lundi 17 octobre 2016

dans la corbeille (7)

Je me demande ce qui m'empêche de vous parler de mon prochain roman, celui qui va paraître en février. Je pourrais pourtant en faire lire un extrait, ce serait quand même plus intéressant que ce qui suit, issu d'un projet qui ne verra jamais le jour.


Plutôt que d’aller rendre son ultime visite à Rayna Popoff, j’ai préféré l’inviter à la maison. Mais au moment où je prenais cette décision, les gestionnaires de ce monde m’ont avisé de son décès. Pourtant, dans les secondes qui ont suivi, Rayna m’a répondu que ça ne lui posait pas de problème et qu’elle arrivait tout de suite.
Je suis sorti de la maison pour voir si en effet elle arrivait. Elle était déjà là, sur le trottoir d’en face, qui tournait le dos à la maison, sans bouger. Je me suis approché mais il m’était impossible de lui parler. C’était comme si elle n’était pas là. Je la voyais mais je me voyais aussi et je voyais bien que je ne la voyais pas. C’est ça : je la voyais et je ne la voyais pas. Celui de moi-même qui n’était pas vraiment dans ce monde la voyait, celui qui y était vraiment ne la voyait pas.
Je l’ai photographiée, deux fois parce que sur la première photo il y avait mon doigt sur l’objectif. C’était une jolie vieille dame. Je me suis dit que ces photos d’elle feraient un souvenir. Sur les deux photos elle est de profil. Sur la première photo le sujet officiel est « voiture » parce qu’on aperçoit une voiture qui roule sur la route. Sur la deuxième photo, où on la voit bien, le sujet est « rien ».

Et puis je suis devenu grand-père encore une fois, je ne sais pas par qui. Peut-être était-ce Tasha, l’arrière-petite-fille de Rayna, qui venait seulement d’accoucher.


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