là. Si on lit trop, on n'écrit plus. Si on lit peu, on écrit mal.
L'écriture doit prendre son indépendance (des fois, je n'achète pas de livres car c'est un mur comme à Berlin, on souhaiterait parfois qu'il soit détruit).
Faire table rase, oublier tout ce que l'on a lu.
Pour la vidéo de ton fils (Liquide un peu solidifié), je lui proposerais bien le même exercice... mais pour une publication en numérique !
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 18/10/2012 à 22h31
Je crois aussi qu'il faut oublier ce qu'on a lu - et lire pour pouvoir l'oublier.
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 18h57
Belle illustration du fiston qui file la métaphore en images... Sinon, ben, tu sais ce que j'en pense :-). Bisou
Commentaire n°3 posté par Pascale le 18/10/2012 à 22h32
Oui (et je sais ce que c'est qu'une lectrice !)
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 18h58
Je me demande parfois si ceux qui se vantent d'avoir lu un tel et un tel QU'IL FAUT AVOIR LU les ont réellement lus et s'ils n'ont pas seulement retenu leur nom et, pour les plus hâbleurs, le titre de leurs ouvrages. Lire ce n'est pas PARCOURIR un livre, c'est se plonger dedans, corps et âme et parfois même ce peut -être un corps à corps, un coeur à coeur, voire un corps à coeur:)) avec l'auteur.
Par ailleurs, s'il suffisait de lire beaucoup pour se prétendre capable de devenir écrivain, j'en serais peut-être moé ? Pfff!
L'écrivain, pour moi (et je vais dans votre sens) c'est celui qui NE PEUT SE PASSER D'ECRIRE : quand il mange, quand il dort, quand il se promène, quand il regarde le ciel allongé dans l'herbe, quand il est assis sur un banc, à une terrasse, tout devient MOTS pour lui et le besoin de l'écrire est IMPERATIF. Ensuite, peut venir le besoin de lire. Ecrire : puiser dans sa chair; lire : c'est l'enchairir.
(Bouhhh! je vais me cacher)
Commentaire n°4 posté par Ambre le 18/10/2012 à 23h29
C'est pourquoi je suis toujours un peu surpris quand je vois certains auteurs présenter l'écriture comme un prolongement de la lecture. Il y a quelque chose de scolaire là-dedans dont on n'est pas sorti. (Peut-être que le fait d'être resté à l'école m'aide à en prendre conscience.)
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 19h01
Nota Bene.- Bravo pour ce billet. Bravo au fiston, très chouette cette glissade de Liquide. Côme : savez-vous que je ne veux pas mourir sans avoir vu son lac? Après peut-être pourrais-je écrire la suite de La Chartreuse de Parme :))?
Commentaire n°5 posté par Ambre le 18/10/2012 à 23h53
(Oui, nous lui avons offert un lac comme cadeau de naissance.)
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 19h02
Très occupé - et très fainéant - je lis peu, j'écris donc peu, cela va de paire. Anisi j'ai remarqué que je n'écrirai de poèmes que les temps où, régulièrement j'ouvre mes recueils de poèsie, car comme le dit Ambre, il ne suffit pas non plus d'en remplir ses rayonnages, il faut y revenir régulièrement... J'ajouterai : non pas lire pour écrire, mais se confronter à la pensée de l'autre, pour éclaircir la sienne, se forger, et l'écriture n'est plus alors qu'un acte logique.
Commentaire n°6 posté par Serge le 19/10/2012 à 06h35
Et lire beaucoup ça n'est pas non plus forcément lire beaucoup de livres. Ça peut être en effet revenir sans cesse aux trois ou quatre mêmes.
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 19h10
Pas possible pour moi de dire qu'il faut lire pour écrire : j'ai su lire à quatre ans et demi, j'ai beaucoup lu, je lis beaucoup, j'ai encore beaucoup à lire. C'est pour cela que je n'écris pas ; enfin, que je ne publie pas. Les écrivains que j'aime perchent sur une barre trop haute, alors à quoi bon ?
Bravo à Côme, mais cette pile de "Liquide" devrait être dispersée chez des lecteurs !
Commentaire n°7 posté par Françoise le 19/10/2012 à 10h32
Mais la lecture est déjà une activité spécifique, qui se suffit en soi, on peut même y avoir du talent.
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 19h05
J'écris donc je lis. Alors que l'inverse est absurde. Un peu court peut-être.
(Ah oui, bravo au Fiston !)
Commentaire n°8 posté par Depluloin le 19/10/2012 à 11h13
Comme ça, c'est sûr que c'est très court ! Il ne s'agit bien sûr que de mon rapport très personnel à la lecture - qui est un peu vicié, sinon vicieux.
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 19h08
Oh moi, je préfère être lue.
Commentaire n°9 posté par bernadette le 21/10/2012 à 10h37
Et même relue !
Réponse de PhA le 22/10/2012 à 18h26
lire doit aider à "bien" écrire, ensuite l'écriture est une route solitaire où chaque tournant de phrase révèle une surprise, un paysage nouveau.
Commentaire n°10 posté par Quotiriens le 21/10/2012 à 17h47
Et parfois un loup-garou.
Réponse de PhA le 22/10/2012 à 18h29
C'est en vous lisant («merci ! merci !») que je prends conscience de ma nature fondamentalement piétonne. Bien avant de voir les autres marcher, je gambadais déjà. Certes, il m'arrive parfois de regarder une course à pieds à la télé, mais je ne le prends pas pour autant, cependant (sauf en cas de steeple houleux). En outre (et en dépit d'une sobriété récente mais exemplaire) j'écris aussi comme un pied, privilège des manchots et des chiens de mer, par exemple. Or ces animaux ont bien du mal à s'exprimer, si j'en crois l'extermination de ceux-ci et la prolifération de ceux-là. Mais bon, allons ! Le plaisir de courir m'appelle, à quelques pas d'ici !
Commentaire n°11 posté par Dautrou le 24/10/2012 à 14h50
Tous les enfants n'apprennent-ils pas à courir avant même de marcher vraiment ?
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h11

mercredi 17 octobre 2012

« du même auteur »


Arrivé à la plage, je dépose ma pelle fuchsia. Je me suis assis entre deux mondes. A la lisière du sable humide, j’érige pour moi seul le château. Je reste cohérent. Oui, pour qui me regarde, pour celle que l’ennui distrait un temps de son livre, j’ai de toute évidence des enfants pour qui je me plie à la tâche et je modèle : ils ont couru là où tous les enfants sont. Elle voit un père qui creuse sans ridicule, dans un rythme soutenu, curieux, et qui plonge ses mains rien moins que dans l’enfance, mais ce n’est plus la sienne. Sinon, pourquoi toutes ces tours, leurs créneaux malhabiles ? Les derniers coups de pelle réveillent une douleur et je termine le château au ralenti. Je prends du recul et contemple l’absurdité des lieux. La mer s’est retirée, seule ma citadelle casse la ligne du sable lissé. Il est trop tôt, j’ai éventré la plage, je n’ai rien à faire ici. Tout à coup ma musique intérieure se meurt. Je déchante instantanément. Je suis seul.
 
Nicolas Le Golvan, Reste l’été, Flammarion, 2012, p. 64-65.
 
http://www.rentreelitteraire-flammarion.com/images/Couvertures/nicolas-le-golvan-reste-l-ete.jpg
 
Voilà, je lis ce roman, Reste l’été, de Nicolas Le Golvan, et je peux dire que c’est un beau premier roman, un roman de la rentrée littéraire, qui traite avec sensibilité d’un thème pourtant rebattu à la banalité terrible, une séparation, un désamour qui s’inscrit sur un autre, une sorte d’enfance qui redouble. Ça me rappelle un peu quelque chose, dit comme ça ; j’ai commis un livre un peu sur le même thème, en considérant que ce n’était qu’un thème, comme on dit en musique je crois, et que le sens n’était pas cela. Pas vraiment cela.
Je choisis un extrait pour ce blog que je scanne parce que je suis paresseux des doigts mais mon OCR est facétieux, c’est souvent qu’il me fait des farces souvent révélatrices, je devrais m’en servir plus souvent, et allez savoir pourquoi je lis ceci :
 
Je prends du recul et contemple l’absurdité des lieux. Gaza.
 
J’imagine que c’est parce que sur la page d’à côté il y avait Gavalda et que le nom était coupé par le scanner (la page d’à côté est encore sur la plage).
Je me rends bien compte qu’en écrivant cela je (ou plutôt mon OCR) trahis Nicolas Le Golvan qui n’a pas écrit Gaza mais Le Golvan peut-être aurait pu le faire – me dis-je. Après tout. Car si parmi les nombreux romans de cette rentrée j’ai eu l’idée de lire celui-ci c’est que le nom de l’auteur a attiré mon attention. Le nom mais juste de famille, hein. Le Golvan : rappelez-vous.
Eh bien c’est le même. C’est le même parce que c’est écrit dedans, à « du même auteur », aux éditions Les doigts dans la prose, Dachau Armabafra, de Le Golvan. Le Golvan sans Nicolas. Sans Nicolas, Le Golvan écrit un récit qui n’est pas un roman traditionnel (franchement pas) et qui donne (à moi, en tout cas) l’envie d’en lire plus. Avec Nicolas, Le Golvan joue le jeu d’un roman assumé et néanmoins très silencieux, qui en dit sans doute plus sur l’être que sur l’événement qui sert de thème – de révélateur. Et encore une fois, l’envie d’en lire plus.
http://a4.idata.over-blog.com/159x240/3/91/90/37/Blog/Dachau-a-plat.png

Commentaires

Oui, même si Le Golvan n'est pas dans la liste (des prix)...
Joli rebond à partir des "facéties" du scanner : cet outil (médicinal aussi) demeure assez mystérieux avec son rayon qui se balade.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 18/10/2012 à 10h18
Je me demande si je ne vais pas utiliser mon scanner comme secrétaire, j'aime son sens de la poésie.
Réponse de PhA le 18/10/2012 à 17h06
Lire c'est découper. Lisant l'extrait je me suis dit que Le Golvan avait plus d'un livre dans son sac, plus d'un style et d'une tonalité. À peine si je l'ai reconnu. Lire c'est découper. – Qui est Gavalda ?    
Commentaire n°2 posté par David Marsac le 18/10/2012 à 21h27
Oui - et cette diversité me parle.
(Gavalda ? Elle était à la plage suivante.)
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 18h55
BOnjour Annoques !
Qu'est-ce que c'est que cet extyrait (vive les gros doigts, voyez?)! Pour moi, il était clair que les bronzeurs couvaient des moines (ah! les gros doigts!!!) antipersonnel : va-t-en bouger ! Va-t-en prendre la route jusqu'à Dachau ou Pétaoune ! BOum.
Tu me feras la plaisir de lire au détecteur de mé&taux à l'avebnir, et de te fâcher une fois pour toute avec Marsac, érotomane du carton, et les poules seront gardées, les choses à leuirz plavced et riej ne nous fertéa& plis jammioas peur.
Bisers expezress.
LE GOlvcan
Commentaire n°3 posté par LE GOLVAN le 21/10/2012 à 11h12
Chouette, la déglangue !
Réponse de PhA le 22/10/2012 à 18h28
Proposition à MArsac: 
trouvez-vous un auteru presszé à gros doigts. POoesie gaantier!
 
Faire suivre; sto !
Commentaire n°4 posté par LE GOLVAN le 21/10/2012 à 11h15

dimanche 14 octobre 2012

Parfois le temps passe et c’est bien.



Dans une autre vie car elles sont nombreuses et peut-être innombrables je suis aussi professeur. Ce métier-là procure parfois dans l’instant de réels plaisirs – et parfois aussi longtemps après.
Hier je suis allé assister à la projection de trois courts-métrages, enfin deux courts-métrages et l’alléchant teaser d’un long, déjà réalisé, très à hauteur d’homme, une proximité vibrante qui sait ne pas tout dire, un joli sens du décalage aussi. Et voilà que l’un des deux auteurs, Cyril Guei, c’est mon petit (façon de parler, hein) Cyril de 3e3 qui déjà ne rêvait que de planches à l’époque (déjà lointaine, et comme je ne lui enseignais pas les mathématiques je ne compterai pas non plus les années) et tremblait de trac pour moi lorsque avec quelques-uns de ses amis (salut Nadir !) ils étaient gentiment venus voir leur prof en Tartuffe – que je leur faisais étudier en classe ; car à Nanterre dans ces années 90 les professeurs ne manquaient pas d’ambition – et à l’évidence les élèves non plus.
Voilà, il y a des moments comme ça dans la vie où l’on est fier alors qu’on n’y est pour rien. Mais il faut le dire quand même : tous mes vœux à Cyril Guei et à son complice Roda Show.