dimanche 14 avril 2013

un vieux c’est la mort


Toujours est-il que, à les entendre, un vieux, c’était d’abord un papi ou une mamie. Son identité, qu’ils appelaient ça. Jusque là tout va bien : des siècles et des siècles que ça contentait tout le monde aux quatre coins de la planète. Mais soudainement ça a déplu à nos sommités. Qui se sont mises à expliquer qu’un papi ou une mamie, pour un gosse, ça avait tout d’une tragédie, rapport que ça tourmentait les générations et qu’on ne devait pas laisser un gamin faire gouzi-gouzi avec un ancêtre. Que c’était de mauvaise influence et qu’on ne pouvait pas faire un grand d’un petit s’il s’attachait à des vétérans tout ridés. Que le pays avait bien à perdre à regarder le passé. En un mot comme en cent, ce qui était beau était devant, pas derrière. A la fin de l’envoi, en vérité, ce qu’ils disaient, c’est qu’un vieux c’est la mort, et que la chose ne se montre point à un mioche. Qu’il vaut mieux lui faire des menteries dès le début de la vie et jouer à cache-cache avec ce qui nous attend tous, et eux avec.
 
Marc Villemain,  Ils marchent le regard fier, éditions du Sonneur, 2013, p. 28-29.
http://www.editionsdusonneur.com/wp-content/uploads/2013/03/220_____Couv-Ils-marchent-le-regard-fier1re_103.jpg

 

Commentaires

C'est un livre que je lirai.
J'avais lu le précédent, de Marc Villemain, "Et que morts s'ensuivent".
Commentaire n°1 posté par Michèle P le 14/04/2013 à 18h53
Et il y en a eu un autre entre les deux, sur un autre ton, drôle et grinçant : le Pourceau, le diable et la putain.
Réponse de PhA le 14/04/2013 à 21h32
Ah oui c'est vrai, comme je ne l'ai pas lu j'avais oublié mais je sentais bien que quelque chose n'allait pas. J'ai eu la flemme de vérifier :)
Commentaire n°2 posté par Michèle P le 14/04/2013 à 22h49
Il vaut le coup aussi.
Réponse de PhA le 14/04/2013 à 22h56
L'extrait proposé donne l'impression d'une sorte de littérature landaise, montée sur des échasses. Il est aussi possible que je sois victime d'un effet d'optique : le hublot ferait loupe et agrandirait l'écriture du berger ? 
Commentaire n°3 posté par David Marsac le 15/04/2013 à 02h55
Un des 2 livres les plus bouleversants lus cette annee.
Commentaire n°4 posté par chris le 14/12/2013 à 04h01
Oui, et juste en poussant à peine le réel.
Réponse de PhA le 16/12/2013 à 20h59
Oh!Oui, helas et c'est bien la raison d'un si intense bouleversement: un vrai ko-chaos.
Il faut beaucoup, beaucoup de temps avant de pouvoir s'en relever pour continuer.
Au-dela du talent.
Commentaire n°5 posté par chris le 03/01/2014 à 07h47
Et il vaut mieux se relever sans sa canne-épée.
Réponse de PhA le 04/01/2014 à 19h13

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