jeudi 9 mai 2013

Mon jeune grand-père (9)

Le 4 janvier 1917. Mes chers parents.
Il y a du désordre dans les cartes. Il faudra que je les classe. J’ai dû les laisser de côté quelque temps – beaucoup moins de quatre mois cependant – mais laisser passer un peu de temps, pourquoi pas. Un peu de temps pour moi, plus de temps pour lui.
Sur cette carte-ci, l’écriture, toujours au crayon à papier pâle et taillé fin, est un peu moins serrée que sur les précédentes, mais à peine. Sans même la lire, on voit que rien n’a changé.
Voilà encore une nouvelle année loin de vous, et celle-ci dans des circonstances bien pénibles, aussi ce n’a pas été une fête pour nous. Nous nous sommes tout de même réunis pour faire un petit dîner pour ne pas changer les habitudes _ Je n’ai plus reçu de colis (ce tiret doit signifier sans doute un changement de paragraphe ainsi économisé : toute la surface de la carte est recouverte de son écriture, comme c’est le cas à chaque fois) depuis ma dernière carte, il n’y a rien d’étonnant à cela puisque j’ai reçu tous ceux partis avant l’interruption sauf toutefois le n°11 gare (gare ?) _ Comme correspondance j’ai reçu les cartes de papa des 18, 19 et 20 la lettre de Jacqueline et les lettres de Madeleine et Jean sans oublier le mot du petit Michel. Tout cela m’a fait grand plaisir et je vous charge de les remercier et de les embrasser bien fort. Je remercie Madeleine et Jean de leurs bons souhaits et je leur envoie les miens. Que cette année ne se termine pas sans qu’ils aient revu leurs chers parents. Je leur ai écrit le 30 déc et leur envoyé aussi les mêmes vœux _ Il est difficile de se procurer du cuir ici aussi soyez assez gentils pour m’envoyer afin que je puisse faire ressemeller (sic) mes deux paires de chaussures. Mes brodequins ont les semelles complètement usées et les bottines commencent à s’éculer. J’en profite pour vous rappeler que je vous ai demandé des pantoufles _  Depuis quelques jours le temps n’est pas beau, il pleut toute la journée et on ne peut pas aller se promener dans le parc. Je vous quitte mes chers parents en vous embrassant bien fort tous les deux ainsi que Geneviève et Louis Madeleine et Jean et toute la famille. _ Votre fils qui vous aime de tout son cœur. E.Annocque
Les deux dernières lignes laissent juste la place pour la signature oblique et abrégée : après les deux n ; o, c et q se confondent et le reste disparaît.

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