lundi 11 février 2013

les proportions imprononçables d’un baiser


je vais pour prononcer un mot
prononçable
et je me rends compte
qu’au lieu d’articuler, je souffle
je souffle sur leur membrane
inflammable et mobile et ça les rend
prononcés/
je n’articule rien,
je souffle sur « eternity »/sur « piliers
invisibles »
en même temps que je le prononce,
appuyée contre rien
je ne suis plus en train de prononcer,
j’embrasse
et en même temps qu’a disparu celui que
j’embrasse
je disparais aussi/j’ai disparu avec lui
je suis portée disparue/prématurément
dans un accident de prononciation/dans
les proportions imprononçables
d’un baiser
juste un gros soir sous le réverbère années
trente de la descente vers le vieux Nice
/qui absorbe les couleurs de la scène
ça nous arrive/de/revenir l’un à l’autre
absolument au même/à la même
anachronique photo noir et blanc
/sans dossard
 
Cécile Mainardi, Je suis une grande actriste, Editions de l’Attente, 2006, p. 25-27.
 
http://www.editionsdelattente.com/site/www/images/livre/couverture/49.jpg
 
(Cécile Mainardi - dont on aime aussi la - ou plutôt les - Blondeurs - rappelez-vous.)

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