mardi 18 février 2014

Le 30 mars 1917. Mes chers parents.
  Je n’ai reçu ces 4 derniers (« jours » manque) que les cartes de Papa des 13 et 14 courant. En ce moment le courrier met beaucoup plus de temps à nous parvenir car il est soumis à une censure très sévère. Les colis par poste n’arrivent toujours pas, je n’ai reçu aujourd’hui seulement aujourd’hui le n° 25. Les colis gare marchent beaucoup mieux, j’ai reçu les n°s 8 et 9, 1bis, 3bis, 4b, 5b tous en bon état. C’est très bien et je vous remercie bien fort. Avant-hier j’ai revu la grande illusion sur Arte et j’ai vu les colis et dans la conversation l’étonnement que les Allemands les laissent parvenir à leurs destinataires et la réponse « sans ça ils devraient nous nourrir, ils n’ont déjà pas grand-chose pour eux » ; je ne savais plus si elle y était vraiment. Mon associé est rétabli et a repris ses fonctions culinaires hier (Daussy a fugitivement le visage de Dalio), j’en suis très heureux car je ne suis décidément pas fait pour ce genre de sport. En Kerbschnitt j’ai commencé mon 4e ouvrage, c’est une glace à main qui est dans la chambre de ma mère. Hier j’ai revu le cadre dont Edmond parlait le 26 mars, j’avais oublié qu’il encadrait un jeune moi-même et sa jeune femme, un bébé dans leurs bras ; oui Edmond, il va bien, il va au bac, au bachot cette année. Je commence à avoir attraper la main (pas mal d’hésitations décidément dans cette carte, plus que d’habitude) et à ne pas réussir trop mal. Lefebvre est bien gentil dites-lui que je le remercie, et Désiré que devient-il ? Je ne reçois toujours pas de nouvelles de l’oncle (je n’arrive pas à lire le nom. Je lis « Derniceretz ». Ce n’est sûrement pas ça. Une requête Google ne me propose rien. J’essaie « Derruceretz », après tout ce pourrait être ça, mais l’oracle reste muet.) ni de ma tante Maria. Je commence à trouver le temps long. Notre pauvre maison va sans doute être bien malmenée et nous ne retrouverons pas grande chose. Quelle triste chose tout de même ! De quelle maison s’agit-il ? J’imagine qu’il s’agit de la maison d’Arras, qui existe à peine dans mes souvenirs : surtout le couloir, l’escalier, la cour derrière la cuisine je crois. Ici le temps est toujours incertain, hier on croyait que c’était le beau temps, et aujourd’hui il pleut. Je pense toujours bien à vous mes chers parents et je vous embrasse tous les deux bien fort ainsi que Geneviève et Louis, Madeleine et Jean et toute la famille. Votre fils qui vous aime de tout son cœur
EAnnocque

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