vendredi 30 septembre 2016

Les lunettes noires de Ray Banana

Ray Banana ne quitte jamais ses lunettes noires. Ça tombe bien car il doit avoir les yeux rouges. On le voit ci-dessous qui fait la couverture du mensuel (A suivre), au début des années 80 ; je dois encore avoir ce numéro rangé quelque part.
On se souviendra sûrement de Ted Benoît surtout parce qu'il avait repris la série Blake et Mortimer, et ça aussi c'est un peu triste.
Je t'embrasse, Ray.

jeudi 29 septembre 2016

dans la corbeille (3)

Donc vous avez bien compris que non seulement l'extrait ci-dessous ne sera pas dans le roman à paraître en février, mais qu'il n'y a strictement rien de commun entre ce passage et le roman annoncé : ni dans le ton, ni dans le style ni dans le sujet. En tout cas moi je n'ai rien vu.


C’est en revenant dans ma peau que j’ai remarqué quelque chose d’inhabituel : j’avais peur du noir. Ce noir n’avait pourtant rien de bien effrayant. Alors j’ai consulté mes traits de caractère et j’ai constaté que je n’étais pas seulement amical comme je le croyais jusqu’à présent, j’étais aussi lâche. Ça ne m’a pas plu, d’être lâche. Je n’avais pas prévu ça. Bien sûr, l’imprévu est prévu, et heureusement car sinon ma vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue. Mais tout de même, à quoi cette lâcheté va-t-elle bien pouvoir me servir ? Je n’ai aucun besoin d’être lâche. La lâcheté ne me sera d’aucune utilité dans le projet qui est le mien. Je ne pense pas qu’elle soit d’une grande nuisance non plus, mais tout de même, elle prend la place d’un autre trait de caractère plus nécessaire. D’autant plus que je n’ai toujours pas le sens de l’humour, qui me serait bien plus utile.  

mercredi 28 septembre 2016

dans la corbeille (2)

Tiens, encore un extrait qui n'est pas tiré du roman que vous vous arracherez en février prochain mais de celui que vous ne lirez jamais :

 J’étais assis par terre en train de regarder la télé. Yaelle Lopard, ma nouvelle baby-sitter, avait la vie tranquille. Elle aussi regardait la télé, mais elle était assise sur une chaise de la salle à manger.
Le programme tournait en boucle. Maître Lapin arrivait avec ses deux amis, ils gambadaient dans la rue à notre rencontre. Suivait un gros plan sur Maître Lapin qui nous faisait coucou sur fond de flammes. Puis la vache en colère envoyait un verre d’eau à la figure du capitaine. La vache nous saluait alors sur fond de flammes. Après il y avait une fille qui se prenait pour une ballerine devant sa maison, avant elle aussi de nous dire au revoir sur fond de flammes. Un blond revêtu d’une tunique toute en feuilles vertes traînait vaguement dans la nature, puis soufflait vers nous un pissenlit sur fond de flammes. Apparaissait alors un explorateur maléfique dans la verdure. Il avait une petite moustache fine. Sur fond de flammes il regardait dans ses jumelles et sans transition sur le même fond de flammes un homme-singe menaçant se tambourinait la poitrine, ce qui terrorisait l’explorateur maléfique. Puis tout le monde se retrouvait à danser dans la rue une chorégraphie menée par Maître Lapin sous le ciel bleu.

Ce fond de flammes n’en était peut-être pas un. On voyait surtout des formes, plutôt des cellules que des flammes, tout compte fait. Des globules rouges, peut-être.



mardi 27 septembre 2016

Pas un mot

J'adore parler mais dire quelque chose m'est vraiment difficile. Rien qu'à l'idée de dire je me referme tel une huître muette comme une carpe dont on aura, on le devine, le plus grand mal à tirer les vers du nez ; ce n'est pas avec ceux-là que vous irez à la pêche aux confidences. Je ne vous dirai rien. Je préfère vous donner comme hier quelques débris d'un roman que vous ne lirez jamais plutôt que de vous révéler ne serait-ce que le titre de celui qui paraîtra début février. Tenez-le-vous pour tu.

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lundi 26 septembre 2016

dans la corbeille

 Alors, sans quitter la peau de David, je me suis pris dans ses bras, moi le petit Angus, et je me suis emmené chez elle. Elle n’habite d’ailleurs pas si près, pour une voisine ; nous avons dû prendre le taxi.


Ça, par exemple, ça fait partie d'un roman que vous ne lirez jamais, je crois. Ou alors juste quelques petits bouts de temps en temps, ici même, parce que ça a beau être raté, on l'aime bien quand même.

dimanche 25 septembre 2016

confidence

Croyez-le ou non : depuis Pas Liev, j'ai écrit trois romans. Trois. Et d'autres trucs en plus. Vous vous demandez sûrement comment je fais. J'ai un secret en effet : tout ce que j'écris n'est pas bon.

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samedi 24 septembre 2016

J'ai des expériences à faire.

Une femme a un projet, qu'elle croit clair. Ce qui est clair, c'est qu'elle a un projet, et qu'un projet, c'est toujours autre chose que ce à quoi on finit par parvenir. Parce qu'on ne savait pas, en fait.
Ne comptez pas sur moi pour vous parler du sujet apparent.

"Quand la ligne claire a commencé de monter le pierrier à ma rencontre, je me suis levée, j'ai retrouvé la largeur naturelle de ma voie avec un sentiment de confort absolu, foudroyant, et j'ai dévalé le chemin comme ça, en volant, les pieds bien écartés.
J'y retourne demain. J'ai des expériences à faire."

Céline Minard, Le Grand Jeu, Rivages, 2016, p. 152.

Tiens, pendant que j'y suis je vous photographie la page 153.


mercredi 21 septembre 2016

samedi 17 septembre 2016

lettres superflues

Il suffit d'un rien pour ne plus reconnaître les objets les plus familiers. Que deux lettres superflues s'y déposent et voici mon étagère étrangère.


vendredi 16 septembre 2016

stratégies

Certains se promènent flous. Mais je sais bien que c'est pour nous faire croire que nos résolutions sont mauvaises.


jeudi 15 septembre 2016

La Bonne Mare

J'aime La Bonne Mare. C'est sans doute pour ça que j'y vois parfois des histoires d'amour ; rappelez-vous, c'est tout récent.
Il y avait un bout de temps que je n'y étais pas allé, à la Bonne Mare. D'ailleurs souvent quand j'y vais je ne la retrouve pas. Il faut dire qu'il n'y a plus de sentier, pour y aller. C'est aussi bien, on y est tranquille.
A une époque, j'allais souvent la photographier. En mai 2011, elle était particulièrement gracieuse.
En cherchant un peu, on doit reconnaître les arbres, les deux qui aujourd'hui sont tombés à la rencontre l'un de l'autre, dans un instant d'inadvertance.
(On peut cliquer pour agrandir.)









mardi 13 septembre 2016

vendredi 9 septembre 2016

A/OVER

Les éditions A/OVER publient des livres d'artistes (je mets un s parce qu'en général il y en a plusieurs, des artistes ; au moins deux par livre). Et moi je viens juste de recevoir FLAMANT ROSE, de Kenny Ozier-Lafontaine et Claire Morel ; et c'est beau. (Cliquez donc pour mieux voir.)





mercredi 7 septembre 2016

le même miel dans son souvenir

Je viens de terminer la lecture du dernier livre de Frédéric Fiolof, La Magie dans les villes. Non, pardon : c'est son premier livre à lui, et c'est le dernier que moi je viens de lire. Je pourrais essayer d'écrire un article dessus, pour vous expliquer combien est beau son art du décalage, comme un pas de côté dans le caniveau qui borde la réalité ; mais on pourrait me dire que c'est parce que moi-même j'ai du goût pour le décalage, que c'est pour ça que j'aime son livre comme il aime les miens, tiens donc, et que finalement tout ça n'est qu'une histoire d'amour ou d'amitié, voire de copinage. Pourtant j'avoue avoir éprouvé un instant d'appréhension avant d'ouvrir cette Magie dans les villes, car on peut aimer la personne sans forcément apprécier l’œuvre. Mais tout va bien. Et puisqu'on parle d'aimer, c'est peut-être moins l'étrangeté que l'immense tendresse qui se dégage de ce livre qui m'a retenu, dont les pages m'ont parfois évoqué Robert Walser avant même que le nom apparaisse dans le texte ; l'anonyme protagoniste de La Magie dans les villes le voit comme une sorte de compagnon, et moi je le vois un peu comme un Walser qui aurait eu le temps de vieillir, de se marier, d'avoir des enfants. Femme et enfants, ainsi qu'un ange et une fée quelque peu empêchés sont les autres personnages récurrents de ce roman qui est moins un récit qu'un portrait, fragmenté juste pour que je puisse sans lui faire mal en extraire un morceau, sans la famille celui-là, mais non sans la tendresse, lisez plutôt :

Il y a longtemps, il est tombé très amoureux d’une femme qui est tombée très amoureuse de lui. Vraiment, ils ne l’avaient pas fait exprès. Dès qu’ils se regardaient des bancs de sardines leur traversaient le corps à la vitesse de la lumière. Quand leurs doigts s’effleuraient, quelque chose les plongeait la tête la première dans un océan de neige bleue. Au moindre baiser chacun voulait aspirer l’autre tout entier, ce qui se produisait parfois et ils disparaissaient dans un ultime filet de salive. Il leur fallait s’attacher les mains dans le dos et se mordre les lèvres jusqu’au sang, seulement pour ne pas forniquer (mais ils appelaient ça autrement) dans tous ces endroits bizarres pas prévus pour. D’ailleurs, ils ont arrêté de prendre le bus et de dîner au restaurant. Ils se sont cloîtrés, ils ont maigri ensemble. Ils ont éprouvé l’incroyable brûlure de faire toujours deux plutôt qu’un. Et puis un jour la femme est repartie dans son pays. Parfois, les pays ça fait ça. Il est resté tout nu, allongé par terre, à maudire le vide, le manque. S’est frappé le front contre le plancher — il en garde encore la marque. Il s’est dit : Ah, si l’on pouvait choisir ses brûlures ! Et il s’étonne que l’absence comme la présence de cette femme fassent pourtant le même miel dans son souvenir.


Frédéric Fiolof, La Magie dans les Villes, p. 33-34, Quidam, 2016.

lundi 5 septembre 2016

libraire d'un soir

Tiens, encore une occasion de m'entendre bafouiller. C'était le 11 décembre dernier à la librairie Charybde, où je faisais le libraire d'un soir. L'orateur est confus mais les livres valent le détour : j'évoque Doucement de Gabriel Bergounioux un peu avant la deuxième minute, à 6 minutes 45 je parle de l'Ironie du sort de Didier da Silva, à 16 minutes 26 c'est Le Parfum du jour est fraise de Pascale Petit, à 22 minutes 50 La Botanique parallèle de Leo Lionni, à 31 minutes 25 les Saisons de Maurice Pons et à 39 minutes le Château de Kafka. A 43 minutes 50 c'est Marianne Loing qui parle de Pas Liev, dont je lis un court extrait vers 48 minutes et des poussières.

samedi 3 septembre 2016

Beckett écrit (3)

Suite de mes glaneries beckettiennes,

« Un vieux rentre affolé, sa femme vient de tomber, fracture du col du fémur. "Elle ne tenait déjà pas debout" dit-il, "et maintenant..." Il cherchait une voiture pour la transporter, pour ne pas avoir à payer l'ambulance. On sentait qu'il aurait voulu l'abattre d'un coup de fusil. »
(C'est ce qu'il voit près de chez lui, en Seine-et-Marne.)


« Je suis très content que vous ayez envie d'arriver rapidement à l'Innommable. Comme je vous l'ai dit, c'est à ce dernier travail que je tiens le plus, quoiqu'il m'ait mis dans de sales draps. J'essaie de m'en sortir. »
(Moi aussi, c'est à ce dernier travail que je tiens le plus, quoiqu'il m'ait mis dans de sales draps. En plus ce n'est même pas moi qui l'ai écrit.)


« Laissez-moi vous dire encore combien je suis touché par l'intérêt que vous portez à mon travail et par le mal que vous vous donnez pour le défendre. »
(Bien sûr il écrit à Lindon, son éditeur. J'en ai autant pour le mien.)


« Je pense beaucoup à ses dernières peintures, miracles d'impuissance forcenée, ruisselantes de beauté et de splendeurs comme un naufrage de phosphorescences, on est littéraire décidément pour la vie, avec d'énormes voies par où tout fuit et tout rentre, et le calme écrasé des très grands fonds. »
(C'est à propos de Bram Van Velde, que j'ai découvert grâce à lui.)


« Vivement L'Innommable, c'est tout ce qui m'intéresse un peu encore. »

« Je me suis laissé dire qu'un journaliste du Figaro Littéraire, chargé d'enquêter sur les écrivains de Seine-et-Marne, avait découvert mon adresse malgré toutes nos précautions et, sa conscience professionnelle l'emportant sur toute considération de sécurité personnelle, menace de me rendre visite. Suivez donc attentivement les faits divers dans les semaines qui viennent, il y aura peut-être deux emmerdeurs en moins dans l’Île de France. »

« Mon cher Maurice Nadeau
J'ai lu avec émotion votre article sur L'Innommable dans Les Lettres Nouvelles. Dans un moment où mon travail ne valait plus rien. A vous lire l'envie renaît d'essayer encore. Elle n'ira peut-être pas loin. Mais comprenez ce que cela signifie pour moi et la mesure de ce que vous me donnez. Le il a été devient il sera, avec moi jusqu'à la fin. Je ne peux même plus vous remercier. Je peux seulement vous envoyer mon affectueuse amitié.

Samuel Beckett »

vendredi 2 septembre 2016

Deux cannes dans le Fillon de François

Non : François Fillon n'est pas un homme ennuyeux. Il tient même parfois des discours passionnants, à tomber raide. Par exemple récemment à Sablé-sur-Sarthe, où il a déclaré que le but de la colonisation française était de faire partager sa culture. Si si, cliquez donc, c'est là.


Je ne sais pas trop de quelle culture il voulait parler. Moi, quand on me parle de culture et de colonisation, j'ai tendance à penser à la canne à sucre ; un truc de famille. Et d'un coup, avec ma manie de jouer avec les lettres, Fillon, je ne peux plus m'empêcher de le voir comme un fion avec deux belles cannes bien enfoncées au milieu.

jeudi 1 septembre 2016

Lettre éthylique

Mais non : les femmes russes ne sont pas nécessairement des femmes rousses qui ne boivent pas d’o.