mercredi 10 avril 2013

Mon jeune grand-père (7)

Le 25 août 1916. Mes chers parents.
Le 21 j’ai encore reçu la lettre de maman du 11, sa carte du 12 et une lettre de Geneviève du 12. Le 22 la lettre de maman du 13. Comme colis j’ai reçu comme petits les n°s 30.1.2.3.4.5 et comme grands le n° 3. Tout est arrivé à bon port. Comme gâteaux vous me gâtez maintenant. Cette fois-ci j’ai pu sauver 5 œufs qui n’étaient pas cassés. Hier soir nous avons fait la cuisine, nous avons (?) les pommes de terre et nous les avons fait revenir au beurre. Nous avons mangé cela avec l’omelette. Ça nous a paru rudement bon. Comme effets j’ai réfléchi à une chose : voilà les froids qui commencent, aussi je crois qu’un pyjama ou qu’un complet d’intérieur serait très pratique ; cela me permettrait d’épargner ma tenue propre (au début je n’avais pas réussi à lire "complet" mais arrivé à la ligne du dessous j’ai vu qu’un mot avait été gommé – on voit bien encore presque cent ans après les traces d’effacement – sur lequel Edmond a réécrit « permettrait » ; la gomme avait effacé la queue du p de « complet », je m’en suis rendu compte après coup), car ma vieille vareuse commence à se trouer de partout et elle sera tout juste bonne à mettre sous la capote. J’ai reçu les photos. J’ai reçu un colis de pain hier ; il était en retard, il était parti le 6, aussi était-il presque complètement moisi, c’était la même chose pour celui de Daussy, nous n’avons pu en retirer que très peu de chose. J’ai répondu à Geneviève en lui envoyant une photo. Transmettez-lui mes remerciements ainsi que mes meilleurs baisers pour elle et les petits. (Mais qui sont ces « petits » ? Tata n’a jamais eu d’enfants.) Je te remercie bien ma chère maman de tout le mal que tu te donnes en ce moment. Je t’en suis bien reconnaissant et j’ai hâte que nous soyons réunis pour te donner les baisers que tu me demandes. Comme vous pouvez le voir par les dates voilà deux jours que je n’ai pas reçu de courrier, aussi j’attends ce soir avec impatience pour avoir une bonne lettre. Il y a ici plusieurs photographes qui prennent des vues du château et du parc ; ainsi j’ai commencé une collection des vues les plus intéressantes. Je vous quitte mes chers parents en vous embrassant tous les deux de tout mon cœur et toutes mes forces. Mes meilleurs baisers aussi à toute la famille, mes amitiés à tous les amis. Votre fils qui vous aime de tout son cœur, E. Annocque. (D’« Annocque » je ne lis que le A.)

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