lundi 28 septembre 2015

Mon jeune grand-père (103)



Bütow, le 25 octobre 1918.  Mes bien chers Parents. Plus d’un mois après la précédente. Ça devrait être la dernière, en toute logique temporelle. Je sais qu’il y a des lettres, mais je me suis fixé sur les cartes.
  J’ai reçu depuis lundi la lettre de Maman du 29 septembre. Et les cartes de Papa des 27 et 30. Un point c’est tout. Comme courrier, cela peut aller, mais le plus embêtant ce sont les colis qui n’arrivent pas. Ce qui me laisse quelqu’espoir c’est que la chose est générale. Il en arrive presque tous les jours, mais en très petite quantité. Heureusement que nous avons des réserves et que nous pouvons attendre. Nous pouvons attendre. Je vous expédie cette carte à Amiens La précédente en effet était encore adressée à Forges-les-Eaux., et j’espère qu’elle vous y trouvera complètement installés. Surtout ne vous fatiguez pas trop et que Papa soigne bien son estomac. L’estomac de mon arrière-grand-père survivra à celui de son fils. Mais pas plus d’un an. Je suis content de savoir que les réparations ont été faites rapidement et surtout que le ravitaillement soit bien organisé. Je comprends votre joie de pouvoir rentrer chez vous, car la vie à Forges ne devait pas être bien agréable. Je voudrais bien être quelques semaines plus vieux, pour savoir où se trouve Ma Tante Maria et comment elle a passé les mauvais moments. Ici rien de nouveau En allemand, « rien de nouveau » se dit « nichts Neues ». En 1918, il n’y a nichts Neues, à l’est comme à l’ouest, on enregistre les événements avec joie et on a de plus en plus espoir de voir finir notre exil. Le temps n’est pas trop mauvais ces jours-ci car on ne va pas s’attarder sur l’espoir si souvent déçu. Si cela continue nous aurons une belle arrière-saison. Je vous quitte mes bien chers Parents  en vous embrassant bien, bien fort tous les deux ainsi que Geneviève Louis et tte la famille Votre fils qui vs aime de tt son cœur. La place manque pour la signature.

3 commentaires:

  1. On dirait que la censure se relâche : "on enregistre les événements avec joie", on a "l'espoir de voir finir notre exil". Des informations mauvaises pour l'Allemagne doivent filtrer. Cela en dépit du "nichts Neues" (que j'aurais écrit avec un "n" minuscule, neues, mais le titre du roman fait référence). Plus que deux semaines à tenir.....

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    1. C'est vrai, je me suis aussi fait la réflexion (et j'ai eu la même hésitation sur "neues").

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  2. C'est-à-dire qu'au fond, ce n'est pas "nichts neues" mais "etwas neues"....

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